Au Space, le ministre interpellé par la profession.
La 33e édition du Space s’est ouverte le 10 septembre, sur le thème de l’adaptation au changement climatique, sujet qui a poussé la profession à demander des comptes au ministre.
Accords de libre-échange, mais aussi distances minimales d’épandage étaient les questions évoquées lors du Space, alors que les efforts réalisés par le milieu agricole en matière d’environnement ces dernières années sont importants. Avec un thème porteur d’avenir, l’adaptation au changement climatique, le Salon des pro- ductions animales (Space) qui s’est ouvert à Rennes le 10 septembre, entendait « mettre en valeur la capacité du monde agricole à innover », rappelle Marcel Denieul, éle- veur laitier et président de l’évènement. Cependant, en dépit des efforts réalisés par la profession depuis de nom- breuses années pour limiter et réduire les émissions de gaz à effet de serre - l’empreinte carbone d’un litre de lait a ainsi baissé de 10 % en 10 ans, le monde agricole reste montré du doigt comme l’un des principaux responsables du changement climatique.
« Il faut aborder le fait que l’agriculture est une partie de la solution », a renchérit le ministre de l’Agriculture, qui a arpenté les allées du salon lors de la première journée, saluant la dynamique de transition écologique qu’il a constaté chez l’ensemble des acteurs. « Je ne souhaite pas que l’on continue cette opposition entre citoyen et agriculture, je ne veux pas qu’un jour il y ait un drame. Le travail qui a été fait sur l’environnement ici est énorme », a poursuivi Didier Guillaume.
Sur le sujet des ZNT, au cœur de l’actualité, il a confirmé vouloir se baser sur la science, saluant également les chartes riverains. Il a par ailleurs ré- affirmé l’importance de la recherche pour permettre à l’agriculture d’être plus rési- liente, une agriculture qui sera également plus résiliente « si elle est irriguée », a ajouté le ministre.
MOBILISATION CONTRE LES ACCORDS DE LIBRE- ÉCHANGE
La visite du ministre a aussi été l’occasion, pour la FNSEA, de rappeler son opposition aux accords de libre-échange, notamment le Ceta, les agri- culteurs l’ayant accueilli avec
des pancartes et des messages demandant à ne pas importer une alimentation qui ne ré- pond pas aux standards élevés français. Si Didier Guillaume a admis que l’accord avec le Mercosur n’était « pas un bon accord », il a en revanche réaf- firmé « une divergence de vue » sur le Ceta, qui est selon lui « un bon accord économique, excellent pour le lait et le fro- mage ». « Ce qui compte, ce n’est pas la taille des fermes au Canada, c’est le contrôle ! », a-t-il poursuivi.
Quant à la viande bovine, il assure que les 12 tonnes importées depuis l’applica- tion de l’accord ne vont pas déstabiliser la filière. Une filière qu’il incite par contre à s’organiser davantage pour exporter, notamment vers la Chine : « la filière n’est pas à la hauteur des enjeux », a estimé le ministre. L’objectif est, pour l’année prochaine, d’atteindre les 2 000 tonnes de viande bovine exportées vers la Chine, pour atteindre ensuite les 15 000 à 20 000 tonnes, précise-t-il. Pour ce qui est de l’origine des produits, Didier Guillaume a par ailleurs annoncé vouloir « remettre sur le chantier le dossier de l’étiquetage », notamment dans les plats transformés, pour « éduquer le consommateur ». Et même si les maillons intermé- diaires de la chaîne alimentaire risquent de s’y opposer, « les parlementaires sont motivés, on va aller dans ce sens », af- firme-t-il. Enfin, à l’approche des nouvelles négociations commerciales avec la grande distribution, il a incité les acteurs à se saisir des outils instauré par les ordonnances de la loi Egalim, publiées à la fin des précédentes négociations. « Il faut que la grande distribution comprenne que ce n’est pas en étranglant les agriculteurs que l’on assurera souveraineté alimentaire et nourriture de qualité », a ainsi rappelé Didier Guillaume.