Donner du sens aux métiers de l'agriculture.
« Je rêve d'un fonds commun pour communiquer ensemble sur l'attractivité de nos métiers avec des messages simples ». Des propos conclusifs tenus par Sébastien Windsor, président de la Ferme Normandie et de la Ferme France, à l'occasion de l'assemblée générale du Cercle d'Echanges qui s'est tenue le 9 février dernier à Le Neubourg (27).
« Que cherchent les jeunes. Donner du sens à leur vie et il y a beaucoup de sens dans notre métier d'agriculteur. » Sébastien Windsor (président de Chambre d'agriculture de France et d'UniLaSalle), à l'occasion d'une table ronde « Recruter en agriculture : opération séduction » lors de l'assemblée générale du Cercle d'Echanges de l'Eure qui s'est tenue le 9 février dernier, a lancé quelques pistes de réflexion pour attirer et garder de nouveaux talents dans les champs et les élevages. « Je rêve d'un fonds commun pour communiquer ensemble sur l'attractivité de nos métiers avec des messages simples ». Des messages simples mais pas simplistes et encore moins réducteurs. Le premier agriculteur de France n'est manifestement pas un adepte du « lancer de bottes » et se méfie de l'image que véhiculent les battages à l'ancienne lors de rendez-vous festifs réunissant deux mondes filialement de plus en plus distants. Autre invitation, « arrêtons d'opposer nos filières. L'AB (Agriculture Biologique) qui dénonce le HVE (Haute Qualité Environnementale, c'est délétère », précisant au passage que c'est vrai aussi dans l'autre sens, prudence oblige.
une révolution culturelle
En résumé, il faut positiver et dire « qu'il y a des agriculteurs qui gagnent de l'argent tout en bénéficiant de bonnes conditions de vie ». Une révolution culturelle en quelques sortes, mais pas à la Chinoise. « Il ne faut pas utiliser la main-d'oeuvre pour faire le boulot qu'on ne veut pas faire. A la moisson, mon salarié passe plus de temps que moi dans la moissonneuse. Je passe plus de temps dans la benne et au silo ».
Un changement de paradigme qui passe par une meilleure formation pour « apprendre à manager ». Dans 7 ans, 55 % des agriculteurs auront atteint l'âge de la retraite. Il y a donc urgence à « mobiliser nos OPA (Organisation Professionnelle Agricole) pour aller parler de nos métiers d'agriculteurs, innovants et modernes » et éviter ainsi que les générations futures ne découvrent l'agriculteur qu'à travers « Martine à la ferme ».
Ce défi du recrutement en agriculture, le Cercle d'Echanges n'a pas attendu pour le relever à travers son pôle RH (Ressources Humaines). « Professionnaliser ses recrutements, diversifier les compétences attendues, créer de la valeur ajoutée (...), l'agriculture n'échappe pas aux difficultés actuelles », partagent Patrick Debaene et Pascal Allard, respectivement président et directeur du CE 27.
L'EMPLOYE CHOISIT SON EMPLOYEUR
Chiffres à l'appui, Marion Farin et Hélène Martel (psychologues du travail et consultantes RH au Cercle d'Echanges) ont nourri le débat tout en privilégiant le pragmatisme Cercle d'Echanges. « Tout le monde galère à recruter alors que le déséquilibre offre/demande va encore s'accentuer : 35 % de postes à pourvoir face à 20 % de jeunes débutants. 100 % des candidats (7 % de taux de chômage dans l'Eure) ont plusieurs pistes. Ce sont eux qui choisissent ».
Pas d'autre alternative donc que de séduire pour attirer des candidats en quête d'une bonne ambiance de travail et des échanges de qualité avec l'agriculteur. Ce qu'ils fuient : l'élevage laitier, les traitements phytosanitaires, l'activité pommes de terre, un poste non évolutif. Pas de quoi décourager un « Echangiste ». S'il n'existe pas de botte secrète, Marion Farin et Hélène Martel sont cependant loin d'être défaitistes. Certes, il faut compter 5 mois de délais entre la demande de l'employeur et l'embauche, « un délai encore raisonnable », mais la boite à trucs et astuces pour séduire est pleine de ressources. « Il faut s'entourer de compétences pour attirer et fidéliser. Changer de point de vue sur le salariat et le salarié. Avoir une vision positive... » Le salarié n'est pas qu'une somme de contraintes, un souci supplémentaire, un coût. Mais il faut faire vite car il n'y en aura pas pour tout le monde. « La démographie ne va pas dans le bon sens : 6 000 lycéens de moins à l'horizon 2030 », pronostique Chris Van Vaerenbergh, directeur adjoint de la DRAAF Normandie qui mise sur l'agroécologie pour recruter.o