Aller au contenu principal

La méthanisation agricole pour répondre aux enjeux de la transition énergétique.

Dans un contexte de crise énergétique plus que jamais d’actualité, la méthanisation agricole devient un enjeu majeur notamment sur le territoire normand.

La consommation de cultures dédiées à la méthanisation, notamment ensilage de maïs, est limitée règlementairement à 15% du tonnage entrant dans un méthaniseur.
La consommation de cultures dédiées à la méthanisation, notamment ensilage de maïs, est limitée règlementairement à 15% du tonnage entrant dans un méthaniseur.
© DR.

Plus de 150 méthaniseurs sont actuellement en fonctionnement en Normandie, dont les 3/4 sont agricoles. Début 2022, ces méthaniseurs produisaient l’équivalent de la consommation électrique de 75 000 foyers et de la consommation en gaz de 90 000 foyers. Ces chiffres sont loin d’être négligeables, surtout dans le contexte énergétique actuel. La méthanisation participe à produire une énergie renouvelable, locale, tout en valorisant les effluents d’élevage, les déchets et co-produits organiques, les intercultures, en réduisant les émissions de gaz à effet de serre par rapport aux systèmes sans méthanisation. Outre une énergie renouvelable, la méthanisation produit un fertilisant organique, le digestat, aux propriétés intéressantes en termes de valeur amendante et de fertilisation azotée. Il se présente comme une alternative pour réduire le recours aux engrais minéraux.

 

UN DEVELOPPEMENT FRAGILISE

Aujourd’hui plus d’une centaine de projets sont recensés à l’échelle régionale, témoignant de l’intérêt de la profession agricole pour cette production d’énergie. Néanmoins, malgré le contexte porteur pour le développement des énergies renouvelables sur nos territoires, les projets de méthanisation rencontrent de plus en plus de difficultés à se concrétiser. La complexité des démarches administratives, le recul des aides publiques (tarifs de rachat de l’énergie et subventions à l’investissement) et le contexte inflationniste ralentissent et fragilisent grandement les projets. A cela s’ajoutent les difficultés d’acceptabilité par les riverains. Il faut ainsi plusieurs années pour qu’un projet voit le jour.

 

CULTURES DEDIEES, UNE INCORPORATION A RELATIVISER

La consommation de cultures dédiées à la méthanisation, notamment ensilage de maïs, est limitée règlementairement à 15 % du tonnage entrant dans un méthaniseur. D’après les données de l’Observatoire national des Ressources en Biomasse de FranceAgriMer publiées en août 2022, les cultures principales dédiées représenteraient 5,5 % de la ration des méthaniseurs français en fonctionnement et en projet, loin donc de la limite de 15 %.

La future obligation des sites de méthanisation d’être certifiés pour que leurs acheteurs d’électricité ou de gaz puissent négocier des plus-values sur le marché européen de l’énergie (et en rétribuer les exploitants) rassurera ceux qui s’interrogent sur le respect de cette limite. La Directive européenne REDII impose de prouver le respect de la limite des 15 % par un audit annuel indépendant, en plus d’autres règles comme la réduction des émissions de gaz à effet de serre.

A l’échelle normande, d’après FranceAgriMer, la méthanisation aurait consommé 2 % du tonnage de maïs fourrage disponible en Normandie en 2020. Pour cette année, marchés mondiaux et sècheresse font monter les cours du maïs fourrage. Pour Mathieu Poirier, conseiller énergie à la chambre d’agriculture, les méthaniseurs tout comme les éleveurs subissent la hausse des matières premières et des prix de l’électricité (car il en faut pour alimenter le process). L’indexation des tarifs de rachat de gaz ne permet pas de rentabiliser des achats de maïs au-delà des prix du marché, le marché du maïs grain atteignant actuellement des niveaux historiquement élevés.

 

METHANISATION ET ELEVAGE, SYNERGIES PLUTOT QUE CONCURRENCE

Méthanisation et élevage sont parfois opposés et mis en concurrence. Pour Pierre Le Baillif, éleveur laitier et méthaniseur avec son frère dans l’Eure : « il ne faut pas opposer méthanisation et élevage. Des collaborations existent sur le terrain. Il m’arrive de valoriser le fourrage de mauvaise qualité d’un voisin. L’année dernière, nous avons valorisé les pulpes de betterave en excédent alors que la bonne récolte de maïs a permis aux éleveurs de s’en passer pour partie. Dans certains cas, des méthaniseurs fournissent du fourrage à d’autres éleveurs dans les années critiques. On pourrait aussi valoriser ponctuellement les effluents de voisins agriculteurs, mais la réglementation ne le permet pas sur les unités individuelles ou au prix de lourds efforts administratifs et techniques ».

Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout l'Eure Agricole.

Les plus lus

Céline Lefevres entourée de son ancien et nouveau président. "La qualité du binôme président-directrice est fondamentale pour faire grandir l'entreprise en toute sérénité", insistent de concert Patrick Pottier et Gilles Lancelin.
AS 27 : Patrick Pottier passe le flambeau à Gilles Lancelin.
En cette année olympique, Patrick Pottier, président d'AS 27 (Accompagnement Stratégie Eure) depuis 2013, a passé le 11 …
De g. à d. : Céline Collet, Gaëlle Guyomard, Jean-François Chauveau, Gilles Picard, Guillaume Burel, Denis Letellier, Vincent Leborgne sont prêts à accueillir tout le monde le 16 mai à Beuzevillette.
L'édition MécaLive Ouest 2024 le 16 mai à Beuzevillette.
Un programme riche et varié d'ateliers attend les visiteurs tandis que plus de 80 exposants, 70 marques de matériels et des…
Des évolutions sur la fiscalité du foncier sont attendues.
Fiscalité et agrivoltaïsme au menu des propriétaires ruraux.
La fiscalité du foncier agricole et le cadre de développement de l'agrivoltaïque étaient à l'ordre du jour de la section…
Participez au programme Giverni.

Les bovins sont capables d'acquérir une résistance aux strongles de l'intestin et de la caillette. Peut-on mettre en évidence…

Plus de 3 000 cactus poussent sur l'exploitation de Jessy Charetiers.
La Normandie devient une terre à cactus 
Jessy Charetiers, jardinier-paysagiste indépendant installé à Courbépine (Eure), cultive plus de 3 000 cactus 100…
La charte a été officiellement signée le 16 avril lors d'un point agricole avec Simon Babre, préfet de l'Eure.
Charte de déontologie des contrôles.
Les agriculteurs ne sont pas des délinquants en puissance, mais ce ressenti est une pression qui pèse sur leurs épaules : comment…
Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 175€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site l'Eure Agricole
Consultez le journal l'Eure Agricole au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters du journal de l'Eure Agricole