L'électricité grimpe, l'avenir de la coopérative Biocer en jeu.
La coopérative Biocer, spécialiste des céréales et légumineuses bio, est implantée dans l'Eure depuis trente-quatre ans. En cette année 2022, elle voit sa facture d'électricité multipliée par trois. «Une situation dramatique» dont l'issue reste incertaine.
La coopérative Biocer, dans l'Eure, est dans la tourmente. L'entreprise, qui compte 280 fermes adhérentes dans le nord-ouest, trois sites de collecte et sept fermes relais (avec des conventions de stockage), se retrouve face à un dilemme.
Son contrat d'électricité avec le fournisseur Enercoop touche à sa fin. Pour le renouveler, la facture est salée...
« En 2021, on payait 250 000 euros de facture d'électricité. Demain, selon les offres, ça va passer à des sommes entre 750 000 euros et 1 million d'euros, se désole Frédéric Goy, directeur, les offres proposées vont clairement faire gonfler nos factures avec un coefficient multiplicateur de trois ou quatre. Ce n'est pas possible pour notre coopérative et ses fermes adhérentes. »
ECHEANCE FATIDIQUE
Face à ce constat et à l'échéance qui approche, l'avenir de la société, qui emploie 27 salariés au total, reste incertain. « Il n'y pas de solution trouvée, ni de négociation potentielle à ce jour, admet Frédéric Goy, nous avons deux possibilités : soit on ne signe pas de contrat et on arrête l'activité. Ce n'est pas la solution recherchée puisque nous avons des agriculteurs derrière, des carnets de commande, etc. Ou on signe une offre, mais cela va forcément avoir des répercussions sur les fermes adhérentes [...] Nous savons que ça va impacter les rémunérations. » Le conseil d'administration s'est réuni jeudi 20 octobre. Face au manque de visibilité sur des aides potentielles de l'État, la direction « va devoir signer une offre aujourd'hui ou demain. »
DES ANNONCES PEU ENCOURAGEANTES
Si la ministre de la Transition énergétique a annoncé sur BFM TV, dimanche 23 octobre, la mise en place d'une « garantie électricité », les modalités restent floues. Le gouvernement prendrait en charge « une partie » des factures des entreprises à compter de 2023, a indiqué Agnès Pannier-Runacher. « J'attends de voir les décrets. Patience est mère de sûreté. Les fournisseurs sont très dubitatifs par rapport à ces annonces qui nécessitent d'être suivies de décrets d'application », remarque le directeur de la coopérative.
« UN TSUNAMI QUI SE PROFILE »
Biocer n'est qu'un cas parmi tant d'autres face à la hausse généralisée. « Des dizaines de milliers d'entreprises vont avoir un impact significatif en janvier 2023. On fait partie des 10 % des entreprises un peu plus embêtées car c'est plus rapide, explique Frédéric Goy, s'il n'y a rien de fait, c'est un tsunami qui se profile et pas uniquement chez Biocer. » La coopérative compte près de 16 millions d'euros de chiffre d'affaires et un peu plus de 200 000 Ä de résultat. « Nous n'allons pas encore arrêter l'activité, on verra bien ce qu'il se passera », conclut le professionnel.