Ferme France : les chiffres provisoires ont été publiés.
Le ministère de l'Agriculture a publié le 25 avril, les chiffres provisoires de la statistique agricole annuelle pour 2023. Ceux-ci rassemblent des données détaillées sur l'ensemble des productions agricoles en termes physiques (surfaces, rendements et productions agricoles pour les végétaux et les animaux) et concernent aussi bien la France entière (DOM inclus) que la France métropolitaine.
S'il fallait résumer en quelques mots l'année agricole 2023 en France métropolitaine, les termes à utiliser pourraient être les suivants : " baisse des surfaces et des effectifs mais hausse des rendements ". Ainsi, sur le volet végétal, le service statistique du ministère de l'Agriculture, Agreste, identifie une baisse des surfaces développées en céréales : elles sont passées de 8,993 millions ha (Mha) en 2022 à 8,809 Mha en 2023, soit une baisse de 2 %. Toutes les productions céréalières voient leurs surfaces (lire encadré) reculer à l'exception du blé tendre d'hiver (+ 65 000 ha/+ 1,38 %), l'orge et escourgeon d'hiver (+ 71 411 ha/+ 5,5 %) et le sorgho (+ 4 837 ha/+ 9,7 %). En revanche, les rendements 2023 toutes céréales confondues ont été supérieurs à ceux de 2022, passant de 67 quintaux/ha à 74 q/ha. La production totale récoltée atteint 64,835 millions de tonnes (Mt), soit + 6,9 % par rapport à 2022. A contrario, les oléagineux ont vu leurs rendements stables (29 q/ha) mais leurs surfaces augmenter de + 2,1 % passant de 2,323 Mha à 2,372 Mha en un an. Au total, les productions de colza, navette, tournesol, soja, et lin oléagineux sont restées quasiment identiques : 6,760 Mt en 2022 et 6,787 Mt en 2023. Est-ce l'une des conséquences de la transition agroécologique qui se met en place ? Les surfaces protéagineuses ont crû de 12,7 % entre 2022 et 2023 pour atteindre 347 995 ha. Les rendements ont également augmenté de plus de 23 % (26 q/ha à 28 q/ha) pour une production totale de 981 734 tonnes. L'étude d'Agreste souligne également que les agriculteurs français ont produit plus de 15,436 Mt de paille, soit 11,5 % de plus qu'en 2022 et que les surfaces en maïs en légère diminution de - 2,2 % (1,257 Mha en 2023) ont permis de récolter 17,346 Mt de maïs (+ 26,2 %) à la faveur de rendements exceptionnels : 138 q/ha contre 107 q/ha en 2022 (+ 27,1 %). Les rendements ont été très bons sur les prairies dont les surfaces se sont stabilisées (- 0,3 % à 12,709 Mha). Ils sont passés de 43 q/ha à 55 q/ha ce qui a permis à la production totale d'herbe d'atteindre atteint 69,796 Mt, soit 27,5 % de plus qu'en 2022 (54,732 Mt).
Année en demi-teinte
Dans le domaine des cultures industrielles, Agreste confirme la baisse des surfaces de betteraves à sucre (- 5,3 %). Cependant la hausse des rendements à 834 q/ha (+ 6,3 % par rapport à 2022) a permis de stabiliser la production à 31,736 Mt (31,496 Mt en 2022). Les statisticiens constatent également la bonne tenue de la production de pommes de terre. La baisse totale des surfaces (- 3,4 %) est compensée par une hausse des rendements (+ 11,2 %). Finalement la production totale s'établit, pour 2023 à 8,623 Mt en hausse de 7 % par rapport à l'année précédente. En fruits et légumes, la situation est aussi hétérogène que dans les autres domaines : à titre d'exemple, les surfaces en tomates ont progressé de 1 % mais la baisse des rendements a pesé sur la production finale qui atteint 629 424 tonnes (- 6,1 %). L'étude confirme une année fruitière en demi-teinte pour les arboriculteurs : la production de cerises a chuté de 11 % (33 666 tonnes). Celle des poires de table a aussi dégringolé de près de 10 % à 128 458 tonnes. Celle des pêches, nectarines et brugnons a reculé de 3,4 % à 222 625 tonnes. Seules les pommes (1,586 Mt / + 9,7 %) et les prunes (214 019 tonnes / + 115,2 %*) ont dégagé des indices positifs. Le vin français a suivi peu ou prou les mêmes tendances avec une production en hausse de + 3,4 % (47,625 millions d'hectolitres - Mhl). Si les volumes de vin rouge sont globalement à la baisse (- 10 % à 20,27 Mhl) ceux de vin blanc sont largement à la hausse et ont atteint, en 2023, 27,345 Mhl (+ 16,1 %).
Décapitalisation confirmée
Les statisticiens pointent une baisse des effectifs dans l'ensemble des cheptels. En France, il restait, en 2023, moins de 17 millions de bovins : 16,692 millions exactement (laitières et allaitantes), soit - 1,2 %. La décapitalisation a touché le cheptel porcin lui aussi en retrait de 2,9 %. Il passe sous la barre des 12 millions de têtes (Mtê.). Cette tendance affecte aussi l'espèce caprine (1,312 Mtê.) en recul de 2,5 %. Seuls les ovins parviennent à maintenir leurs effectifs : 6,608 Mtê. Contre 6,650 Mtê. La baisse est tout aussi sensible (- 4,6 %) dans les volailles (gallus) avec 216,086 Mtê. Cette décapitalisation pèse sur la production finale qui accuse une baisse de - 4,3 % en viande bovine (1,259 million de tonnes équivalent carcasse - Mtéc) et de - 4,1 % en viande porcine (2,067 Mtéc). Le phénomène est similaire en lait de vache (- 2,9 %), de chèvre (- 2 %) et de brebis (- 1,4 %).