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Le port de Rouen au service de la compétitivité du blé français

Le 4 juin dernier, l’antenne de Dieppe de la Chambre d’agriculture a organisé une soirée autour des filières agricoles du territoire, conviant Haropa Port à présenter l’activité céréalière du port de Rouen.

« Il nous faut proposer des qualités adaptées aux marchés internationaux, disposer de volumes réguliers à l’exportation. Les clients aiment bien le blé français car il est régulier, en termes de quantité »
© HAROPA PORT

Cette invitation de la Chambre d’agriculture à l’établissement public Haropa Port qui gère le port de Rouen avait pour but d’informer les agriculteurs sur les marchés et leur environnement économique, tout en leur proposant un moment d’échange et de convivialité. Manuel Gaborieau, responsable du développement céréales à Haropa Port, a présenté la dynamique du port de Rouen. 

LA FRANCE A UN VOLUME D’EXPORT STABLE 
Il a commencé par rappeler quelques chiffres sur les échanges mondiaux du blé : « en 2006, 100 millions de tonnes (Mt) de blé ont été échangées dans le monde. En 2023, ce sont 200 Mt. Il n’y a pas de décalage aujourd’hui entre la production et la consommation mondiale. Les échanges ont beaucoup augmenté car la population mondiale a augmenté. Cette croissance de la population se fait dans les pays où la production n’existe pas. Ce sont donc ces pays qui importent de plus en plus ». La France a un volume d’exportation qui est resté stable. « Depuis le début des années 2000, l’Ukraine et la Russie sont des concurrents, mais ce n’est pas forcément un problème en soi. Ce sont ces pays qui ont bénéficié de cette croissance de la consommation mais la France n’a pas perdu ses exportations, nous avons gardé nos volumes. À l’avenir, avec la croissance de la population mondiale, ces pays vont continuer à augmenter leur production mais il y aura toujours un marché pour l’exportation de blé depuis l’Europe ». En 2023, la France a exporté 16 Mt de blé et la consommation nationale a été de 14 Mt. On produit principalement pour l’export en France : 10 Mt vers les pays tiers et 6 Mt vers l’Union européenne. Rouen est le cinquième port européen et le premier port français avec 81 Mt de marchandises contre 480 Mt pour celui de Rotterdam aux PaysBas, premier port européen. 

UN PORT PROCHE DES ZONES DE PRODUCTION 
Rouen est un port maritime d’intérieur mais il est proche des zones de production. En 2023, son trafic maritime et fluvial s’est élevé à 26,3 Mt soit 2 520 navires dont 21,3 Mt de trafic maritime (7,5 Mt de blé). « Les enjeux de la filière céréalière export sont nombreux à Rouen : en termes de compétitivité et d’acceptabilité de l’activité, il faut absolument que Rouen puisse acheminer les céréales de manière de plus en plus massifiée, en utilisant le train, la péniche et la route ». Des investissements permettent de développer l’offre ferroviaire et fluviale et d’améliorer la réception des marchandises dans les silos portuaires. Le transport routier doit quant à lui s’adapter aux exigences environnementales. Au niveau des silos portuaires, il faut des outils de travail et de chargement du grain performants, des capacités de stockage adaptés au marché. « Demain il sera important de garder cette capacité de traiter tous les types de marchandises ». Le tirant d’eau de la Seine doit également être maintenu pour répondre à tout chargement. 

LES CLIENTS AIMENT LA RÉGULARITÉ DU BLÉ FRANÇAIS 
Rouen doit participer au maintien de la compétitivité de la filière française à l’international. « Il nous faut proposer des qualités adaptées aux marchés internationaux, disposer de volumes réguliers à l’exportation. Les clients aiment bien le blé français car il est régulier, en termes de quantité. Un équilibre est à maintenir entre la nécessaire compétitivité du prix et la rémunération des producteurs ». L’enjeu environnemental sera également un enjeu important, en particulier sur la décarbonation du transport maritime et les acheminements. 

LA CAPACITÉ DE CHARGEMENT EST UN ATOUT 
La capacité de chargement est un vrai atout à Rouen. Pour les bateaux qui arrivent, il y a de la marchandise tout le temps. De 6 heures du matin jusqu’à 22 heures, il est possible de charger jusqu’à 150 000 tonnes par jour. Tous les ans sont exportées en moyenne 8 Mt de céréales de Rouen, principalement du blé meunier (70 %), de l’orge de brasserie, de l’orge fourragère et un peu de blé dur. Quatre opérateurs sont implantés à Rouen : Beuzelin (capacité de stockage de 70 000 tonnes, 1,5 Mt chargées chaque année), Sénalia (union de toutes les coopératives du nord de la Loire adhérentes de Sénalia, capacité de stockage de 620 000 tonnes, 4 à 6 Mt chargées chaque année), NatUp (capacité de stockage de 166 000 tonnes, 0,8 à 1 Mt chargées chaque année), Soufflet Négoce (capacité de stockage de 160 000 tonnes, 1,6 à 2 Mt chargées chaque année). 

UN TRAVAIL D’ASSEMBLAGE  
« Le rôle du silo portuaire est de charger sur le navire une qualité homogène demandée par l’importateur ». Toutes les marchandises sont contrôlées à l’entrée des silos. Il s’agit de s’assurer que la qualité du blé livrée correspond au standard rendu Rouen. Les qualités sont triées et allotées dans des silos de transit. Quand le bateau est à quai, l’assemblage est effectué au moment du chargement avec un volume convenu et une qualité répondant au contrat passé entre le chargeur et le vendeur.  Les approvisionnements viennent principalement de cinq départements : la Seine-Maritime, l’Oise, la Seine-et-Marne, l’Eure-et-Loir et l’Eure. Les deux départements normands ne sont pas les premiers livreurs de céréales. En 2023, l’Oise est le premier département qui a fourni le port de Rouen. 

L’APPROCHE FERROVIAIRE ENCORE TROP PEU DÉVELOPPÉE 
25 % des céréales qui viennent à Rouen arrivent par le fluvial ; 10 % arrivent par le train. « Ce faible pourcentage ferroviaire s’explique car il y a de moins en moins de silos branchés à un réseau à l’intérieur des terres. Ensuite, beaucoup de travaux nocturnes sur les voies ferrées posent un problème car c’est le moment où circulent les marchandises. Et enfin, pour réserver la voie ferrée, il faut s’y prendre un an à l’avance. Il est difficile de s’engager sur un an. 65 % du blé arrivent donc encore par camion ». 

LA CHINE PREMIÈRE DESTINATION 
Sur la campagne 2022-2023, la première destination était la Chine (blé meunier, orge fourragère et brassicole). Cela fait deux ans que la Chine est numéro un. Le Maroc est le second acheteur. Rouen sait répondre à la demande marocaine. Le port fait 80 à 90 % de ce qui part vers le Maroc. Arrive ensuite l’Algérie qui vient aussi d’ouvrir son marché à la Russie. L’Afrique de l’Ouest est également une destination importante car les meuniers africains ont souvent été formés en France. Les autres destinations sont l’Union européenne et l’Amérique du Sud avec principalement de l’orge de brasserie.

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