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Le chanvre, la solution de demain pour les rotations ?

La Ferme de la Villedieu entre dans la filière expérimentale de la culture du chanvre. Le chanvre est l’une des premières plantes domestiquées par l’homme dès le Néolithique à la fois pour ses fibres solides, ses graines oléagineuses nourrissantes et les propriétés médicinales de sa résine. Tombé au fil des siècles en désuétude et notamment avec la croissance exponentielle du marché du coton, des coopératives s’associent aujourd’hui pour le remettre au goût du jour, car il faut l’avouer ses avantages sont nombreux. La Ferme de la Villedieu à Mesnil-sur-Iton a choisi d’en cultiver trois hectares cette année pour participer au développement de cette filière expérimentale.

Une machine a été développée spécialement pour le fauchage.
Une machine a été développée spécialement pour le fauchage.
© agri_zoom

CULTURE DE PRINTEMPS QUI RENTRE DANS LES ROTATIONS

La Ferme de Villedieu est dirigée par Nicolas Steiner et son épouse Nadège Petit. Sur 250 hectares, en grandes cultures (blé, orge, blé dur, colza, colza érucique, luzerne), « c’est à partir de 1975 que mon père s’est lancé dans le lin. Aujourd’hui, nous produisons vingt hectares de lin de printemps et 20 hectares d’hiver classiquement. Comme tout le monde, nous étions à la recherche d’une culture de printemps qui fonctionne bien. Comme il y a peu d’usines, de betteraves et d’élevages sur notre plateau, nous avons opté pour le chanvre qui rentre dans nos rotations. Agronomiquement, il s’intègre parfaitement sur nos parcelles sales pour désherber les adventices des cultures d’automne. En plus, quand on est liniculteur, on est limité par notre assolement où le lin ne peut revenir que tous les 6 à 7 ans sur la même parcelle. Alors, le chanvre pourrait s’intercaler », explique celle qui a repris l’exploitation familiale. Et en plus de ces deux avantages, Nadège Petit met en avant sa résilience à la sécheresse, son faible besoin en intrants, « et même si la semence est chère, une fois semé mi-mai, il pousse tout seul et demande peu de travail. Nous l’avons fauché mi-août et après le rouissage, il sera récolté fin septembre début octobre. Je vais le voir régulièrement. Il sèche et change de couleur. Le dernier argument est que nous pouvons amortir notre matériel utilisé pour le lin puisque pour le récolter, c’est la même technique. Il a fallu seulement utiliser la machine spéciale prototypée par un constructeur et prêtée par la coopérative pour couper la tête et le pied en deux andins pour obtenir de la fibre courte », détaille Nadège Petit.

 

AUGMENTER LA SURFACE DE FIBRES

L’agricultrice avoue prendre du plaisir dans ces expériences, « car nous sommes curieux de nouvelles cultures. La culture du chanvre a été plutôt satisfaisante avec de bons semis et une hauteur correcte. Est-ce la chance du débutant ? Comme tout en agriculture, ce n’est pas parce que ça marche une année que ce sera le cas la deuxième. C’est vraiment un essai que nous renouvellerons l’année prochaine. Mais, avant, il faut aussi un retour financier. Nous n’aurons les résultats qu’après le teillage et bien sûr quand les filasses seront vendues. Et là, la filière n’est pas structurée et le prix n’est pas fixé. Il n’y a pas de produits finis. Pour finir, nous n’avons aucune idée si économiquement c’est intéressant. Ce que je peux dire, c’est que le chanvre ne sera pas un concurrent au lin et agronomiquement, il nous intéresse », complète Nadège Petit.

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