Cuma Normandie Ouest : opération séduction pour rajeunir le réseau.
Les Cuma normandes cherchent à recruter plus de jeunes au sein de leur réseau.
Pour autant, l'opération n'est pas si simple selon les secteurs par manque de notoriété dans les lycées et dans le niveau supérieur, en raison aussi de la concurrence avec les ETA aussi... Lors de la dernière assemblée générale, mardi 28 janvier dans l'Orne, la question de l'attractivité des groupes a été discutée.
Après avoir revu son identité visuelle en s'associant en octobre 2022 avec la marque Heulà, la Fédération des Cuma Normandie Ouest a réuni ses membres, mardi 28 janvier à la salle des fêtes d'Écouché-les-Vallées (61), pour son assemblée générale afin de parler stratégie pour séduire les jeunes installés. « Les renouvellements se font par vague. L'objectif, c'est de trouver des solutions pour accueillir des apprentis, des salariés et inciter les jeunes à intégrer les Cuma dans leur parcours installation », déclare Rodolphe Lormelet, président de la Fédération. Au menu donc, quatre tables rondes afin d'échanger sur comment rendre dynamique sa Cuma, fidéliser les jeunes, le tout agrémenté de témoignages de nouveaux adhérents. « L'objectif, c'est de donner des idées de plans d'action possibles et de partager entre Cuma », relève Rodolphe Lormelet.
DONNER DES RESPONSABILITES RAPIDEMENT
Chloé Van Leeuwen (ferme de la Blottière), installée depuis quatre ans en production laitière en AB et AOP à Champsecret (61), témoigne : « j'avais très peu de matériel lors de la reprise de la ferme, hormis un tracteur. Je suis en système herbe donc je n'ai pas besoin d'investir beaucoup. C'était donc naturel pour moi de me tourner vers les Cuma ». Il faut dire que son cédant, ancien président de la Cuma de l'étoile, l'y a fortement encouragée. Après un an de parrainage, Chloé a accueilli du matériel de la Cuma sur sa propre exploitation tel que le chariot de traite et bientôt un nouveau tracteur. Elle gère aussi le planning. L'intégration rapide des nouveaux semble faire l'unanimité, côté jeunes comme plus anciens. Ce n'est pas Thomas Legrout, installé hors cadre familial à Préau-du-Perche et président de la Cuma de Perche-en-Nocé dès sa première année d'adhésion, qui dira le contraire. « J'aime me mettre des défis », reconnaît-il. « Il faudrait au moins allouer un matériel par adhérent », s'exclame l'un des participants, « ou le planning des réservations », remarque un autre.
VANTER LE LIEN SOCIAL
Rentrer dans une Cuma, c'est aussi créer du lien social avec d'autres agriculteurs du secteur. Une réalité appréciée par Geoffrey De Dryver, 37 ans (ferme de Montamy), installé dans le bocage virois (14). « Je me suis installé hors cadre familial dans un secteur où je ne connaissais personne. Rejoindre la Cuma des 3 M a été un vrai facteur d'intégration sociale. J'ai été bien accueilli, ça s'est fait au fur et à mesure », déclare-t-il. Si la perspective d'éviter « l'accumulation de ferraille dans la cour » a motivé son adhésion, c'est cette bonne entente qui l'a convaincu de devenir responsable de la herse étrille de sa Cuma. « Même si j'ai un système totalement différent - je suis en vaches allaitantes en AB dans un bassin laitier - on arrive à partager », se réjouit-il. Même constat chez Chloé Van Leeuwen, « les autres membres sont ravis de m'expliquer », s'amuse-t-elle.
UN ARGUMENT POUR LES BANQUES
Pour ces jeunes, rejoindre une Cuma, c'est aussi la garantie de faire des économies au long cours. « La Cuma a une capacité d'avoir du matériel plus performant et le renouveler plus souvent », vante-t-elle. « Les charges de mécanisation pèsent de plus en plus dans l'installation des jeunes », alerte Rodolphe Lormelet. Geoffrey De Dryver juge que l'adhésion à la Cuma devrait être un argument lors du dossier à la banque : « d'un point de vue pragmatique, ne pas acheter de matériel devrait être pris en compte lors du calcul du taux d'endettement ».