Prairiales : à Cordey, les moyens pour contrer le stress thermique.
Depuis plusieurs années, la Normandie subit des pics de chaleur en été. En cinquante ans, la région a gagné 1,6 degré en moyenne annuelle. Eleveuse laitière à Cordey, dans le Calvados, Anne-Marie Lebreton a engagé des moyens pour améliorer le confort de ses vaches et éviter les baisses de production.
Depuis deux ans, Anne-Marie Lebreton s'inquiète des pics de chaleur qui commencent dès la fin du printemps. Ses vaches, installées en bâtiment avec robot et accès au pâturage, souffrent. En 2019, elle se souvient « des rivières de bave devant les logettes ». Les vaches ne sortent pas, sont apathiques et halètent sans arrêt.
Côté production, l'éleveuse de Cordey, près de Falaise, dans le Calvados, déplore une baisse sur plusieurs jours même après la fin du pic, « la production chute brutalement et reprend difficilement après », confirme Etienne Doligez, directeur technique adjoint à Littoral Normand. Les gestations sont aussi menacées.
Chaleur et humidité
En 2019, elle fait appel à Littoral Normand qui lui conseille l'application Thermotool. « Je m'aide d'abord avec cet outil qui m'alerte en cas d'annonce de stress thermique », retrace Anne-Marie Lebreton. « On s'aperçoit qu'on a des pics très hauts et parfois très précoces dans la saison, avec des écarts de température importants », ajoute Etienne Doligez. L'application calcule l'indice température/humidité pour les vaches laitières. La chaleur n'est pas la seule responsable de l'inconfort des animaux, « c'est l'addition de chaleur et d'humidité, élevée en Normandie, qui provoque le stress thermique », précise le directeur adjoint.
Prévenir les pics
« Je me rends compte que le plus important, c'est d'anticiper le stress thermique », affirme Anne-Marie Lebreton. « J'incorpore le complément alimentaire Thermo'San dans la ration, 48 heures avant le pic ». En fonction de l'intensité prévue, elle ajoute entre 50 et 200 g/vache/jour de ce composé de sel, minéraux, sels d'acides organiques et d'extrait de plantes. Elle complète la ration avec de l'eau : « ça leur permet de boire d'une autre façon et de rendre la ration plus appétente, car elle se dessèche avec la chaleur », elle y intègre entre 3 et 8 litres par jour. Elle observe aussi les graphiques du logiciel Farmlife, relié au collier des vaches. « Quand elles halètent, enseigne Etienne Doligez, elles font le même mouvement que quand elles ruminent de façon plus amplifiée », ce qui lui donne une indication sur l'état de chaque animal. Il prévient, « si on ne fait rien, les vaches ont tendance à moins manger », ce qui fait baisser la production.
De l'air et du frais
Après une année 2019 particulièrement difficile, Anne-Marie Lebreton était prête pour affronter 2020. « Les pics ont été moins intenses, mais plus longs », retrace l'éleveuse : 29 jours de stress thermique, contre 32 en 2019. Elle a ajouté des brumisateurs dans la stabulation, « on a brumisé trop longtemps au début, avant de se rendre compte qu'il faut les programmer sur des périodes courtes, plusieurs fois par jour ». Elle a aussi enlevé du bardage pour mieux ventiler le bâtiment, assez large en raison d'agrandissements successifs. « J'ai l'idée d'installer des filets réglables pour améliorer l'aération. »