Filière sucre, gestion de l'eau, ZNT (...) : un brief printanier de campagne
Répondant à l'invitation de la FNSEA 27 et JA de l'Eure, de la Chambre d'agriculture, des betteraviers (...), Simon Babre s'est rendu ce lundi sur les exploitations de Benoît Martin à Serez et Thierry Vanhoucke à L'Hosmes. Le préfet de l'Eure a porté une attention particulière aux inquiétudes printanières de la Ferme départementale. Au menu notamment : le devenir de la filière sucre, la gestion et le partage de l'eau, les ZNT...
C'est accompagné d'Henri Havard que le préfet Babre est allé, ce lundi, prendre le pouls agricole dans deux exploitations céréalières du département. La présence du délégué interministériel à la filière betterave-sucre est symptomatique des enjeux qui se profilent à court terme sur ce sujet.
DES PUCERONS DANS LES BETTERAVES
Si la sole betteravière dans l'Eure se maintient en 2023, rien n'est définitivement acquis... Benoît Martin, qui avec son frère Paul cultive des pommes de terre, du lin, du colza et des céréales, a réduit la voilure betterave passant de 30 à 17 ha. La fin de la dérogation néonicotinoïdes a visiblement jeté le trouble dans les campagnes. « Tous les semis de début mars ont déjà des pucerons », a lâché Alexandre Quillet, président de la CGB Eure qui tiendra son assemblée générale le 9 mai prochain. « Si les betteraves végètent, les pucerons vont s'en donner à coeur joie. Il faudra bien se passer un jour des nicos mais on pensait qu'on avait encore un an ». À l'heure où il faut se mettre à 4 pattes pour inspecter le dessous des feuilles, la sérénité n'est pas de mise. Il reste encore quelques cartouches pour se défendre mais tout dépendra des niveaux d'attaque. Il y a deux ans, dans certaines régions, on a atteint jusqu'à 80 % de perte jaunisse. Les betteraviers l'ont rappelé au ministre de l'Agriculture en février dernier. Marc Fesneau s'était alors voulu rassurant évoquant une indemnisation dont les modalités restent à définir.
À moyen terme et grâce au PNRI (Plan National de Recherche et d'Innovation) qui planche sur des solutions opérationnelles contre la jaunisse, quelques pistes se profilent comme le développement des plantes compagnes, les répulsifs olfactifs, les mélanges variétaux sans oublier la génétique. Reste que le danger est à court terme. On dénombre en France 20 sucreries. Si l'une d'elles venait à fermer faute de matière première, « elle ne rouvrira pas », pronostique-t-on du côté du syndicalisme agricole.
LE PILOTAGE DE L'EAU
Autre sujet largement évoqué : l'eau. Chez Thierry Vanhoucke où le bio cohabite avec le conventionnel, où l'on replante des haies, où l'on joue la diversité des cultures (...), il tombe 300 mm de pluie de moins qu'ailleurs dans le département. Un déficit qui vient se cumuler avec une faible profondeur de sol. Si l'on veut préserver notre souveraineté alimentaire dans un contexte de réchauffement climatique, il faut prioriser les usages. Grâce à « netirrig », un OAD (Outil d'Aide à la Décision) proposé par le réseau Chambre d'agriculture, Benoît Martin évoque « l'irrigation de précision ». D'autres la récupération des eaux de drainage ou des eaux usées, « 80 % en Israël contre moins de 2 % en France ». Concernant cette piste et alors que le comité sècheresse va se réunir le 10 mai prochain, Simon Babre s'est dit « preneur d'expérimentations ». La souveraineté alimentaire passe également par la préservation des terres agricoles. « Une ZNT à 10 mètres, c'est 3 000 ha de perdus dans l'Eure », a illustré Gilles Lievens (président de la Chambre d'agriculture). « De quoi installer plusieurs dizaines de jeunes agriculteurs », ont enchainé Christophe Chopin et Denis Phiquepron au nom de JA 27.