Des maires pas découragés mais légitimement inquiets.
« Nous ne sommes pas découragés mais légitimement inquiets », a rappelé Jean-Paul Legendre, président
de l'UMEE. L'Union des Maires et des Elus de l'Eure a tenu son assemblée générale le 6 décembre dernier à
Louviers avec l'intervention rassurante de Rémi Coutin (procureur de la République ).
au dévouement de nos maires et de leur secrétaire qui sont en
première ligne. Comptez sur moi pour défendre la place de la
ruralité ».
« Comment bien vivre notre seconde moitié de mandat ? » C'est ce qu'a proposé en guise de menu Jean-Paul Legendre. Au préalable, le président de l'UMEE avait remis les pendules de l'Eure à l'heure.
« On nous décrit que les maires sont déprimés, tout cela n'est qu'un montage. Dans l'Eure, on connaît les causes de démissions et celles pour cause de découragement sont rarissimes. Nous sommes résilients. Qui a été là pendant la crise du covid ? Le bloc communal est essentiel pour la vie de la nation. Nous ne sommes pas du tout découragés mais légitimement inquiets ». Inquiet de quoi ?
Si les travaux de l'UMEE n'ont pas constitué le bal des pleureurs, les maires et élus du département reconnaissent cependant une tension dans un climat de plus en plus réactif. « Il faut aborder ces difficultés avec un maximum de sérénité ». Ces difficultés, ce sont notamment « des gens du voyage qui forcent les entrées, nos écoles qui brûlent comme à Gaillon, la problématique ZAN (Zéro Artificialisation Nette) », a-t-on pu entendre. « Une falaise vers laquelle on va ».
UN PROCUREUR ATTENTIF
Ce besoin de sérénité, Rémi Coutin (procureur de la République près du tribunal judiciaire d'Evreux et membre du Conseil de la magistrature) y a répondu par une écoute attentive et des propositions concrètes (déjà fonctionnelles) pour mieux accompagner les élus dans l'accomplissement de leurs missions. « En fonction dans votre département depuis un peu plus d'un an, je suis au fait des difficultés qui sont les vôtres. La protection des élus est une préoccupation permanente de l'institution judiciaire ». Et de joindre l'acte à la parole avec une boîte mail structurelle au niveau du parquet qui permet de prendre attache. En d'autres mots : échanger de façon ascendante et descendante entre élus et justice pour une meilleure communication et plus de réactivité en cas d'incivilité ou plus. Autre champ du possible, sous conditions, « vous pouvez convoquer une personne en mairie pour un rappel à l'ordre. S'il s'agit d'un mineur, avec la présence des parents. Voilà un mécanisme méconnu qui apporte une réelle plus-value ». Synthèse de Jean-Paul Legendre : « tout ne justifie pas le pénal mais être en correspondance avec le parquet, se connaître et se comprendre est essentiel ». Actualité oblige, certains élus ont posé la question de l'accessibilité au Fichier S (Ndlr : fichier de traitement des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste). Pas de réponse tranchée à date mais Kristina Pluchet (sénatrice et agricultrice) a précisé que « c'était une revendication portée par le Sénat ». En attendant, la moitié des 4 200 procédures annuelles dans le département sont classées sans suite, faute de preuve.