Le CSP collectif : ce qu'en pensent les agriculteurs.
La Chambre d'agriculture de Normandie organise quelques sessions de conseil stratégique phytosanitaire collectives. Près de 18 000 agriculteurs normands doivent valider un CSP avant fin 2023. En groupe ou en individuel.
Le CSP, il faudra y passer. Tous les agriculteurs - excepté les bios et les HVE3 - doivent avoir suivi un conseil stratégique phytosanitaire d'ici fin 2023, condition sine qua non pour renouveler leur certiphyto. Le calendrier réglementaire astreint les exploitants à avoir bénéficié de deux CSP par période de cinq ans, avec un intervalle de deux à trois ans entre les conseils. Le CSP est imposé dans le cadre de la loi séparant le conseil et la vente des produits phytos. En Normandie, 18 000 agriculteurs sont sur la liste. « Nous en avons passé 300 en 2022 », chiffre Samuel Hardy, responsable de l'antenne plaine. Alors, pour avancer plus vite, la Chambre d'agriculture teste des rendez-vous en groupe, comme c'était le cas lundi 19 décembre, de 9 h à 17 h 30, à Ifs (14).
QUI SONT LES MEMBRES DU GROUPE
Les douze agriculteurs présents se connaissent. Ils sont membres du Syndicat économique agricole (SEA), créé en 1985. Les sièges d'exploitation se situent entre Saint-Martin-de-Fontenay, Estrée-la-Campagne et Falaise. « Nous avons l'habitude de réfléchir entre nous », remarquent les participants. Samuel Hardy souligne des « enjeux communs forts » au sein d'un « groupe homogène ». Le matin, les participants ont appréhendé la partie usage des phytos et réalisé un diagnostic sur les deux dernières campagnes complètes. Ils ont ensuite entamé une réflexion sur les « enjeux désherbage » notamment, mais aussi sur la gestion des maladies ou des ravageurs. « L'objectif du CSP est de tendre vers une réduction d'usage des produits phytosanitaires, avec les difficultés d'aujourd'hui », répète Samuel Hardy.
« LE CSP ENFONCE DES PORTES OUVERTES »
« Est-ce qu'on emploie judicieusement des produits phytos ? Oui, tous les jours ! » assènent les participants. Pour eux, l'exercice « n'apporte pas beaucoup, car il nous fait réfléchir à ce que l'on fait déjà ». Au fil de la journée, des idées émergent, mais rien de bien nouveau sous le soleil de la plaine de Caen. « Nous n'avons pas attendu pour penser nos stratégies, comme par exemple l'achat d'un broyeur de graines derrière la moissonneuse, ou la mise en place de faux semis. » Ils s'accordent cependant sur le fait que les membres vont se revoir et auront l'occasion de faire un bilan des idées émises en cette fin d'année.
QUID DU SAV DU CSP ?
Samuel Hardy interroge : « comment rendre un exercice individuel attrayant en collectif ? » Si l'exercice en groupe a bien fonctionné, tous insistent sur le fait qu'ils constituent un groupe homogène, qui a l'habitude de travailler ensemble. Et que « les solutions imaginées ne sont pas duplicables partout ». Ils poursuivent, d'un commun accord : « en groupe, on ressent moins le CSP comme la bonne parole que s'il était fait de manière individuelle ». En individuel, les agriculteurs s'interrogent sur la pertinence de venir une fois chez quelqu'un, de lui prodiguer des conseils sans retourner le voir avant deux ou trois ans. « Le risque, c'est qu'il ne se passe pas grand-chose. Car en désherbage, un échec s'il n'est pas fatal, peut se ressentir plusieurs années. » Samuel Hardy corrobore : « les gens peuvent avoir peur de bouger. Il faut du suivi et de l'accompagnement pour mettre en oeuvre les pistes du CSP ».