Le plateau du Neubourg en deuil.
Les liniculteurs ont perdu un des leurs le 15 juin dernier.
Didier Lamerant, 70 ans, directeur des établissements du même nom, était un passionné du lin. Mais pas seulement. Il respectait beaucoup les hommes et « il ne faisait aucune différence entre un liniculteur de son entreprise et un adhérent d’une coopérative quand il fallait rendre service », rappelle Jean-Louis Maurice, qui a travaillé avec lui pendant quinze ans. Il était fréquent qu’il ouvre son atelier situé au Neubourg le week-end si on le lui demandait. Il était aussi « très respectueux de ses salariés et à leur écoute ». La linière du Ressault en compte quatre-vingts. Elle avait été créée par son grand-père en 1919 et s’apprêtait donc à fêter son centenaire. Entré dans l’entreprise familiale en 1969, Didier Lamerant était également investi dans les OPA. Il y défendait les valeurs de la filière lin et était très attaché à la promotion de la fibre. Il y a quinze jours, il participait encore à la réunion linière du département, comme nous l’a expliqué Jacques Fauvel qui l’organisait pour la FNSEA de l’Eure. « Il était fatigué, mais son expertise était toujours là ». Expert, il l’était sans aucun doute et dans plusieurs domaines qui touchaient au lin. Il a beaucoup participé à l’évolution du machinisme avec le constructeur Dehondt. « L’enrouleuse, c’était une révolution pour lui », explique Jean-Louis Maurice. Le centre de recherche sur le lin, installé à Ecardenville, dans l’Eure, il y a quinze ans, fut également une grande fierté pour lui. Dans une interview accordée à l’Eure agricole en 2010, Didier Lamerant disait « C’est vraiment un métier où il faut faire preuve de patience. Ce n’est pas toujours facile à tenir, surtout dans des périodes de crise, mais c’est le marché qui l’impose ». Il s’intéressait beaucoup aux nouveaux débouchés et notamment celui concernant les composites en lin. Didier Lamerant, Jean-Louis Maurice s’en rappellera comme « le pharaon du lin », certain qu’il ne tombera pas dans l’oubli.
Philippe Sellier, gérant de l’Eure agricole et rurale et l’équipe de la rédaction du journal s’associent à la peine de la famille et lui présentent ses sincères condoléances.