AOP camembert : le projet de grande aire AOP liquidé.
A Caen, mardi 3 mars, après des négociations qui auront duré plus de deux ans, l’ODG Camembert vote finalement contre le nouveau cahier des charges et abandonne
le projet de grande aire du camembert normand. Les producteurs veulent désormais obtenir l’interdiction effective du camembert « fabriqué en Normandie ».
« Je pense qu’on rate quelque chose », résume Patrick Mercier, président de l’organisme de défense et de gestion (ODG) Camembert de Normandie à la sortie de l’assemblée générale mardi 3 mars à Caen. Comme le 29 janvier, le cahier des charges a été rejeté (53% pour, 47 % contre. 55 % des voix étaient requises). Dans la foulée, l’abandon du projet de grande aire AOP camembert est acté à 97 % des voix. Le projet d’extension de l’aire, pour lequel les producteurs ont été sollicités,« tombe avec le projet ». « Chacun a ses raisons, indique, amer, Patrick Mercier, et chacun a davantage regardé ce qui n’allait pas pour lui que ce que ça apportait ». Le président, « très déçu » regrette : « la race normande devait se trouver renforcée dans son berceau, il n’y aura pas cet essor ». Le président est inquiet pour l’AOP. Sur les 96 000 tonnes de camembert produits, seuls 6 000 le sont en AOP*. « Nous sommes très fragiles et devons nous inquiéter de notre petite taille ». Les industriels membres de l’ODG (Lactalis, Réo, Gillot, la coopérative Isigny-Sainte-Mère et la fromagerie du Val-de-Saire), ont majoritairement voté contre le cahier des charges. Emilie Fléchard, de la fromagerie Gillot, émue, se dit « désemparée »après le vote. « On a beaucoup travaillé et on a essayé de trouver des solutions tous ensemble ». Egalement « déçue », elle estime que le cahier des charges présenté « n’était pas un projet de filière. Des fabricants et une partie de notre production au lait cru en étaient exclus, parce que non moulé à la louche ». Elle souhaite « poursuivre le travail, mais avec une autre solution que la grande aire AOP » et milite pour une labellisation du lait.
FIN DU DIALOGUE ?
De leur côté, les producteurs appellent « les services de l’Etat à mettre en oeuvre la loi, non appliquée depuis 25 ans » et d’interdire la mention « fabriqué en Normandie », affirme Patrick Mercier. Il annonce la multiplication d’actions et de communiqués dans ce sens pour sensibiliser le consommateur et envisage que des actions en justice puissent être menées « contre ceux qui fabriquent et aussi ceux qui vendent, à titre de recel ». Pour Jocelyn Pesqueux, vice-président du Criel, le dialogue pourrait ne reprendre qu’après.