Territoires en déprise, friches... quelles solutions ?
Réunis le 13 novembre les présidents de la Section Nationale des Propriétaires Ruraux de la FNSEA se sont tout particulièrement intéressés aux nouvelles pistes de valorisation foncière des friches face au recul de la demande de foncier agricole.
La déprise agricole et l'augmentation des friches ne doivent pas être une fatalité. Plusieurs intervenants invités à l'initiative de la SNPR, ont lancé des initiatives pour redonner une utilité aux terres abandonnées. Le recul de la demande agricole incite les collectivités locales, les propriétaires fonciers et les organismes de gestion à explorer de nouveaux modèles écologiques, économiques et sociaux pour revitaliser ces espaces ruraux. Retour sur ces possibilités.
Cartographier les friches : un outil stratégique pour une gestion optimale du foncier
La Safer d'Occitanie, en partenariat avec le CNES, utilise des outils d'intelligence artificielle pour cartographier les friches agricoles, offrant ainsi aux collectivités une vision exhaustive des terrains délaissés. Nicolas Agresti de la FNSafer, cite l'exemple de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur " environ 31 000 hectares de terres agricoles potentiellement exploitables ont été identifiés grâce à une collaboration avec les communes et les Établissements Publics de Coopération Intercommunale (EPCI). Grâce à cette cartographie, la Safer et le Fonds Européen Agricole pour le Développement Rural (Feader) aident les collectivités à redonner vie à ces terres. Cette démarche contribue non seulement à réduire les friches, mais aussi à protéger les espaces boisés et à créer des coupures agricoles, permettant une gestion plus efficace et durable des territoires. Une mise en place à l'échelle nationale ou une extension à d'autres régions françaises devrait favoriser une meilleure gestion de ces friches ".
Boisement et biodiversité : des solutions durables pour le foncier rural
Le boisement des terres en friche se présente comme une alternative durable dans certaines régions. Le Centre National de la Propriété Forestière (CNPF) accompagne les propriétaires dans la transformation de ces friches en zones forestières, en offrant un soutien technique adapté. Comme le rappelle Sylvain Pillon du CNPF " ce type de projet s'inscrit sur le long terme, nécessitant un entretien des parcelles pendant 10 à 15 ans avant une première récolte de bois, généralement prévue entre 15 et 20 ans après la plantation ".
Toutefois, ces projets sont encadrés par des régulations spécifiques : toute plantation excédant 0,5 hectare nécessite l'autorisation de la Dreal, et des études d'impact peuvent être exigées, notamment pour les prairies permanentes, les zones humides ou les parcelles proches d'habitats naturels sensibles. Certains critères rendent le projet de boisement encore plus pertinent, par exemple lorsque les terrains ont été anciennement cultivés, se situent en limite de zones boisées de plus de 4 hectares, ou se trouvent dans des zones naturelles d'intérêt écologique, floristique et faunistique (Znieff) en milieu boisé.
Les projets de boisement peuvent également bénéficier du Label Bas Carbone, sous certaines conditions, notamment pour des parcelles de plus de 0,5 hectare non boisés depuis au moins 10 ans. Ce label permet aux entreprises de compenser leurs émissions de CO2 et de soutenir financièrement les propriétaires (entre 40 % et 70 % des coûts du projet). Ce type de projet permet d'augmenter la valeur de la parcelle à long terme, et d'accéder aux dispositifs fiscaux forestiers, qui ouvrent droit à des réductions et crédits d'impôt.
Chasse et biodiversité : des territoires dédiés à la faune sauvage
Le Label européen Territoire de Faune Sauvage, initié par l'European Landowners' Organization (ELO), incite les propriétaires à transformer leurs friches en espaces dédiés à la biodiversité et à la chasse. Ce label, qui couvre environ 75 territoires en France de 10 à 20 000 hectares, reconnaît officiellement la gestion écologique des propriétaires tout en favorisant la biodiversité et l'accueil de la faune. L'objectif selon Alexandre Chavey, de la Fondation François Sommer, est " d'appréhender les terres sous un angle écologique en promouvant une gestion multifonctionnelle, prenant en compte la diversité des habitats et des espèces, avec des retombées économiques, environnementales et sociales. Ces terres profitent aux chasseurs tout en contribuant à la préservation de la biodiversité ".
De nouvelles voies semblent s'offrir aux propriétaires pour transformer les terres en friche en actifs écologiques. Investir dans des solutions de valorisation alternatives afin de répondre aux enjeux sociétaux actuels.