Aller au contenu principal

L'agriculture française pendant les JO de 1924.

A l'occasion des JO qui se déroulent en France, nous avons voulu nous replonger dans l'agriculture des années 1920, en particulier de celle de l'année 1924, date des deuxièmes Jeux Olympiques qui se sont déroulés à Paris, après ceux de 1900.

Depuis 1913, la culture du blé en France a « diminué de plus d'un million d'hectares : 6 500 000 hectares à cette date, 5 400 000 aujourd'hui ".
Depuis 1913, la culture du blé en France a « diminué de plus d'un million d'hectares : 6 500 000 hectares à cette date, 5 400 000 aujourd'hui ".
© © iStock-ilbusca

DSur le plan politique, la France de 1924 traverse une crise institutionnelle. Les élections législatives des 11 mai et 25 mai voient le Bloc national s'effondrer. C'est sous ce nom qu'avaient été élus, en mai 1919, 412 députés du centre et de la droite (sur 613 sièges) notamment conduits par Georges Clemenceau. Cinq ans plus tard, la droite parlementaire s'effondre, l'opinion ne lui pardonne pas sa politique de rigueur budgétaire. Le Cartel des Gauches, qui réunit la Section française de l'Internationale ouvrière (SFIO - ancêtre du Parti socialiste) et les radicaux de gauche emporte la majorité (327) des 581 sièges. Le 11 juin, le président de la République, Alexandre Millerand qui avait soutenu la droite modérée est contraint à la démission. C'est Gaston Doumergue, président du Sénat, qui lui succède. Édouard Herriot est nommé président du Conseil et appelle Henri Queuille pour s'occuper du ministère de l'Agriculture. À cette date, la France est encore agricole et rurale. Ce n'est que vers les années 1931-1932 que la population urbaine deviendra majoritaire. Seule une vingtaine environ dépasse 100 000 habitants, dont Paris qui compte alors presque 3 millions d'habitants*.

Déficit de blé en Europe

Fin juin-début juillet 1924, une grande question agite le monde agricole : " Quelle va être notre politique du blé ? ", interroge le bimensuel l'Agriculture nouvelle (lire encadré), sous la plume d'André Courtin, vice-président de l'Union centrale des syndicats des agriculteurs de France. En cause, les coefficients multiplicateurs sur les droits des matières premières qui doivent être ou bien reconduits ou bien supprimés le 1er août 1924 mais aussi la baisse des surfaces. Depuis 1913, la culture du blé en France a " diminué de plus d'un million d'hectares : 6 500 000 hectares à cette date, 5 400 000 aujourd'hui. (...) En 1923, 5 500 000 ha avaient été ensemencés en blés. Depuis 1923, la progression, non seulement s'est arrêtée, mais est devenue négative. 100 000 ha de moins, c'est une diminution de 1 500 000 quintaux au bas mot dans notre récolte. C'est plus de 100 millions (de francs, ndlr) que nous serons obligés de débourser en supplément pour notre nourriture ". Surtout que dans le même temps, nos concurrents font rage : le Canada a augmenté ses " emblavures de 50 %, doublant son étendue et sa production ", les États-Unis ont eux aussi augmenté leurs surfaces de 15 % ... " Tel est le bilan de la culture mondiale du blé : déficit en Europe, excédent en Amérique, tout prêt à nous envahir ". Une question d'autonomie et de souveraineté agricole et alimentaire en quelque sorte : " La France s'éloignera de plus en plus de ce but qu'elle touchait du doigt, si nécessaire à sa prospérité et à sa sécurité : produire tout le pain que réclame sa population ", souligne André Courtin.

Pas assez de pommes de terre 

Dans un autre article publié dans le numéro 1421 du 28 juin, l'ingénieur agricole Abel Beckerich lance un cri d'alarme : " Pour maintenir l'équilibre de nos cultures, faisons appel à la main-d'œuvre étrangère ". Déjà en 1924, ce sont près 80 000 ouvriers étrangers qui traversent les frontières pour aider aux travaux agricoles (environ 4 500 travailleurs étrangers détachés en moyenne depuis 2022, ndlr**). Ils sont Belges, Polonais, Tchécoslovaques, Italiens, Suisses, Hollandais, Espagnols, Portugais les cultures céréalières, les élevages et " pour fournir des artisans agricoles (maréchaux, forgerons et tonneliers) ", précise l'auteur. En 1923, ce sont 67 288 ouvriers agricoles étrangers (dont 25 797 Polonais et 22 162 Espagnols) et 9 783 ouvriers forestiers (dont 5 084 Italiens et 3 489 Portugais) qui sont venus en France pour y travailler occasionnellement. Suivent d'autres articles sur les élevages combinés de chevaux et de bovidés au Haras du Perray dans la commune des Bréviaires (actuellement Yvelines), sur les grandes manifestations agricoles (foires, comices, concours...). D'autres nous rappellent les vicissitudes actuelles : Que faire devant une vigne grêlée ? " Dernièrement le Bordelais a été gravement atteint " rapporte le journaliste Paul Thiéry qui suggère : " Ne pouvant empêcher la grêle, assurons-nous contre elle ". Autre constat amer : " nous ne produisons pas assez de pommes de terre " en France, regrette les participants au Congrès de la pomme de terre qui s'est tenu à Limoges. Le sentiment d'inquiétude vise aussi les viticulteurs français qui sont victimes de la politique de prohibition qui touche les États-Unis. En effet, depuis 1920 (et jusqu'en 1933) un amendement à la Constitution des États-Unis interdit la fabrication, le transport, la vente, l'importation et l'exportation de boissons alcoolisées***. Pour " organiser rationnellement " et compenser le manque à gagner américain, Bertrand de Mun, secrétaire général de la Commission d'exportation des vins de France, a l'idée de valoriser la production viticole à travers un " Film des grands vins de France ", qui présente ses vignobles (Touraine, Anjou, Champagne, Rhône, Alsace, Bourgogne, Bordelais... et tous les paysages qui les accompagnent. Il faut alors que le vin de France se montre " partout. Il est inégalable et inégalé ", s'enflamme le journaliste Anselme Laurence.

Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout l'Eure Agricole.

Les plus lus

Taille des haies : les agriculteurs de l’Eure obtiennent une dérogation départementale

Les représentants de la FNSEA 27 et des Jeunes Agriculteurs de l’Eure ont adressé une demande au préfet afin d’obtenir une…

Alexandre Rassaërt, président du Conseil départemental, lors de la Session plénière du vendredi 14 mars.
Dans l'Eure, les frais de notaire n'augmenteront pas en 2025.
Le Conseil départemental de l'Eure a voté vendredi dernier son budget 2025. Un budget marqué par une augmentation des dépenses…
Benjamin Benard (Néolait) et Stéphane Michel (SCS Hoste) au Gaec du lieu Mathieu à St-Philibert-des-Champs (14) : un service ++ et une collaboration efficace au service de la protection des cultures.
Grâce au PAT 04-12 : haro aux sangliers dans les maïs.
Ne vous contentez plus de sortir le cochon du maïs, empêchez-le de rentrer. Pour la première année en Normandie, l'entreprise SCS…
Cette décision du ministre va mettre à l'arrêt pour 10 à 15 mois les projets de 100 à 500 kWc. 
Diminution des soutiens au photovoltaïque sur toitures : la FNSEA dit non !
Il s'est installé deux fois plus de panneaux que prévu sur les toits en 2024 ! Victime de son succès, le tarif de rachat…
80 ans au service de l’information agricole.

Jeudi dernier, sous la baguette de Régis Chopin (gérant et directeur de la publication depuis 2023) l’Eure Agricole et Rurale…

Pierre et Isabelle Lerouge ont installé un robot de traite double box "Gemini Up", de la marque Boumatic, il y a trois mois. Il leur permet de traire leurs 80 vaches.
Gemini Up trait pour les Lerouge
Mercredi 12 mars, Technitraite Froid, concessionnaire de matériel agricole et d'élevage en Normandie, a organisé une journée…
Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 185€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site l'Eure Agricole
Consultez le journal l'Eure Agricole au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters du journal de l'Eure Agricole