La méthanisation en cale sèche.
défendons une production agricole qui nourrit les hommes et les
animaux. Ce n’est pas négociable ».
« Nous suspendons tout dossier de financement en attendant la mise en place d’un dispositif de contrôle. Ce n’est pas un arrêt définitif, c’est une suspension. »
Avis de tempête sur la filière méthanisation en Normandie. Son président Hervé Morin, accompagné de Clotilde Eudier (vice-présidente en charge de l’agriculture, de la pêche et de la forêt) et Hubert Dejean de la Bâtie (vice-président en charge de la transition environnementale et énergétique), ont tenu ce mardi une conférence de presse pour annoncer cette restriction. Il ne s’agit pas d’un changement de cap mais d’un coup de semonce adressé à l’Etat afin qu’il fasse respecter la règle des 15 % du plafond maximal en tonnage brut des intrants pour l’approvisionnement du digesteur.
Concrètement, c’est Radio Campagne qui a joué le lanceur d’alerte avec par exemple du maïs ensilage proposé ou commercialisé à hauteur de 2 500 €/ha, voire plus, contre 1 500 €/ha en normatif. Une spéculation qui irrite l’exécutif régional. « Je refuse que la méthanisation normande prenne un virage à l’allemande et qu’elle devienne la rémunération principale de l’exploitation agricole », a martelé Hervé Morin. La méthanisation a pourtant le vent en poupe et s’inscrit dans la transition énergétique. Depuis le lancement en 2018 du plan Méth@Normandie, en partenariat avec l’Ademe, l’Etat en région (Dreal, Draaf) et avec l’appui des acteurs tels que Biomasse Normandie, la Cran (Chambre régionale d’agriculture) et les syndicats d’énergie, 188 unités sont sorties de terre pour une production annuelle de 820GWh (gigawatt heure) à partir de 2 Mt de biomasse.
188 UNITÉS EN NORMANDIE 20 EN SUSPENS
« Un objectif au-delà de nos projections », souligne Hervé Morin. Montant de l’enveloppe allouée (Région + Europe) : 50 M€.
L’an dernier dans un courrier, le président de Région demandait au préfet « la mise en place de contrôles plus rigoureux pour éviter les dérives ». Plus rigoureux en tout cas que le simple déclaratif face à des critères d’éligibilité fixés dans le marbre. Un courrier sans suite tangible apparemment, alors bis repetita. La semaine dernière, nouveau courrier, avec en plus l’annonce de l’arrêt immédiat de l’instruction par la Région de tous les dossiers en cours. Une vingtaine de cas serait concernée. Peut-être de quoi faire bouger les lignes espère t-on du côté de l’Abbaye aux Dames. « L’Etat, en charge de la police, doit mettre en place des moyens de contrôle comme sur la PAC. » Fin de citation !