Les producteurs Lactalis suspendus à la médiation.
La neige a eu raison de la mobilisation prévue le 18 janvier 2024 devant l’usine Lactalis de Domfront (Orne).
Mais elle n’a pas atteint la détermination des producteurs qui souhaitent faire évoluer leur formule de prix pour tendre vers 440 €/1 000 l, et non 405 € comme imposé par l’industriel laitier. Une médiation a été demandée.
L’Unell (Union nationale des éleveurs laitiers Lactalis), avec le soutien de la section lait de la FRSEA Normandie, avait programmé jeudi 18 janvier une action devant le site Lactalis de Domfront, site qui a engagé des investissements conséquents ces derniers mois. Le matin même, elle a été annulée en raison de la neige tombée dans la nuit sur les départements normands. « Nous avions mobilisé plus de 200 personnes et une quinzaine de tracteurs », explique Ludovic Blin, président de la section lait de la FRSEA.
FAIRE ÉVOLUER LA FORMULE DE PRIX
Si la météo a eu raison de la mobilisation, la détermination des producteurs n’est pas atteinte. Et pour cause, « nous voulons faire évoluer notre formule de prix afin de prendre en compte notre prix de revient et faire respecter tout simplement la loi Egalim », souligne le président de l’Unell, Yohann Serreau. Mais depuis un mois, « Lactalis ne veut rien entendre. On veut un prix qui respecte notre contrat », avance Pierre Le Baillif, président de l’OP de l’Ouest de l’Eure, et producteur de lait en Gaec à Saint-Jean-du-Thenney. Pour le mois de janvier, Lactalis a imposé son prix n’ayant pas réussi à trouver un terrain d’entente, 10 % de moins que celui espéré par les producteurs.
UNE NOUVELLE SAISINE DU MÉDIATEUR
Le 11 janvier 2024, l’industriel a saisi le médiateur des relations commerciales agricoles pour trouver un accord avec l’Unell sur le prix du lait. « Mais nous l’avons refusé parce que les termes de la médiation ne correspondaient pas à ce que nous souhaitions », note Pierre Le Baillif. « Elle ne mènerait qu’à une solution de court terme et ne respecterait ni les lois Egalim, ni notre accord-cadre », poursuit Yohann Serreau. Dès le 16 janvier 2024, les producteurs ont formulé une nouvelle saisine du médiateur des relations commerciales agricoles. Ils sont désormais suspendus à la réponse du transformateur.
VERS UNE SOLUTION ÉQUILIBRÉE
« Nous ne voulons pas un prix politique qui fait fi de la loi Egalim », martèle Pierre Le Baillif, qui croit à une réponse positive de Lactalis pour revenir à la table des discussions. Le 17 janvier, face aux producteurs de la Manche, Xavier Perrin, directeur régional Normandie de Lactalis rappelait « l’intention de trouver une solution équilibrée permettant de continuer à valoriser le travail des producteurs tout en proposant aux consommateurs des produits laitiers français à un prix accessible. Cette situation n’est satisfaisante pour personne. Nous souhaitons un dialogue continu, serein et constructif sur le contrat qui nous lie à l’Unell. »
ABOUTIR LE PLUS VITE POSSIBLE
Le site Lactalis de Domfront avait été ciblé pour une action régionale parce qu’il reste un site en fort développement, avec des travaux d’envergure engagés les derniers mois. « On ne peut que se réjouir de voir l’entreprise investir. Mais il faut qu’elle puisse être alimentée. C’est tout le paradoxe. Elle a besoin des producteurs », affirme Ludovic Blin. « Et ce n’est pas en foulant du pied les acquis de la loi Egalim que cela peut se faire », poursuit-il. « On espère que la médiation conforte les 440 €/1 000 l demandés par les producteurs, et qu’elle aboutisse le plus vite possible. Tout dépend de l’attitude de Lactalis », assure Ludovic Blin. « La matière première agricole est tout simplement non négociable », conclut Pierre Le Baillif, à la tête d’une OP qui compte 75 producteurs et qui livre 62 millions de litres de lait.