Le long circuit du bio et local en Normandie.
Du 16 au 26 septembre, Bio en Normandie, association régionale membre de la Fédération nationale d’agriculture biologique des régions de France, coordonne une soixantaine de portes ouvertes dans la région.
Evénement national, Manger bio et local en Normandie existe depuis onze ans. « Les agriculteurs ouvrent leurs portes pour faire découvrir leur métier, leur quotidien. Un moyen de mettre en valeur le territoire, de faire connaître l’agriculture biologique et d’expliquer pourquoi c’est plus cher », indique Gladys Legallois, conseillère en restauration collective. 65 événements sont programmés en Normandie : fermes, transformateurs et magasins spécialisés accueillent du public, sous diverses formes. Parallèlement, 42 établissements scolaires font la promotion du bio et du local dans les cantines, du 20 au 24 septembre.
Un nouveau nom
L’association Bio en Normandie est le nom donné aux anciens Groupements régionaux d’agriculture biologique de Haute et Basse Normandie regroupés depuis 2019 au sein de la même structure. Membre de la Fédération nationale de l’agriculture biologique, elle adhère à ses valeurs. Bio en Normandie « soutient le développement de la bio en accompagnant les projets agricoles et alimentaires sur le territoire », précise Elise Landais, chargée de projet manger bio et local.
Un site recense désormais les producteurs en AB en ligne : https://bonplanbio.fr.
La bio en Normandie
2 188 exploitations (+9% // à 2019)
123 387 ha en bio ou en conversion (+ 11,6 % // à 2019)
114 entreprises en aval
1 producteur sur 4 pratique la vente directe
Source : Bio en Normandie, chiffres 2020
Ils sèment des légumes pour raccrocher l’école.
A Beaumesnil, au sud de Bernay, dans l’Eure, l’Ecole des semeurs récupère des mineurs en décrochage scolaire. Autour d’une exploitation maraîchère, elle les forme au CAP primeur. Mercredi 22 septembre, dans le cadre de Manger bio et local organisé par Bio en Normandie, elle ouvre ses portes au moment de la cueillette hebdomadaire.
Dans le château de Beaumesnil, près de Bernay, une jeune école à la pédagogie alternative* a pris possession d’une partie des dépendances. Ce mercredi, les salles sont vides. Trois des quatre élèves assurent le marché hebdomadaire à La Barre-en-Ouche. Sur les murs, on peut lire « c’est en se plantant qu’on sème l’avenir ». La devise résume l’ambition de cette jeune école, fondée par sa directrice, Marie-Cécile Pennequin, en janvier 2020.
Eviter le désŒuvrement
Diplômée d’une école d’ingénieur en bâtiment, Marie-Cécile Pennequin se convertit en 2017 dans l’insertion, via un master. A la fin de sa formation, elle cherche un projet à monter « dans le social, c’est ce que je voulais faire depuis toute petite », et effectue son stage au sein d’une structure à Compiègne, A la bonne ferme, qui s’occupe de jeunes adultes en déshérence via la pratique du maraîchage. Elle est conquise et veut dupliquer le modèle. « On a fait le constat qu’il y avait besoin de créer un lieu intermédiaire pour les jeunes avant la majorité, d’éviter un long désœuvrement », aussi elle décide d’ouvrir une école destinée aux 15-18 ans, « pour les jeunes sortis de collège ». L’école accueille les six premiers élèves deux mois avant le premier confinement. D’horizons divers, l’école accompagne ces jeunes en difficulté sociale. Il y a « ceux qui ont eu une mauvaise expérience en entreprise parce que mal accompagnés », ceux qui ont du mal avec l’apprentissage classique, « parce que les cours sont décorrélés de la pratique », note la directrice. Les jeunes y préparent un CAP primeur (vente de fruits et légumes) en deux ans.
Du temps de travail à valoriser
Ici, les élèves sont en entreprise. L’école possède en effet une surface maraîchère de 1,4 ha, où ils travaillent une fois par semaine, « avec de vraies commandes, des délais à respecter et des prix indexés à ceux du marché », souligne la directrice. « Les jeunes qui viennent ici veulent travailler dehors, faire un métier manuel en lien avec la nature », même s’ils ne connaissent pas tous la bio. Dylan, 18 ans, aide à la plantation des choux, il entame sa deuxième année, « à la fin du collège, je suis allé en apprentissage, ça s’est mal passé avec le patron ». Obligé d’abandonner la formation, le rectorat l’oriente vers l’Ecole des semeurs. « Je suis venu et ça m’a plu ». Il apprécie le fait d’être dehors, de cultiver, de semer, « les profs sont cools, je m‘entends bien avec eux ».
Deux maîtres professionnels assurent les cours théoriques et pratiques. Après son CAP primeur, ce neveu de céréaliers souhaite poursuivre dans le maraîchage. « Les jeunes peuvent valoriser leur expérience ici en temps de travail », observe Marie-Cécile Pennequin. L’école souhaite à terme proposer le diplôme de CAP maraîcher.