CTLN : malgré les contraintes, le marché attend le lin.
« N'ayons pas peur. Semons du lin, récoltons-le et teillons-le du mieux possible, le marché l'attend. Je ne vois aucune excuse à l'immobilisme ». Pascal Prévost, président de la CTLN, affiche un moral d'acier quant à l'avenir d'une filière textile cousue de fil de lin et, demain, d'un peu de chanvre.
L'assemblée générale de la CTLN (Coopérative de Teillage du Plateau du Neubourg) s'est tenue le 12 janvier dernier. Après 3 éditions en distanciel pour cause de crise sanitaire, le 74e exercice aura permis de revenir sur les deux dernières années « où il s'est passé beaucoup de choses ». Les dirigeants auraient pu longuement palabrer sur une récolte 2020 d'un faible tonnage, un incendie 2021 qui a fortement perturbé le fonctionnement de l'outil ou bien encore un dossier « poussière » 2022 et à venir qui laisse planer le doute. Mais tant du côté de Pascal Prévost (président), Bertrand Coulier (directeur) que des autres intervenants, c'est plutôt un discours offensif et porteur d'avenir qui a été tenu. Pas de sinistrose sur le Plateau.
UNE RECETTE 2021 INTERESSANTE
Une des raisons de cet optimisme toutefois mesuré, « une entreprise remise sur les rails après les évènements que nous avons rencontrés, a insisté Pascal Prévost dans son rapport moral. Nos 6 lignes de teillage montrent tout leur potentiel ». 60 % de la récolte 2021 est transformée avec photo finish dans 3 mois, « une recette qui sera intéressante », pronostique-t-on.
Autre motif de satisfaction, des cours qui depuis quelques mois atteignent des records sans rapport avec la qualité. Attention cependant, « il faut travailler à une rentabilité sur le long terme, adapter l'offre à la demande, avoir une politique RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) »... Sur ce point, CTLN n'a pas à rougir. Les effectifs sont passés de 90 à 119 collaborateurs en un an avec pour conséquence un rajeunissement de 2 ans de la moyenne d'âge et une féminisation (8 recrues) jusque dans les lignes de production où règne « une ambiance plus détendue que quand il n'y a que des hommes ». Avec 30 % des salariés affichant moins d'un an d'expérience, CTLN investit à hauteur significative dans la formation : 62 500 EUR pour 166 jours de formation à destination de 104 salariés, « c'est au-dessus du règlementaire ».
CHASSE A LA POUSSIERE
Et au chapitre des évolutions réglementaires, figure le dossier « poussière ». « Sur un teillage neuf, on ne peut pas faire beaucoup plus », prévient Pascal Prévost. Alors partant du constat que la meilleure poussière, c'est celle qui reste sur place, « il y a un travail à faire au champ ». En collaboration avec le Cercle d'Echanges, un recensement des besoins de formation auprès des liniculteurs et de leurs salariés va démarrer dans quelques semaines. Une initiative qu'encourage l'administration : « continuez le travail collectif. Ce n'est pas simple pour le lin mais cela ne l'est pas non plus pour d'autres professions. Je suis confiant pour l'avenir parce que votre filière s'est engagée dans ce travail ». « Il faut mieux prendre la main sur ces sujets », reconnait-on du côté de la coopérative d'autant plus qu'en 2026, la mesure de l'impact environnemental des textiles constituera une obligation. Une obligation pour le lin mais également le chanvre textile auquel s'intéresse désormais CTLN, mais là encore, avec prudence et pragmatisme. « Il ne faut pas partir à l'aveugle mais faire les choses pas à pas ». Un premier pas sous forme d'une cinquantaine d'hectares d'essais en 2023.
QUELQUES HECTARES DE CHANVRE
Conduite culturale, tests de matériels de récolte, approches qualitative et financière (...) permettront de sécuriser une nouvelle culture dans un contexte de changement climatique. Autre nouveauté 2023, les 4 enrouleurs de l'unité 1 seront remplacés en août. « Le gros chantier de l'année mais la question ne se posait même pas. Ils étaient à bout de souffle ». Enfin, un second pont-bascule pour le printemps viendra améliorer les flux logistiques.
Les planètes sont donc alignées pour le lin et demain le chanvre sur « un chemin commun. Ce ne sont pas des concurrents dans le secteur de la fibre végétale, » conclut Pascal Prévost, casquette de président de la promotion de la CELC (Confédération Européenne du Lin et du Chanvre) vissée sur la tête.