Les atouts méconnus du cochon.
L’Institut français du porc organisait, le 13 septembre sur le Space, une conférence intitulée « Tout ce qui est bon dans le cochon ». Quand la filière porcine fait preuve de pédagogie pour montrer tout ce que l’élevage porcin apporte à la société…
Il faut en moyenne 2,3 kg de protéines végétales pour produire un kilo de porc conventionnel mais celui-ci « valorise plus que ce qu’il consomme », assure Laurent Alibert, ingénieur d’études à l’Institut français du porc (Ifip). « Il bénéfice d’une efficience protéique nette (EPN) de 1,2 », explique-t-il. C’est d’ailleurs la deuxième filière la plus efficiente après les bovins lait (EPN 1,3), même s’il existe une forte variabilité en fonction du type d’élevage « Les plus performants sont ceux qui utilisent des rations riches en maïs et en coproduits de céréales et de pois. » Omnivore, le cochon peut ingurgiter presque tout et n’importe quoi. Sans redécouvrir les vertus du fameux seau à cochon qui contenait les reliefs des repas de la ferme, l’Ifip souligne que le porc peut être un acteur de la valorisation de nombreux coproduits. Ceux-ci peuvent être issus de la transformation des grains (tourteaux), des agrocarburants (drêches, pulpes) mais aussi des produits liquides issus de l’amidonnerie. Le porc peut aussi s’alimenter des résidus ou des produits déclassés de l’industrie laitière et invendables en l’état : lactosérum, crème dessert, glace. Les biscuits avec défaut, les pâtes à pain et à biscuit, les coproduits issus de la transformation des fruits et légumes, les levures de bière, et les vinasses fournissent aux porcs des compléments
LES COPRODUITS
Mais le porc ne peut pas recycler tous les produits. « Il existe d’importants freins réglementaires », annonce Laurent Alibert. En effet, il faut bien parler de coproduits car ils sont revalorisés dans le but de fabriquer un autre produit à partir de ces résidus. Quant aux déchets, ils sont, quant à eux, destinés à être jetés. Les porcs ne peuvent pas non plus, en théorie, ingurgiter des coproduits contenant des produits carnés*. « Mais des ambiguités demeurent pour certains produits à l’image des ovoproduits ou encore des produits contenant des additifs…) », précise l’ingénieur d’études. Autre frein possible à la valorisation des coproduits : le montant des investissements à réaliser pour les exploitants qui doivent bien séparer tel ou tel coproduit et les conserver dans des conditions optimales.
Le porc produit lui-même des coproduits qui peuvent être valorisés dans la médecine (lire encadré) et aussi dans l’agriculture et ses nouvelles filières. Ainsi l’épandage de fumier et de lisier s’inscrit parfaitement dans les objectifs de baisse de 20 % de l’usage des engrais chimiques d’ici 2030 comme le préconise le Green Deal (2019)**. Surtout, ces déjections ont une réelle valeur économique : de 5 € à 20 € le mètre cube, en fonction de nombreux critères : équivalence engrais d’azote et de potasse, taux de dilution des lisiers etc. « En comparaison, le coût d’épandage se situe entre 3 et 5 €/m3 », estime Laurent Alibert. De même, de nombreux producteurs ont-ils développé en parallèle de leurs ateliers des productions agrovoltaïques et de méthanisation, constate Pascal Levasseur, ingénieur de recherche à l’Ifip.
(*) Depuis le 7 septembre 2021, l’Anses a autorisé les protéines animales transformées (PAT) de porcs dans l’alimentation des volailles, les PAT de volailles dans l’alimentation des porcs; les PAT d’insectes sont, quant à elles, autorisées dans l’alimentation des porcs et des volailles.
(**) L’ensemble des déjections animales représente en France 120 millions de tonnes brutes soit 24,2 Mt de matière sèche (19,4 Mt de matière organique).