Le GIP CCA Normandie : un nouvel outil pour stopper la gangrénisation foncière.
L’association de Préfiguration du Groupement d’Intérêt Public pour la Compensation Collective Agricole en Normandie vient d’être portée sur les fonds baptismaux. Objectif, compenser la gangrène que représente la consommation des terres agricoles : 16 563 ha en Normandie de 2008 à 2018.
Bruneau (président de la communauté urbaine Caen la Mer),
Hervé Morin (président de la Région Normandie), Jean-Yves Heurtin
(président de la Chambre d’agriculture du Calvados) et Jean-
Louis Belloche (vice-président de la Chambre régionale d’agriculture
de Normandie).
953 ha dans l’Orne, 2 569 ha dans l’Eure, 4 197 ha en Seine-Maritime, 4 265 ha dans la Manche et 4 579 ha dans le Calvados. Tel est le bilan alarmant de la consommation de terres agricoles en Normandie de 2008 à 2018. Exprimé autrement, c’est l’équivalent de 177 exploitations de taille moyenne coulées dans le béton ou asphaltées dans le bitume. « A ce rythme, plus un seul hectare de terre agricole en Normandie dans 500 ans », s’est projeté Emmanuel Hyest (président de la Safer de Normandie) qui « se satisfait d’une vraie prise de conscience des élus » à travers la création d’un nouvel outil collectif.
Compenser à défaut de préserver
Dans la lignée du travail déjà engagé autour de la Compensation Collective Agricole, la Région Normandie, la Communauté urbaine Caen la mer, la Safer de Normandie et les Chambres d’agriculture de Normandie ont présenté, vendredi 26 mars, leur nouvelle Association de Préfiguration du Groupement d’Intérêt Public relatif à la Compensation Collective Agricole en Normandie (GIP CCA Normandie). Ce temps fort a été l’occasion d’échanger sur ce projet d’envergure, en faveur de la préservation de l’économie agricole normande et de l’accompagnement des maîtres d’ouvrages. « Une force de concertation, une force de capitalisation avec un caractère paritaire qui proposera un catalogue de mesures simplifiées », prédit Jean-Yves Heurtin (président de la Chambre d’agriculture du Calvados). « Il s’agit de remettre de la valeur ajoutée sur le territoire », rebondit Jean-Louis Belloche (vice-président de la Chambre d’agriculture de Normandie). Attention cependant, compenser n’est pas une fin en soi. La préservation reste la priorité avec un objectif « zéro artificialisation » dans un autre monde.
15 000 à 20 000 €/ha
En attendant, on évoque des niveaux de compensation de l’ordre de 1,50 à 2 e/m2 ou bien encore de 15 000 à 20 000 e/ha pour mener à bien des projets collectifs visant par exemple à relocaliser certaines productions, favoriser l’autonomie alimentaire, créer des capacités de rétention d’eau... Les idées fusent.
Si Caen la Mer et la région constituent, avec la Cran et la Safer, les pères fondateurs de l’association, « ce mouvement doit devenir régional et toutes les intercommunalités urbaines et rurales doivent s’associer au projet », plaide Hervé Morin (président de Région). « Pour les 48 communes de Caen la Mer, l’agriculture constitue un enjeu fort », juge son président Joël Bruneau.
S’unir pour freiner la consommation d’espaces et parfaire la règlementation fait désormais l’objet d’un consensus politique.