Le groupe Depestèle ouvre une usine de teillage de lin dans le Vexin.
Pour être au plus près des agriculteurs, le leader européen privé du lin a ouvert une usine de 13 000 m2.
La famille Depestèle est linicultrice depuis 1850 à Courtrai en Belgique. Elle est arrivée au Bocasse (près de Rouen) en 1949 sur vingt hectares. Depuis, de génération en génération, l'exploitation s'est agrandie jusqu'à devenir un groupe, premier teilleur privé d'Europe après le rachat du Teillage Vandecandelaere à Bourguébus (Calvados) et depuis quelques semaines, l'ouverture de l'Usine de teillage du Vexin à la Saussay-en-Campagne (proche de Gisors).
100 % DE LA PLANTE EXPLOITEE
Le groupe embauche aujourd'hui 150 personnes. Son développement passe par les champs et « la promotion de cette plante et cette fibre qui a le vent en poupe. Nous travaillons la fibre longue et courte pour le textile et la papèterie, les anas (fragments de l'écorce) pour la litière à chevaux sous notre marque Ecoplast ou le paillis de jardins, les graines pour les semences et l'huile, la poussière pour la méthanisation ou encore les racines comme biomasse. Notre lin sert aussi dans les Rovings (faisceaux de fibre) pour des recherches chez Porsche, Tesla et McLaren sur les F1, car il est aussi résistant que la fibre de carbone, mais à l'avantage de ne pas s'éparpiller en mille morceaux en cas de choc. Le lin est la plante et la fibre de demain », explique Margaux Depestèle, responsable communication. Mais, avant, plusieurs phases sont indispensables comme la culture, le rouissage, la récolte et ensuite le teillage qui consiste à séparer les graines des pailles, puis les fibres de la paille et les fibres entre elles. Pour cette dernière opération, il faut des unités de traitement très spécifiques dotées de cylindres cannelés, d'aspirateurs et de tambours. Il faut surtout que la plante soit livrée en rouleau par les agriculteurs locaux : « le lin est une plante dite à risque qui pousse en 100 jours où il faut des changements climatiques réguliers. C'est pourquoi la Normandie est le premier territoire mondial en termes de tonnages et en nombre de producteurs avec un marché qui n'est pas à l'équilibre. La demande est de plus en plus forte par rapport à l'offre. Voilà pourquoi, notre politique est de nous développer sur différents secteurs géographiques pour ne pas être dépendant des conditions climatiques et être au plus près des agriculteurs afin de limiter les coûts de transport et réduire l'empreinte carbone. 80 % de nos apports se font à 20 kilomètres à la ronde. On veut se mettre chez eux », spécifie Romain Depestèle, directeur de l'Usine de teillage du Vexin.
MILLE CAMIONS EN MOINS SUR LA ROUTE
C'est en 1995 que le groupe Depestèle arrive sur le secteur du Vexin. Seulement, les collectes étaient envoyées au Bocasse soit à une moyenne de 80 kilomètres : « il n'y avait pas d'usine de teillage plus près. Nous avons toujours promis que lorsque la zone sera assez importante nous implanterons une unité. Il y a cinq ans, nous avons commencé les démarches pour trouver le terrain adéquat. Après environ deux ans de travaux, sur 4,5 hectares et après 20 millions d'euros d'investissements, la nouvelle usine de 13 000 m2 est équipée pour le moment de deux lignes de teillage qui traitera chacune 2 000 hectares annuels. Une troisième verra le jour d'ici 2025. À leurs capacités maximales, toutes les lignes travailleront en 3 x 8 et cinquante personnes seront embauchées. Cette implantation au coeur de ce secteur de production va permettre de passer de 3 500 hectares exploités à 6 000 hectares et retirera 1 000 camions par an sur la route. Et puis, il y a encore beaucoup d'agriculteurs qui n'ont pas intégré le lin dans leurs rotations. C'est aussi notre métier de les persuader que cette culture est rémunératrice », complète Romain Depestèle.