Diversification : le domaine Prévost est planté.
8 400 pieds de vigne sur 1,6 ha ont été plantés les 22, 23 et 24 avril à Ferrières-Haut-Clocher (27). Le domaine viticole Prévost est en devenir.
Rendez-vous en 2024 pour les premières vendanges.
Au volant du tracteur, Max Prévost (le grand-père) et sur le siège de la planteuse (de sapins à l’origine), Matt Angwin. Matt est le futur gendre de Stéphane (le père) préposé quant à lui à l’arrosage. Un peu plus loin, Delphine (la fille mais aussi maman d’une petite fille) qui, aidée de quelques amis, joue du râteau pour reboucher les sillons espacés de 2 m... Sur le coteau à la pente bien modeste de cette plaine euroise, à Ferrières-Haut-Clocher, c’est l’effervescence en cette fin avril. A raison de 0,5 km/h, 8 400 pieds de Pinot noir ou meunier, Chardonnay, Chenin blanc et Floréal prennent terre tous les mètres au fond d’un sillon de 30 cm. Pour assurer la reprise, chacun reçoit 3 litres d’eau. Le domaine Prévost, c’est donc une saga familiale qui permettra d’ancrer durablement un patronyme à une terre. Delphine va se marier et donc changer de nom. Au-delà de la symbolique, c’est un vrai projet économique qui se développe à l’aune du réchauffement climatique.
La passion du vin
Delphine et Matt n’ont rien de doux rêveurs. Elle, après prépa-véto, opte finalement pour agro Purpan à Toulouse. « J’ai toujours voulu travailler dans le vin », se souvient-elle.Une passion qui, dans le cadre de ses stages d’étude, la conduit a Camel Valley, un vignoble très réputé de Cornouailles (Angleterre) créé en 1989. Un pays où la bouteille de vin se vend 40 e. Elle y fait la connaissance de Matt, le manager des lieux. Le début d’une histoire d’amour et d’une vie commune avec notamment la création en 2018 d’un bar à vins sous forme de food-truck. « Cela fonctionnait très bien » et notre couple pensait partager sa vie de part et d’autre du Channel.
20 000 e/ha
Mais la vie en a voulu autrement. Delphine perd son frère. Le couple décide alors de se fixer à plein temps en Normandie et en famille. Une façon de se serrer les coudes. L’idée de créer localement un vignoble de toute pièce émerge très vite, « ça marche bien en Angleterre, alors...» L’approche de ce projet est techniquement tout aussi pointue que pragmatique. En croisant leurs compétences, Delphine et Matt maitrisent la chaine de A à Z. Max et Stéphane y ont mis également leur grain de sel. La parcelle a été sélectionnée. Trois fosses pédologiques y ont été creusées pour analyse du profil de sol et les cépages choisis en fonction, tout comme leur emplacement précis dans la parcelle. « L’idée n’est pas de produire un vin de garage pour se faire plaisir, mais un bon vin pétillant (blanc de blanc, blanc de noir ou rosé) et un blanc sec selon la méthode traditionnelle », se projette Delphine. Première vendange en 2024 (50 % du potentiel devrait être atteint). Seconde en 2025 (75 %) pour tutoyer la vitesse de croisière en 2026 avec un objectif estimé à 15 000 bouteilles/an. Coût de l’investissement : 20 000 e/ha environ qui comprend notamment le plant, les tuteurs, le palissage, mais aussi les clôtures pour se mettre à l’abri des sangliers, chevreuils et autres lièvres. La Banque Verte a suivi. Il lui reste désormais à financer le chai. Delphine et Matt travaillent à sa conception en attendant de trinquer... Pourquoi pas un jour à la création d’une section viticole à la FNSEA 27 ?