FRSEA et JA Normandie confortés par les élections
ARNOLD PUECH D’ALISSAC, président de la FRSEA
Quel bilan tirez-vous de ces élections aux chambres d’agriculture ?
D’abord, je remercie les électeurs qui ont choisi de voter pour les candidats issus de nos rangs FDSEA et JA. Et ce dans le collège de chefs d’exploitation mais aussi dans celui des retraités. Le résultat national fait état d’une progression de 2 points. Cela démontre que, malgré les prédictions de certains, les agriculteurs se retrouvent dans nos revendications et notre façon de les porter.
En gagnant aussi dans le Calvados, vous faites « carton plein » ?
Je ne le dirais pas comme cela. Pour moi, nous sommes plutôt reçus cinq sur cinq. Car ce sont les électeurs qui ont choisi. Dans le Calvados comme ailleurs, ils se sont reconnus majoritairement dans les candidats et les projets soutenus par la FDSEA et les JA. C’est donc surtout une victoire pour les agriculteurs du Calvados. Et c’est une joie pour nous de partager le projet au niveau régional. Il reste à l’équipe élue à se mettre au travail pour mettre en oeuvre ses orientations. Cette victoire doit conforter les agriculteurs du Calvados : non, leur département n’est pas si différent des autres. Oui, ils méritent une défense syndicale à la hauteur de leurs besoins. Et le résultat obtenu par la liste JA / FNSEA doit conforter le syndicalisme dans ce rôle.
Malgré ces résultats, votre majorité est réduite par le taux de participation en forte baisse… La baisse du taux de participation touche tous les candidats. Certes, notre majorité est un peu affaiblie mais les syndicats minoritaires le sont encore plus. La réalité, c’est que nous maintenons notre score en Normandie avec 51,8 % à l’échelle de la région. Vous connaissez beaucoup d’élus qui emportent 55 % des voix au premier tour comme le font les listes JA / FNSEA ? Beaucoup en rêveraient…
Tout de même, avec à peine 39 % en Normandie, ce taux de participation est bien faible, non ?
Comprenez-moi bien : ce taux de participation ne nous satisfait pas. Il n’y a que ceux qui tablaient sur une baisse de la participation pour améliorer leur score que cela peut satisfaire, ce n’est pas notre cas. Nous perdons douze points en six ans en Normandie. Nous devons nous interroger sur cette évolution. Il y a un mouvement de fond de la société qui provoque une baisse de la participation à toutes les élections, l’agriculture n’y échappe pas. Il y a sûrement un désintérêt pour les chambres d’agriculture que nous devons combattre en rendant les chambres plus proches des agriculteurs, en faisant mieux savoir ce qu’elles apportent dans nos départements. Il y a aussi sûrement de l’exaspération et une forme de désespoir face aux crises, notamment en élevage, et face aux campagnes de dénigrement dont nous sommes trop souvent l’objet. Dénigrement qui s’additionne au sentiment d’abandon de la part des pouvoirs publics.
Vous pensez que les pouvoirs publics ont une responsabilité ?
Oui dans la mesure où la politique agricole consiste de plus en plus en l’organisation de la concurrence : c’est aux agriculteurs de s’organiser pour peser face aux intermédiaires et à la distribution. Quant à la PAC, elle se limite à une distribution de subventions suspendues à des règles de plus en plus tatillonnes et versées trop tardivement. Depuis quelques années, ces délais sont inacceptables et les aides du deuxième pilier ne sont toujours pas payées à temps, loin s’en faut. Tout cela concourt à ce sentiment d’abandon.
Que comptez-vous faire ?
Nous avons tous à tirer les enseignements de ces élections. Et mettre en oeuvre les actions nécessaires pour que ces constats ne se vérifient plus dans six ans pour que l’on retrouve une meilleure participation. Par exemple, la mise en oeuvre des EGA et la construction du prix en marche avant doit être le signe positif que quelque chose a changé. Cela doit contribuer à redonner confiance aux agriculteurs et les remobiliser. Nos syndicats FRSEA et JA vont s’y attacher. Nous serons au rendez-vous.