Le nombre des GIEE a doublé dans l'Eure et en Seine-Maritime.
Près de 80 agriculteurs normands viennent de se regrouper en plusieurs GIEE pour avancer ensemble sur leurs problématiques.
De nombreux groupes d'agriculteurs se mettent en place pour accompagner les exploitations dans leur transition vers l'agroécologie. Parmi eux les groupements d'intérêt économique et environnemental (GIEE). En Normandie, ils sont au nombre de 31, portés par différentes structures : la chambre d'agriculture, les Civams, le CER, l'Institut de l'élevage.
Quatre collectifs d'agriculteurs viennent d'être déposés suite à l'appel à projet de la Draf. Un dans l'Eure et trois en Seine-Maritime. « Chaque GIEE souhaite travailler sur des problématiques différentes mais il y a toujours le fil rouge qui est la qualité de l'eau », précise Yoann Navasse, responsable des projets agroécologiques à la chambre d'agriculture de Normandie.
Le GIEE « AgriCaux'servation » regroupe 20 exploitations qui souhaitent intégrer des techniques issues de l'agriculture de conservation des sols dans leur rotation avec cultures industrielles (lin, betteraves sucrières,). Les agriculteurs travailleront aussi sur la réduction des intrants à l'échelle du système, avec des objectifs de -30 % pour l'IFT et -25 % pour l'azote minéral. Le groupe est animé par Romain Osmont.
Le GIEE « Solenvi » regroupe une vingtaine d'exploitations localisées dans le Pays de Bray. Le projet de ce groupe animé par François d'Hubert est plus orienté sur la fertilité des sols et sur l'amélioration du potentiel agronomique. Il s'est donné trois défis : consolider le revenu de chaque hectare de culture par la pratique de l'agriculture de conservation, améliorer significativement le bilan carbone des cultures, restaurer une meilleure image des pratiques agricoles auprès du grand public.
LE FIL ROUGE, LA QUALITÉ DE L'EAU
« Ces GIEE sont portés par l'association « Terre en vie » qui travaille sur l'agriculture de conservation. Chaque GIEE a un animateur chargé de mettre en place des réunions techniques, des formations, des démonstrations et des essais. Ce sont des programmes sur plusieurs années, entre 9 et 10 ans », explique Yoann Navasse.
Un autre GIEE vient d'être reconnu également par la Draf : « Sors tes couverts » ce sont 16 exploitations (15 en Seine Maritime et 1 dans l'Eure) portées par l'association régionale de la pomme de terre de Haute-Normandie. Ce groupe animé par Luc Pollet va travailler sur la pomme de terre durant 5 ans avec une thématique centrale : comment limiter l'érosion avec des couverts avant pomme de terre et des intercultures après, tout en maintenant rendement et qualité.
Dans l'Eure, « A l'Eure du sol » concerne les secteurs du Vexin. 16 exploitations ont rejoint ce groupe qui va travailler sur la façon d'introduire les cultures industrielles que sont la betterave et la pomme de terre dans une rotation sans labour, en sachant que ce secteur est touché par une grosse problématique salissement « C'est un groupe très motivé et dynamique qui a beaucoup de pistes de travail.
Il est composé d'agriculteurs bio, en conversion bio, et de conventionnels qui labourent occasionnellement. Nous avons aussi un éleveur. Le groupe est d'une grande diversité et c'est cela qui fait sa force. L'objectif des agriculteurs est d'améliorer la structure et la vie de leur sol.
Ils souhaitent avancer ensemble sur cette problématique. Pour le moment nous allons commencer à travailler sur les couverts végétaux. Les agriculteurs ont essayé différents types de mélanges contenant des espèces à racine pivotante, radis, féverole, tournesol. L'objectif est d'avoir des couverts très développés et de les semer le plus tôt possible derrière la moisson. Certains ont mis en place leur colza avec des plantes compagnes dans l'optique de maîtriser le salissement et de baisser les interventions insecticides. Cette année, c'est malheureusement plus ou moins bien réussi car les conditions climatiques n'ont pas été très favorables. Nous avons 8 ans pour travailler.
L'objectif du groupe est aussi au final de communiquer auprès du grand public sur ses pratiques », explique l'animatrice Claire Lequeux-bossu.
Un autre GIEE est en cours de construction sur la vallée de Seine, secteur de Rouen. Il souhaite travailler sur l'amélioration de la qualité biologique et structurale des sols, la réduction des intrants et la valorisation des effluents d'élevage en système sans labour. Il travaille également à l'amélioration de l'efficience globale des exploitations au regard de la multi performance.