Négociations commerciales : la loi EGAlim à compléter.
Dans la foulée des actions syndicales engagées pour dénoncer la pression à la baisse des prix des distributeurs, la FRSEA et les JA ont invité les transformateurs agro-alimentaires de la région pour un état des lieux à quelques heures de la fin des négociations.
Les entreprises laitières sollicitées par la FRSEA et les JA ont globalement bien répondu à l’invitation vendredi dernier, soit à deux jours de la fin des négociations commerciales pour les produits sous marques nationales. Sans dévoiler les détails de discussions en cours, il ressort des prises de parole une ambiance de négociation particulièrement tendue. Il a été ainsi fait part d’une faible proportion d’accords conclus au 25 février, malgré une volonté affichée de boucler ces discussions sans attendre la dernière extrémité.
Coûts de production : on avance lentement
Mais la question qui taraude les représentants des producteurs demeure celle de la prise en compte des coûts de production dans les négociations, axe central de la loi EGAlim adoptée en 2018 censée favoriser un « ruissellement » de valeur vers les producteurs. Dans la mesure où les entrées en négociation se font sur des bases déflationnistes, la réponse des participants a été pour le moins mitigée. Si la question est encore évoquée concernant les produits laitiers, elle ne figure pas à l’ordre du jour dans les autres filières. Et encore, ne s’agit-il que des coûts identifiés du maillon production, car il n’est pas question pour la distribution de prendre en compte les évolutions des charges de transformation. Enfin, les distributeurs hésitent dans la démarche, du fait de ne pas pouvoir vérifier qu’une hausse consentie sera répercutée au producteur.
D’où l’intérêt de contrats tripartites explicitant la répartition des marges tout au long de la chaîne d’approvisionnement. Sur ce point, les membres de la FRSEA et des JA ont senti leurs interlocuteurs moins demandeurs. Si la loi EGAlim doit être complétée, comme le suggère la mission confiée par le gouvernement à Serge Papin, l’ancien patron de Système U, elle devra sans doute préciser ces modalités et apporter ainsi une transparence que les producteurs jugent insuffisante à ce stade.
Les transformateurs ont aussi pointé le champ d’application insuffisant de la loi puisque les produits négociés tout au long de l’année, notamment les produits vendus sous marque de distributeurs (MDD), ne sont pas concernés par les dispositions de la loi EGAlim, pas plus que les produits exportés. Deux trous dans la raquette que les entreprises de transformation ont identifiés.
Payer la montée en gamme
Quant à la valorisation des efforts de qualité ou la réponse aux attentes sociétales, les transformateurs constatent que leurs clients en font un argument commercial, une démarche de marketing ou une stratégie de communication à leur profit, mais que cela n’a que peu de répercussions sur les prix d’achat. Ce que les producteurs traduiraient par des gadgets qui permettent aux grandes enseignes de se donner bonne conscience vis-à-vis des consommateurs pour mieux faire pression sur leurs fournisseurs. Des pressions qui se traduisent aussi par des conditions de livraison qui donnent lieu à des pénalités, lesquelles font partie de l’arsenal d’outils qu’utilisent les distributeurs pour faire baisser leurs prix d’achats moyens, le tout sous le regard tantôt inquisiteur, tantôt bienveillant, de l’autorité de la concurrence.
S’il ne fallait pas s’attendre à des révélations, la réunion a toutefois donné des pistes pour une amélioration de la loi EGAlim. L’absence des représentants de la filière viande invités a été regrettée. Quoi qu’il en soit, la FRSEA et les JA entendent poursuivre le travail dans un esprit constructif, avec ceux qui voudront bien avancer avec eux