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La vénerie sous terre et le piégeage, des chasses à part entière.

Modes de chasse méconnus, la vénerie sous terre et le piégeage servent les hommes et régulent la nature.

© DR.

Pour aborder un sujet sur la chasse, il faut tout d’abord rappeler l’essentiel. Dans l’Eure, la Fédération des Chasseurs compte 15 000 titulaires du permis pour un territoire « où l’on peut pratiquer tous les modes de chasse avec tous les types de gibiers. Nous avons 130 000 hectares boisés pour les grands gibiers, des plaines favorables aux petits gibiers et une grande zone humide dans le nord-ouest du département qui permet de chasser les oiseaux migrateurs, avec une tradition de chasse de nuit. Nous faisons partie des 26 départements de l’Hexagone dans cette configuration. L’Eure, un département varié tant par ses paysages, que par ses chasseurs et gibiers », rappelle Nicolas Gavard-Gongallud, le directeur de la Fédération des chasseurs de l’Eure.

 

4 % DES CHASSEURS SONT DES AGRICULTEURS

Comme le veut ce virelangue, « un chasseur sachant chasser sans son chien est un bon chasseur ». Et pour cela, il doit être titulaire d’un permis, « un examen difficile avec un niveau d’exigence qui a augmenté », comme le spécifie le directeur. Chaque chasseur doit aussi s’acquitter d’une validation annuelle. Cependant, parfaitement en règle, le chasseur ne peut pas tirer où il veut : « dans l’Eure, il y a peu de forêts domaniales, et beaucoup de bois et de terrains sont privés. C’est une spécificité de notre département par rapport aux autres territoires normands. Il ne doit donc pas y avoir de problème avec les autres utilisateurs de la forêt, car nous sommes dans un cadre réglementé sous le contrôle de celui qui a le droit de chasse, et où toutes les règles de sécurité doivent être appliquées et respectées. D’ailleurs, les accidents sont peu nombreux. On est passé d’une vingtaine à sept en France l’année dernière pour cinq fois plus de balles tirées », complète Nicolas Gavard-Gongallud. Compte tenu de toutes ces diversités, les chasseurs viennent de tous les milieux sociaux et économiques « dont 4 % sont des agriculteurs et 2 % des femmes ».

 

UNE PASSION SANS ARME A FEU

La chasse ne se déroule pas uniquement avec une arme à feu ou encore muni d’une attestation pour chasser à l’arc. La vénerie sous terre est une chasse à part entière sans arme : « on chasse le blaireau, une espèce chassable, le renard, classé nuisible dans le département de l’Eure et le ragondin, reconnu espèce invasive. Le principe de la vènerie sous terre, aussi appelée déterrage, est de chasser le blaireau ou le renard dans les galeries qu’il creuse dans le sol. Elle se pratique en équipages et avec des chiens. Ces animaux, rappelons-le, créent énormément de dégâts tant chez des privés que dans les collectivités. On intervient sur invitation et également sur nos territoires. Ça consiste à pousser l’animal dans l’extrémité de son terrier, de creuser sans engin mécanique pour l’attraper et pratiquer une mise à mort rapide et sans douleur selon la technique du Matador comme dans les abattoirs. Nous ne faisons pas souffrir les animaux. Bien entendu, un profond respect de l’animal chassé doit être observé, comme dans chaque mode de chasse. Nous jouons notre rôle d’unique prédateur contre des espèces dont les populations se multiplient sans cesse », explique Christophe Capelle, le président de l’Association des Déterreurs de l’Eure. Avec environ 300 pratiquants dans le département, cette chasse ne nécessite pas de formation spécifique. Il faut avoir un agrément délivré par la Fédération des chasseurs de l’Eure et de l’Association des équipages de vénerie sous terre. « C’est une chasse historique, traditionnelle qui fait partie de notre patrimoine. Une chasse utile, avec de plus en plus de demandes, notamment des agriculteurs pour faire face aux nombreux dégâts », poursuit Christophe Capelle.

 

LE PIGEAGE, UN MODE DE REGULATION NECESSAIRE

Pour lutter contre les Esod (Espèces susceptibles d’occasionner des dégâts), il existe aussi le piégeage géré dans le département par l’Association de gestion et de régulation des prédateurs de l’Eure (AGRPE 27) qui fête ses 30 ans. « Ce n’est pas un mode de chasse. Ici, il n’y a pas besoin de permis, mais il faut suivre une formation de deux jours pour obtenir un agrément délivré par la préfecture qui permet de piéger sur tout le territoire national », indique Winston Bonnet, le président de l’AGRPE 27. Avec une délégation de droit de destruction d’un propriétaire privé ou public, une déclaration en mairie obligatoire et avec l’utilisation des pièges autorisés, le piégeur peut ainsi attraper dans l’Eure ces espèces Esod classées en trois groupes par arrêtés ministériels et préfectoraux. Ainsi certaines espèces sont « gérées par le département : les lapins de Garenne, les sangliers et les pigeons ramiers. D’autres espèces concernent plus particulièrement les chasseurs ; celles classées par arrêté ministériel triennal sur proposition du préfet et après avis de la formation spécialisée départementale, il s’agit des renards, des fouines, des corvidés et des étourneaux. Sans oublier un dernier groupe, celui des espèces invasives dont les oies bernaches, les ragondins, les rats musqués, etc. C’est une pratique « curative et préventive », qui régule les animaux qui causent des dégâts importants. On travaille beaucoup à la demande et quasiment tous les jours sur des terrains ou dans des bâtiments. « C’est une école de la nature, le piégeage n’est pas un loisir, mais un mode de régulation nécessaire et discret », aime à rappeler Winston Bonnet. Elle a prouvé son efficacité, car en 2021, 2 712 ragondins, 2 397 corneilles noires, 2 086 renards ou encore 517 fouines ont été capturés. Au global, pour tous ces interlocuteurs, « la chasse est absolument nécessaire, car l’homme doit jouer le rôle de régulateur pour une nature qu’il a façonnée ». Et, le réchauffement climatique va selon eux accentuer les choses, « car les mammifères ont un taux de reproduction plus élevés ou encore les oiseaux migrateurs sont là plus tôt et plus longtemps. Les animaux s’adaptent. C’est à nous aussi de nous acclimater », souligne Nicolas Gavard-Gongallud.

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