Forte mobilisation des agriculteurs à Évreux.
A l’appel de FNSEA 27 et JA 27, plus de 140 tracteurs ainsi que des véhicules escortes ont convergé de tous les coins du département vers le pré du Bel Ebat à Evreux, soit près de 200 agriculteurs en tout.
Des convois de tracteurs dans la campagne puis en ville
Cette mobilisation s’est déroulée dans de parfaites conditions de sécurité, y compris dans le respect des gestes barrières compte tenu du Covid 19. Les tracteurs et les véhicules accompagnateurs se sont rassemblés au pré du Bel Ebat avant un départ coordonné pour un circuit dans et autour d’Evreux.
Cela a été l’occasion d’une joyeuse pagaille à chaque carrefour et rond-point, le cortège ayant atteint presque 2 kilomètres à un moment donné.
Les habitants d’Evreux ont pu relever les nombreux messages que les agriculteurs avaient affichés sur leurs tracteurs.
Le parcours a mené les tracteurs devant la DDTM, la Maison des Agriculteurs et un passage final a été effectué devant la préfecture avant un rassemblement final au Bel Ebat, où les prises de parole de clôture ont eu lieu (voir plus loin) avant dispersion et retour dans les exploitations à 14 h.
Un « cadeau » pour la préfecture
Les agriculteurs n’avaient pas oublié d’apporter quelques bennes emplies de produits portant les odeurs de la campagne. En complément, une pailleuse a largement diffusé son contenu devant les grilles de la préfecture.
L’invitation aux parlementaires
Députés et sénateurs de l’Eure avaient été conviés à 11 h devant les grilles de la préfecture.
Deux députées, Séverine Gipson, et Marie Tamarelle-Verhaeghe, ainsi que la sénatrice Kristina Pluchet avaient répondu à l’appel. Les échanges avec Fabrice Moulard, président FNSEA 27, Gilles Lievens, président de la Chambre d’agriculture de l’Eure et Christophe Chopin, secrétaire général des JA de l’Eure, se sont déroulés sous les micros des journalistes présents.
Les agriculteurs ont présenté leurs arguments face au projet actuel de Plan Stratégique National du ministère de l’Agriculture, susceptible d’entrainer notamment une importante perte de revenu. Ils ont défendu une PAC qui ne doit faire aucun exclu par dogmatisme et rappeler que les bonnes pratiques existantes doivent être intégrées dans la future PAC (agriculture de précision…). Les sujets de souveraineté alimentaire, de transmission aux futures générations ont été également abordés, de même que la loi climat et ses projets de texte intégrant un projet de taxe sur les engrais azotés ou encore de nouvelles restrictions sur la gestion de l’eau.
Le soutien, et le volontarisme affiché par nos parlementaires, a conforté nos agriculteurs présents dans leurs convictions et leur combat.
La clôture de la manifestation par Fabrice Moulard, Président de la FNSEA 27 (Extraits)
La première action d’une série ?
Je vous remercie tous d’être venus nombreux ce matin, pour participer à cette action de défense de votre revenu. Cette action pour la défense de la PAC ne sera peut-être pas la dernière ! Il faudra se battre encore dans les semaines et mois qui viennent. Le ministre de l’Agriculture doit se positionner sur le PSN dans très peu de temps. Nous avons fourni mardi au préfet et aujourd’hui aux députés des simulations qui montrent que nous avons perdu de l’argent depuis 10 ans, quel que soit notre modèle. L’embellie actuelle des cours ne préjuge pas de cours élevés à l’avenir. En fonction des annonces du gouvernement, nous aviserons et prendrons nos responsabilités.
Les parlementaires
Il était important de rencontrer aujourd’hui les parlementaires, après le préfet mardi, car ce sont eux qui vont murmurer à l’oreille du ministre dans les jours qui viennent. Ils nous ont soutenus ce matin et c’est déjà une bonne chose ! Nous leur avons clairement demandé de défendre les intérêts des agriculteurs de l’Eure.
Retour sur l’action mails à la DGPE
Je remercie tous ceux qui ont envoyé des mails cette semaine à la DGPE au ministère de l’Agriculture avec des messages exprimant votre avis sur le projet de future PAC. Leurs boites aux lettres ont été saturées dès le premier jour et les messages entendus forts et clairs. Le ministre de l’Agriculture a appelé Christiane Lambert le soir même pour s’étonner de la vigueur et du nombre de messages de l’agriculture euroise.
Acquis du jour
Grâce à notre action de ce jour, combinée avec celles des autres départements du grand bassin parisien, nous venons d’obtenir une rencontre semaine prochaine avec le ministre de l’Agriculture pour essayer de faire évoluer sa position. Bravo à tous !
REACTIONS DE NOS PARLEMENTAIRES
Marie Tamarelle Verhaeghe : « Nous tenons à la diversité de nos modèles agricoles, il n’y en a pas un qui soit mieux que l’autre. La PAC doit permettre à chaque modèle agricole d’être soutenu et il faut trouver un équilibre entre les différents piliers. J’aime la façon dont les agriculteurs de l’Eure communiquent positivement sur leur mission essentielle : nourrir la population et assurer notre souveraineté alimentaire. Nous avons une agriculture qui est une des meilleures et plus durables au monde. Concernant la loi EGAlim, il faut reconnaitre que sa déclinaison n’est pas à la hauteur de ce que l’on attend ».
Séverine Gipson : « Le ministre Julien de Normandie a fait valoir la qualité et la durabilité de notre agriculture dans les négociations actuelles. Il faut une juste rémunération de nos agriculteurs qui font un travail extraordinaire. Chaque député porte son territoire et sa différence par rapport aux autres. Ce message sera porté aussi auprès du ministre de l’Agriculture pour lui rappeler les spécificités de nos agriculteurs de l’Eure ».
Kristina Pluchet : « Je suis sénatrice, mais agricultrice également. Je suis très consciente des difficultés de nos exploitations avec des trésoreries tendues et je tenais à être présente aujourd’hui. Nous avons perdu 50 % d’aides PAC depuis 2012, ce qui est colossal sans oublier les impacts négatifs de nouvelles normes, taxes ou contraintes (suppression des néonicotinoïdes par exemple)… Une énième baisse des revenus de la PAC serait inacceptable et il faut prendre toute mesure appropriée pour l’éviter ».