Journée interactive de travail et de réflexion.
Ironie du sort, c’est la date du 7 mars que les anciens exploitants retraités de l’agriculture, avaient choisie pour tenir leur congrès national annuel. Grèves et manifestations ont eu raison de sa tenue en présentiel. En revanche, et loin d’être rebutés par la technique c’est en visio-conférence que s’est déroulée leur journée nationale. Retour sur cette séance interactive.
DES CHIFFRES ET DES CONSTATS
Au 30 juin 2022, on dénombrait 1 093 000 retraités agricoles en France. Parmi eux 63 % des retraités agricoles non-salariés sont d’anciens chefs d’exploitation et 37 % sont membres de la famille. Depuis 2021, 3 100 personnes non-salariés agricoles ont pris leur retraite et l’on sait que près de 50 % des chefs d’exploitation, en activité aujourd’hui, auront atteint l’âge de la retraite d’ici 2026. Autant de chiffres et de constats déjà actés par la section nationale. Ils ont servi à alimenter les débats autour de deux questions : comment conjuguer la transmission d’exploitations agricoles et le renouvellement des générations et comment accueillir et retenir les nouveaux retraités dans les sections dédiées aux anciens exploitants ? Pas de méthode exhaustive pour y répondre, mais deux axes semblent émerger : le combat syndical et la stratégie.
UN COMBAT ET DES VICTOIRES
Hélène Baud, la présidente nationale de la SNAE, n’était pas peu fière, et à juste titre, de rappeler que 2022 a été marquée par une victoire syndicale historique concernant le calcul de la retraite sur les 25 meilleures années. Cette décision était attendue depuis plus de 20 ans, des années de lutte pour l’équité de traitement des agriculteurs avec les autres catégories socioprofessionnelles. Reste à ce que ce projet, adopté à l’unanimité tant par l’Assemblée nationale que le Sénat, soit mis rapidement en application. On peut craindre que tout retard aurait pour conséquence un blocage des départs en retraite et freinerait également les installations. D’autres « chantiers » retiennent aussi l’attention de la SNAE. On note entre autres l’évolution de la future réforme des retraites, au cœur de l’actualité ce 7 mars. Aude Fernandez, juriste aux affaires sociales de la FNSEA, en a fait une présentation complète revenant notamment sur : les différents scénarios pour l’application des 25 meilleures années, le report de l’âge légal, la pénibilité et le maintien des départs anticipés pour carrières longues, l’obtention de droits supplémentaires dans le cadre du cumul emploi retraite, l’uniformisation des assiettes des cotisations sociales CSG-CRDS pour en basculer une partie sur la retraite. Par ailleurs, après un premier coup de pouce obtenu depuis le 1er janvier 2022 pour les membres de la famille de l’exploitant à carrière complète : conjoint participant ou collaborateur, aides familiaux et faisant passer la retraite minimale de 555 € à 741 € par mois, la SNAE estime équitable et revendique qu’elle atteigne 75 % du SMIC (soit 967 € en 2022). Enfin, la fracture sociale créée par le numérique, la dépendance, etc. seront aussi au menu des actions de la SNAE pour 2023.
ELABORER UNE STRATEGIE
L’après-midi s’est déroulé sous la forme d’une table ronde interactive, voire très active et qui avait pour thème « comment accompagner au mieux la moitié des agriculteurs qui vont partir à la retraite d’ici 10 ans ». En préambule, la présidente Hélène Blaud précise qu’en France les séniors vivent de plus en plus longtemps et en bonne santé. Parallèlement, le passage à la retraite est à la fois un moment d’inquiétude et de satisfaction mettant en lumière deux aspects de cette mutation. L’un est économique : comment transférer son exploitation et réaliser toutes les formalités liées à ces modifications ? En effet, la SNAE ne cesse de rappeler combien l’anticipation est une des clefs de la réussite d’un passage en retraite. Le second aspect se veut plus social : comment vivre sa retraite, se sentir utile et identifier ses besoins. Invités, Luc Smessaert, administrateur de la FNSEA - président de la Commission sociale et Jaqueline Cottier, ancienne présidente de la section nationale des agricultrices – future retraitée, se sont joints aux échanges. Comment attirer ces nouveaux retraités ? De nombreuses pistes ont été envisagées : identifier de nouveaux besoins et donc de nouveaux services, dépoussiérer la terminologie anciens exploitants... Il est vrai que plusieurs générations de retraités se retrouvent ensemble. S’il faut parvenir à mieux les identifier et aller à leur rencontre pour comprendre leurs aspirations, la majorité des participants s’est attachée à dire que le groupe devait rester unique et uni. D’ailleurs, le plus beau cadeau de bienvenue, que les anciens exploitants ont fait aux futurs retraités, n’est-il pas ces 25 meilleures années qui bénéficieront aux futurs retraités et non pas à tous ceux qui ont défendu et porté ce projet depuis plus de 20 ans ? Pour jacques Viel, nouvellement élu à la tête de la section départementale des anciens exploitants de l’Eure, et son bureau « la force et la reconnaissance d’un groupe passent certes par son importance, son action, son ambition, mais aussi par sa solidarité ». Enfin, « un état des lieux » des besoins, fonctionnements et priorités des anciens exploitants est d’ores et déjà organisé par Hélène Hertgen, en charge des anciens exploitants à la FNSEA. Courant 2023, elle sillonnera la France à la rencontre de leurs responsables départementaux.