Dégâts de gibiers : un combat chasseurs-agriculteurs.
Plombés par les indemnisations versées au titre des dégâts de gibiers, les comptes de la Fédération des Chasseurs de l'Eure, qui tenait le 1er avril dernier son assemblée générale, sont mis à mal. « C'est collectivement, agriculteurs et chasseurs, que nous arriverons à faire baisser les dégâts », exhorte son président Dominique Monfilliatre.
Si côté produits, les comptes financiers de la Fédération des Chasseurs de l'Eure observent une relative constance, à contrario côté dégâts, 2022 se traduit par une perte historique de - 741 kEUR. En cause, l'envolée du prix des denrées agricoles sur lequel est indexé le montant des indemnisations. Elles ont explosé avec le conflit en Ukraine. Si la Fédération a les reins suffisamment solides pour passer le cap, avec l'Etat à la rescousse à hauteur de 297 125 EUR, « cela ne pourra pas durer. En deux ans, nous avons utilisé 700 000 EUR de nos réserves », a constaté Dominique Monfilliatre, président de la FDC 27. L'objectif chiffré de surfaces de dégâts en moins a été annoncé au cours de l'assemblée générale. « - 20 à - 30 % » sachant « qu'en 2023-2024, l'Etat ne nous donnera rien. C'est collectivement, agriculteurs et chasseurs, que nous y arriverons », a exhorté le patron des Chasseurs. Pas de recette miracle pour limiter la casse, mais quelques changements d'habitudes et des réflexes à acquérir. « Maïs + maïs à côté d'une forêt, il faut y mettre un frein en concertation avec la profession agricole ». Ou bien encore « contactez-nous si vous connaissez des zones peu ou pas chassées, de vraies réserves à sangliers. Dans certains départements, cela peut atteindre jusqu'à 30 % ».
UNE PLACE DANS L'ECOSYSTEME
Si la régulation des populations de gibiers constitue un enjeu financier pour les chasseurs et les agriculteurs, l'enjeu sécuritaire (avec les accidents de la route) et celui sanitaire (en cas d'épizootie) sont également en ligne de mire. « Les chasseurs ont une place prépondérante dans l'écosystème, assure le préfet Simon Babre. Vous êtes les premiers garants de la pérennité de votre activité dans le respect de vos pratiques ». En creux de cette petite phrase, le système d'information sur les armes à feu, « les délais courent », et surtout les accidents de chasse médiatiquement sismiques. « Huit accidents mortels en 2021, 6 en 2022. Pendant ce temps, 244 morts à vélo et 34 à trottinette. En 20 ans, on a divisé par 5 le nombre d'accidents de chasse mortels », tentent de se convaincre les défenseurs d'une tradition séculaire pour convaincre aussi les non-chasseurs. Un exercice périlleux, voire insoluble, car un seul accident mortel, c'est déjà trop surtout quand la victime est un randonneur. Les chasseurs, en responsabilité, en ont bien conscience, mais condamnent la stigmatisation dont ils sont victimes de la part de quelques bien-pensants. La caricature aussi. « Sandrine Rousseau a insinué que les chasseurs étaient des auteurs de féminicide en puissance, ça se terminera devant les tribunaux ».
Du côté du Sénat, ça rue aussi dans les brancards avec des propositions législatives qui font bondir comme des jours de non-chasse, le dimanche ou durant les congés scolaires. Le meilleur moyen de tuer la chasse et d'empêcher le lien transgénérationnel autour d'une activité nature.
« Soyons fiers d'être chasseurs et soyons fiers de nos valeurs, invite Dominique Monfilliatre insistant sur un autre point : à tous ceux qui veulent nous limiter à la régulation, je dis NON ! La chasse est une passion, la régulation une conséquence et pas une cause ».