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La Normandie s'interroge sur la méthanisation de demain.

Les acteurs du plan Métha'Normandie ont organisé, mardi 17 décembre à Caen, les quatrièmes rencontres régionales de la méthanisation. Entre conférences, ateliers et stands libres, le rendez-vous a réuni plus de 460 personnes désireuses d'en savoir plus sur l'avenir de la filière dans la région.

"Le sujet, c'est de réfléchir à la méthanisation que l'on veut demain. Quels modèles pour en garantir l'acceptabilité ?", a résumé Sandrine Mésirard, directrice énergie et environnement à la Région Normandie, lors du lancement des Rencontres régionales de la méthanisation. Le rendez-vous s'est tenu, mardi 17 décembre au Centre de congrès de Caen. Il a accueilli 436 personnes tout au long de la journée, preuve étant que le sujet intéresse et questionne. Plus de 60 entreprises du secteur de l'énergie ont fait le déplacement et divers ateliers pratiques ont eu lieu l'après-midi avec des cas concrets.

Constat

La France a pour ambition de devenir "le premier grand pays industriel à sortir des énergies fossiles", indique le gouvernement, et ce, à horizon 2050. Vœu pieux ou projet réalisable ? "Si l'on veut tendre vers la sobriété, il faut une baisse de la consommation d'énergie finale de 30 % d'ici 2030", constate Yves Leroux, professeur à l'École nationale supérieure en agronomie et industries alimentaires (Ensaia) dans l'Est de la France. L'établissement est doté d'une unité de méthanisation avec des vaches laitières et des panneaux agrivoltaïques. Nancy, nous sommes de fervents partisans de la méthanisation qui peut participer au développement des territoires", ajoute-t-il. L'universitaire est revenu sur les prérogatives de la Programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE-3), en introduction de la journée. Sur les 1 510 unités de méthanisation en injection présente dans l'Union Européenne, 720 se situent dans l'Hexagone, "soit ¾ de la dynamique européenne depuis 2017, indique-t-il. Mais il faudra multiplier la production par trois d'ici 2030 et par six d'ici 2050 si l'on veut atteindre les objectifs."

Hausse énergétique, baisse de l'élevage ?

"On a besoin de toutes les énergies, pas que le nucléaire. L'agricole a aussi une place à avoir. [...] La dynamique est très ambitieuse. Ces objectifs ne pourront pas être couverts sans hypothèse de rupture avec des tensions qui arrivent", alerte l'expert. Face à ce constat, Yves Leroux questionne le devenir des filières animales et les pressions autour des drèches et de la pulpe. Dans le scénario Afterres 2050, publié par Solagro en septembre 2024, une baisse forte des filières animales, préconisée entre 35 et 50 %, est avancée, notamment car plus de 80 % des surfaces agricoles sont dédiées à l'alimentation animale. Des propos qui font bondir les éleveurs dans la salle. "Le problème, c'est que la valorisation est faite par la bureaucratie. On ne peut pas accepter que l'élevage soit encore réduit. Il faut surtout travailler sur la valeur ajoutée. On ne peut pas se contenter de ces scenarii, il faut protéger l'actif de la nation", martèle un participant. "Il faut augmenter l'efficacité alimentaire. [...] Il faut une démarche systémique et éviter l'approche en silo. Il est impératif de mettre tous les acteurs autour de la table", suggère le professeur, en complément d'autres leviers zootechniques.

"Cette tension fait que les entreprises du territoire ont compris que la seule façon de décarboner rapidement, c'est l'agricole."

L'agriculture au cœur du réacteur

En Normandie, la marche est activée. "Lorsque le Sraddet a été adopté en 2020, nous avions pour objectifs 1,7 TWh. Nous sommes plutôt pas mal avec 56 % d'atteinte de cet objectif en 2024. Mais la PPE-3 prévoit 44 TWh au national, soit trois fois plus par rapport à ce qui est prévu. On va devoir réviser l'objectif normand ces prochains mois pour être au niveau", constate Sandrine Mésirard. Pour ce faire, 7,5 millions d'euros sont alloués par le Feder (fonds européen). La Région et les acteurs du plan Métha'Normandie veillent à "développer une méthanisation pleinement ancrée dans les territoires, ce qui pose la question de la ressource. Nous sommes vigilants à ce qu'elle soit correctement utilisée. Il faut une méthanisation au service de l'agriculture et pas l'inverse. La production agricole doit rester l'activité principale". "Notre positionnement, c'est de ne pas confronter méthanisation et élevage car ça a des intérêts sur le territoire pour la biomasse. Les agriculteurs sont les incontournables. Sans eux, la méthanisation ne peut pas avoir lieu. Nous sommes au centre de l'échiquier. Il faut que les agriculteurs détiennent le capital", argumente Guillaume Larchevêque, vice-président de la Chambre d'agriculture de l'Orne.

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