La Ferme du Louvier a ouvert un relais postal.
Depuis deux semaines, trois exploitations agricoles de l'Eure participent à une expérimentation de La Poste.
Pour faire face aux réductions budgétaires et la baisse des envois postaux, La Poste multiplie les fermetures de bureaux de Poste dans les villes et les villages. Malgré tout, pour continuer sa fonction de service public, l'entreprise nationale s'est lancée dans l'ouverture d'agences postales dans des mairies, des commerces, des cafés, etc. Dernièrement, elle vient de compléter sa gamme avec une expérimentation dans des exploitations agricoles en partenariat avec la Chambre d'agriculture et son réseau Bienvenue à la ferme. Dix points relais ont été déployés dans l'Hexagone dont trois dans le département de l'Eure à La Ferme de Lethrosne à Le Plessis-Grohan, au Rucher de Cantiers à Vexin-sur-Epte et à La Ferme du Louvier à Bâlines. Les seules exploitations en Normandie.
"On apporte une amplitude horaire"
À quelques kilomètres du Center Parcs, Patricia Auffret et son mari Max gèrent la Ferme du Louvier à Bâlines depuis 2001 : " sur 160 hectares en polycultures, nous élevons aussi des porcs et des volailles en plein air. Nous en faisons abattre toutes les semaines et ils sont transformés dans notre laboratoire de 400 m2. Nous commercialisons après nos produits chez des revendeurs parisiens, auprès de restaurateurs et dans notre boutique de 100 m2 où nous proposons aussi les marchandises de 80 autres producteurs majoritairement locaux. Avec nos quinze salariés, nous faisons aussi traiteur à la ferme et à l'extérieur jusque dans l'Île-de-France. Nous sommes ouverts du mercredi au samedi ", explique l'exploitante. Car " la rentabilité reste compliquée et qu'il faut faire quinze bulletins de salaire chaque mois ", le couple a accepté d'ouvrir en plus un point relais La Poste " malgré une légère réticence au départ, même si nous avons déjà une consigne Pickup, un emplacement qu'on loue à La Poste. Je ne pensais pas être dans une zone de désertification. Nous sommes sur la N12 entre Tillières-sur-Avre et Verneuil-sur-Avre où il y a plein de services. Après un échange, j'ai accepté pour apporter un service supplémentaire à mes clients qui demandent toujours plus. Cela peut nous apporter plus de visibilité pour les faire venir à la ferme. Il ne faut pas s'endormir sur nos lauriers et être à l'écoute. Il faut proposer plein de choses pour les faire revenir. Je ne dis pas que c'est facile, mais là c'est sans contrainte pour nous ", explique l'exploitante. Ainsi, depuis deux semaines, avec ses vendeuses, " nous vendons des timbres, des pré affranchis et des recommandés. Toute l'équipe a été formée. Maintenant, c'est récent. Nous avons fait peu d'opérations pour le moment. Il faut que les gens s'habituent. Ils nous disent tout de même que c'est super ! Nous avons signé pour trois ans et après on verra, car notre métier c'est avant tout la ferme. Il ne faut pas perdre notre identité. Je veux seulement que les gens se sentent bien ici ".
Compléter les zones blanches de La Poste
Pour Frédéric Bonté, directeur Ressource et Transformation à La Poste, " ce dispositif est un apport de proximité pour nos clients. Nous allons où nous n'avons jamais été présents. Ce sont de nouveaux espaces. Nos critères sont d'être dans des fermes d'abord qui le souhaitent et qui ont une capacité d'accueil importante dotée d'une boutique avec des heures d'ouverture larges. Après, ils proposent des produits du quotidien, les plus utilisés suite à une formation sur la réglementation et une commerciale. C'est une expérimentation d'une année. Nous ferons un bilan à l'été prochain. Pour le moment, le retour est positif, car nos clients sont satisfaits. Ils disent gagner en temps et en distance. Les exploitants gagnent eux de la clientèle ".