Jeunes Agriculteurs 27 : rencontre avec Denis Phiquepron, céréalier investi.
Agriculteur au sud d’Évreux, Denis Phiquepron mène sa barque avec confiance et calme. En parallèle de son activité de céréalier, il est co-président des Jeunes agriculteurs de l’Eure. Un rôle apprécié et très prenant pour le trentenaire.
Depuis mars 2022, il est le nouveau co-président des Jeunes Agriculteurs de l’Eure (JA 27) : Denis Phiquepron est installé à Chambois (ancienne commune de Thomer-la-Sôgne), au sud d’Évreux. Investi pour le département et l’agriculture locale, l’exploitant de 33 ans ne se voyait pas faire autre chose que cultiver des céréales sur les terres de ses ancêtres. Rencontre.
POURSUITE FAMILIALE
Lorsque l’on met les pieds sur l’exploitation de Denis Phiquepron, à Thomer-la-Sôgne, l’esprit familial se fait tout de suite ressentir. Alors que l’agriculteur de 33 ans est parti livrer du foin non loin de là, la maman s’affaire dans le potager attelé à la maison principale, tandis que le papa arpente les allés d’un œil avisé. Au fond se dessine la bâtisse d’origine, toute de briques parées, qui accueillait jadis les grands-parents paternels. C’est dans ce cadre que Denis a grandi. Un endroit qu’il n’a finalement jamais vraiment quitté. Pour ses études, l’Eurois choisit tout naturellement de s’orienter vers un bac Sciences et technologies de l’agronomie et de l’environnement (STAE) au lycée Édouard de Chambray, à seulement trente minutes du foyer parental. « Je suis revenu assez vite sur la ferme. J’avais la fibre végétale. J’étais de retour tous les mercredis de Chambray, où j’étais interne, pour aider », se remémore-t-il. Il poursuit avec un BTS Analyse, conduite et stratégie de l’entreprise agricole (ACSEA) qu’il n’obtient finalement pas, ce qui ne l’empêche pas de faire en parallèle un CS machinisme au Neubourg. Le timing parfait puisqu’à la fin de ses études, le salarié de son père prenait sa retraite. Une place dont il s’est tout de suite emparé avec motivation et détermination. « On essaye tous de faire la chose pour laquelle on est le plus doué », explique-t-il. Une aventure dans le salariat qu’il conduit pendant près de sept ans avant la reprise des parts sociales à quasi 100 % de l’exploitation familiale et l’installation officielle en 2016.
LA FIBRE VEGETALE, DE PERE EN FILS
Denis Phiquepron le martèle : « je suis resté dans la conduite classique menée par mon père […] je travaille avec les mêmes personnes ». Le trentenaire ne se voyait pas faire autre chose que d’être céréalier. Lui qui ne se dit « pas éleveur pour un rond », se plaît dans les champs. « J’ai une grosse dominante céréales et un peu de cultures industrielles avec le colza et le lin (environ 30 %) […] C’est une exploitation typique du plateau de Damville-Saint-André. » Jadis, la ferme initiée par son grand-père, qu’il décrit comme « une exploitation d’après-guerre classique », était en polyculture élevage avec des vaches laitières. Son père décide finalement de la passer en conduite 100 % végétale et d’abattre l’ancienne étable. Aujourd’hui, Denis perpétue l’assolement et détient 240 ha de surfaces céréales oléo-protéagineuses (Scop). Il a monté en parallèle une SARL pour des prestations de services. « J’essaye de suivre l’évolution : mettre moins de phytos, recourir davantage aux nouvelles technologies telles que les GPS, histoire de nous faciliter la vie au quotidien. » S’il vient en aide régulièrement auprès du cousin de son père – et réciproquement –, Denis Phiquepron aime à se dire qu’il « fonctionne en autonomie ». Il lui arrive toutefois d’embaucher un saisonnier lors des moissons, des déchaumages et des semis et ils ont investi dans une moissonneuse à deux avec son grand cousin, installé à une dizaine de kilomètres seulement.
PERPETUER TOUT EN MODERNISANT
Ce qui tient particulièrement à cœur au jeune agriculteur, c’est d’optimiser son temps et trouver un bon équilibre. Alors qu’il arrive en fin de parcours installation, – « j’ai touché mon solde début juin », s’exclame-t-il à ce propos – il revient sur les multiples projets déjà menés : depuis 2016, Denis n’a eu de cesse de se simplifier le travail quotidien notamment côté rangement des machines afin que « de se dégager plus de temps libre. » Il a également aménagé les bâtiments de stockage en passant de cellules à un rangement à plat et il a investi dans un tout nouveau local phytos en 2017 « pour remplacer l’ancienne installation qui était vétuste. » Dernière modernisation en date : l’achat de cuves verticales pour stocker l’azote liquide. « J’ai essayé de faire quelque chose qui soit dans les normes des années à venir », remarque-t-il. Avec leur double paroi et une reprise par le haut, « normalement c’est tip top ! ». Au final, 80 % de ses céréales partent à l’export (avec le groupe Soufflet).
L’ENGAGEMENT JA
En parallèle de son activité professionnelle, Denis Phiquepron est engagé auprès des JA du département depuis son installation en 2016. « Cela s’est fait par affinités, via des voisins et des anciens copains de lycée, se remémore-t-il, l’idée c’était ne pas rester enfermer dans ma ferme. S’il n’y avait pas ça, je ferais autre chose. » Très rapidement, après seulement six mois d’adhésion, on lui confie un poste à responsabilités : « j’ai remplacé le président du canton du sud-est. J’ai enchaîné deux mandats de deux ans. Suite à ça, j’ai fait deux ans en tant que trésorier départemental […]. Je me suis vite passionné pour prendre des responsabilités. Quand on est simple adhérent, je trouve que l’on tourne vite en rond. » Un engagement qu’il poursuit toujours plus puisque, depuis mars 2022, il est le nouveau co-président du syndicat départemental. Une activité qui lui prend en moyenne deux jours par semaine. « On participe et on est au courant de plus de choses. Ça ouvre plus de portes ! », reconnaît-il avec enthousiasme. Denis Phiquepron aime particulièrement travailler aux opérations de communication positive et « fédérer, discuter ensemble et défendre notre métier. » Mais plus que tout, il entend former la nouvelle génération des JA… Même si ces derniers lui rappellent inexorablement le temps qui s’écoule : « quand on fait une assemblée générale et qu’il y a certains jeunes qui n’ont même pas connu la coupe du monde de 98, ça fout un peu une claque », s’amuse-t-il.