CRAN : utiliser les attentes de la société pour aller chercher de la valeur ajoutée.
Accompagner la transition énergétique ? « Banco » assurent les élus des Chambres régionale et départementales d’agriculture de Normandie, « mais il faut utiliser ces attentes pour aller chercher de la valeur ajoutée », insiste Sébastien Windsor (président de la CRAN).
Pas de SIA (Salon International de l’Agriculture) en cet hiver 2021 et donc moins de projecteurs médiatiques braqués sur la Ferme Normandie « alors qu’on a parlé comme rarement d’agriculture avec la crise Covid qui a ramené le sujet de la souveraineté alimentaire à la une des médias ». Lors d’une conférence de presse tenue ce lundi à la CRAN (Chambre Régionale d’Agriculture de Normandie), Sébastien Windsor (son président), Gilles Lievens (président de la CA 27), Jean-Louis Belloche (président de la CA 61), Pascal Férey (président de la CA 50), Laurence Sellos (présidente de la CA 76) et Jean-Yves Heurtin (président de la CA 14) ont tour à tour défendu une agriculture qui prend à bras-le-corps la transition écologique, le respect de l’environnement, les nouvelles attentes sociétales, le réchauffement climatique (...) mais qui souhaite en juste retour une reconnaissance des efforts déjà consentis et des changements en cours. « On est en mouvement et les politiques publiques nous donnent des moyens », a lancé en cri du cœur Sébastien Windsor. « 5 000 agriculteurs normands, soit 20 %, ont déjà suivi un cursus de formation pour améliorer leur façon de faire. Alors dire que l’on vit en dépouillant la nature, c’est délétère ».
Gilles Lievens : la force des groupes.
« On a toujours misé sur le collectif. La technique, c’est notre fil rouge mais c’est la multiperformance que nous souhaitons accompagner. Notre vocation est de combiner la performance économique en engrangeant des progrès environnementaux. Nous comptabilisons 600 agriculteurs engagés à travers 33 GIEE sur des thématiques diverses : agriculture de conservation, vie du sol, autonomie alimentaire et protéique, agroforesterie, méthanisation, bien-être animal... Neuf groupes Ecophyto œuvrent dans une démarche labellisée. Nous capitalisons sur des outils de référence. »
Jean-Louis Belloche : une agriculture solution.
« L’agriculture est une vraie solution. Nous assistons à un très fort développement des énergies renouvelables avec l’essor du marché carbone qui peut signifier un complément de revenu important. Nous mesurons les émissions de GES (Gaz à Effet de Serre) dans les exploitations pour établir un bilan et dégager des pistes d’amélioration. Objectif 200 bilans à court terme pour contribuer à la neutralité carbone à l’horizon 2050. Nous nous inscrivons par ailleurs dans la transition énergétique avec la biomasse dans des projets acceptables par la société. »
Pascal Férey : la haie de la biodiversité.
« 140 000 km de haie au niveau national dont 50 000 km dans la Manche et une ambition affichée par le président de la République de replanter 7 500 km. Cette reforestation linéaire constitue un enjeu environnemental de premier plan puisque la haie, à elle seule, représente 30 à 40 % de la biodiversité naturelle. Mais elle ne doit pas être vécue comme un handicap et pour cela, il faut lui trouver une valorisation. C’est ce que nous avons initié dans la Manche à travers une contractualisation avec le Conseil départemental sous la forme d’un PSE (Paiement de Service Environnemental). »
Laurence Sellos : du local à la diversification.
« Il faut surfer sur cette vague de l’approvisionnement local et l’amplifier. Nous devons privilégier les circuits courts dans les cantines et les EHPAD (Etablissement d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes). Nous sommes à la manœuvre techniquement et avons réalisé 35 démarches auprès d’EPCI (Etablissement Public de Coopération Intercommunale) qui se sont soldées par 6 nouveaux PAT (Projet Alimentaire Territorial). C’est un travail de fourmis et de sourcing local pour mobiliser les producteurs. N’oublions pas enfin les pistes de diversification : houblon, soja, sarrasin, chanvre, millet, bœuf de race normande...»
Jean-Yves Heurtin : la compensation collective agricole.
« Ces dix dernières années, ce sont 18 000 ha de terres agricoles qui ont été artificialisées soit l’équivalent de 200 exploitations. Il faut développer les synergies avec les collectivités locales en mettant en place des dispositifs de compensation collective agricole. Le travail est engagé mais il faut l’amplifier à travers des études d’impact sur l’économie agricole. Six sont en cours. Il faut avoir un support local pour préserver les surfaces agricoles. Enfin, s’il faut 50 % de bio ou local demain dans les cantines scolaires, n’oublions pas pour autant les 50 % restants. »