Maraîchage bio : composer avec les adventices.
L’ouvrage de l’ITAB « Produire des légumes biologiques, composer avec les adventices » est disponible depuis le 15 décembre sur le site de l’ITAB.
2e rangée : datura, repousses de graminées dans des fraises sur paillage, morelle, mouron.
Le maraîchage bio a connu une progression de 20 %des surfaces en 2020. C’est un secteur qui a besoin d’une grande technicité et la recherche s’est accélérée en légumes bio depuis 2017. Les enjeux sont nombreux, parmi lesquels la gestion de l’enherbement. C’est l’un des sujets abordés lors d’une conférence organisée à distance le 4 décembre par le CTIFL en partenariat avec l’ITAB. « En légumes biologiques, il faut composer avec les adventices plutôt que de lutter dans un but de destruction totale » a rappelé Mathieu Conseil de l’ITAB.
Outre leurs effets néfastes pour la culture en place (concurrence pour l’eau, la nourriture et l’espace, augmentation du temps de travail, dégradation de la qualité de la récolte, toxicité…) à minimiser le plus possible, certaines offrent des bénéfices aux agriculteurs : elles ont un rôle de biodiversité fonctionnelle et des espèces peuvent même améliorer la fertilité (système racinaire puissant, adventices légumineuses). Chaque adventice est spécifique d’un type de sol. Les reconnaître fait donc partie des clés de réussite de la gestion de l’enherbement. « Engénéral, une flore adventice diversifiée et variée sur une parcelle est plus facile à gérer qu’une flore très spécifique qui indique souvent un déséquilibre du sol ».
AVOIR UNE TRÈS BONNE CONNAISSANCE DES ADVENTICES
Le futur règlement RUE 848-2018 qui sera mis en application en 2022 précise un certain nombre d’éléments sur les méthodes utilisables en AB pour gérer l’enherbement. Ces méthodes s’appuient sur des choix d’espèces et variétés qui couvrent rapidement le sol, sur des rotations longues et diversifiées, sur le travail du sol. La nouveauté est l’autorisation d’utiliser la bio fumigation. Ce règlement précise aussi que les procédés thermiques tels que la solarisation et le traitement superficiel des sols à la vapeur (pour les cultures sous abris et jusqu’à une profondeur maxi de 10cm) seront autorisés.
Mathieu Conseil précise que c’est une association des différents moyens de lutte qui maintiendra un niveau d’adventices non nuisible pour les cultures.
PRAIRIES TEMPORAIRES PÂTURÉES
Une fois que l’agriculteur connaît bien ses adventices, il y a un certain nombre d’éléments sur lesquels il peut jouer : en tout premier lieu faire attention aux apports de semences venant de l’extérieur (compost mal fait) et au réensemencement à cause des abords de culture ou de fins de culture mal gérées. Certaines pratiques culturales sont inadaptées et favorisent fortement le réensemencement des parcelles : les fins de cultures sont souvent problématiques en particulier en maraîchage car c’est une période où il y a beaucoup de choses à faire : récolte et mises en marché…
Les rotations et l’alternance des pratiques culturales sont la base agronomique de l’AB. Pour le responsable pôle maraîchage, les prairies temporaires et les couverts végétaux sont des outils très intéressants qui ne sont pas assez utilisés.« Quand c’est possible, des prairies temporaires fauchées, voire pâturées, permettent de réduire la pression des adventices. Les ovins en particulier permettent de faire un bon nettoyage dans les parcelles ».
Bien sûr, le travail du sol est important mais attention aux outils utilisés : si les passages répétés d’outils à dents sont très efficaces, les outils rotatifs ou à disques divisent les plantes pérennes et facilitent leur dissémination.
FAUX SEMIS TRÈS EFFICACE
« Les techniques les plus efficaces en systèmes maraîchers sont les faux semis et l’occultation qui permettent de réduire la pression en amont des cultures. Pendant la culture, c’est plutôt le paillage. Un faux semis réduit de l’ordre de 40 % la pression des adventices, un second permet d’atteindre 55 % et un troisième 70 à 75 %. Au-delà on arrive à un palier ». En système maraîcher sur sol vivant l’occultation se développe. En période hivernale c’est une pratique très efficace pour baisser la pression pour les cultures de printemps suivantes. « La principale question à se poser est de savoir à partir de quand il est plus intéressant de détruire la culture plutôt que d’y investir du temps en termes de désherbage. C’est à chaque agriculteur de définir ce seuil ».