Guide Chambres : mieux vivre son métier au quotidien.
Les Chambres d'agriculture de Normandie, en partenariat avec la MSA Côtes Normandes, le Service de remplacement, le Groupement d'employeurs et la Fédération des Cuma du Calvados, ont sorti un guide de la qualité de vie et des conditions de travail, à destination des agriculteurs. Un document qui se veut facilitateur.
"On parle souvent de bien-être animal, mais on se soucie moins du bien-être de l'éleveur", déplore Nicolas Declomesnil, élu des Chambres d'agriculture de Normandie (Can). Face à ce constat partagé par de nombreux agriculteurs de son secteur, le président de l'antenne de Vire et les élus du groupe territorial Bocage ont œuvré pour produire un guide de la qualité de vie et des conditions de travail en agriculture. "Ce guide est pensé tel un annuaire de tout ce qui existe en matière de bien-être et d'équilibre. L'idée n'est pas de tout activer, mais d'avancer avec des outils", décrit Céline Collet, chargée de mission RH pour les Chambres.
L'équilibre résulte d'un tout
Au fil de la trentaine de pages, on y retrouve un quiz d'auto-positionnement, des contacts, des témoignages, le tout réparti à travers sept thématiques : l'environnement de travail et la santé ; les compétences et le parcours professionnel ; l'équilibre vie privée et vie professionnelle ; la projection vers l'avenir, l'ouverture et la communication vers la société - "les relations avec le voisinage ressortent de plus en plus dans les discussions", confie Céline Collet - ou encore les relations au travail et le management, ainsi que les contacts et les relations avec son territoire et enfin, l'exercice du travail, conditions et organisation. Pour définir ses points, le groupe territorial Bocage, composé d'une dizaine d'agriculteurs, s'est réuni pour "des regards croisés".
Les Chambres d'agriculture veulent "capitaliser sur la démarche viroise pour l'exporter sur d'autres secteurs" et elles entendent faire vivre le document numérique avec l'apport d'autres acteurs du territoire.
Prévenir plutôt que guérir
D'après une enquête de la Dares-Drees-DGFP-Insee, menée en 2019, plus de 80 % des agriculteurs travaillent plus de 40 h par semaine et 50 % travaillent entre minuit et 5 h. Une charge de travail et une amplitude horaires qui ont vite fait d'épuiser les corps et les esprits. "Avant, parler de son mal-être, c'était tabou. Maintenant, on le fait plus ouvertement, ce qui permet de davantage s'orienter vers la prévention. 80 % du guide est tourné vers la détection, plus que vers le curatif - même si on l'évoque aussi", admet-elle.
Donner envie pour mieux recruter
"La question du revenu a toujours été centrale. Mais la question de la qualité de vie, peu importe l'âge ou le niveau de carrière, est de plus en plus exprimée", reconnaît Céline Collet. La thématique est d'autant plus prégnante qu'elle intervient dans un contexte de renouvellement des générations. "Pour être attractif, contrairement à avant, il n'y a pas que l'approche technique et la question des revenus qui comptent. Désormais, il faut montrer qu'il est agréable de travailler dans cette ferme", affirme-t-elle. Et ça passe par le temps accordé à la famille, en dehors de la ferme. En 2022, les Services de remplacement (SR) en Normandie ont totalisé 32 070 jours d'activités pour suppléer aux congés. C'est 49 % de l'activité totale, laquelle est "plafonnée par la capacité des SR à répondre à la demande". L'exemple flagrant est peut-être celui du congé paternité. "Avant, les agriculteurs ne se l'autorisaient pas. Maintenant, tout le monde en profite. La famille est au centre de l'équilibre, plus que le loisir en lui-même", note-t-elle.