Objectif 50 unités entrée hiver pour préserver la ressource eau.
La mesure du reliquat entrée hiver est un bon indicateur de performance de la préservation de la ressource en eau versus nitrate. A Nojeon-en-Vexin (27), Laurent Vermersch joue sur différents leviers pour atteindre l'objectif de 50 kilos d'azote.
« Mesurer le reliquat azote entrée hiver permet de connaître la quantité qui pourrait potentiellement migrer dans la nappe. L'objectif est d'atteindre 50 kilos pour éviter les pertes ». Il doit permettre de maintenir les teneurs en nitrates à 35 mg/l des captages d'Elbeuf-en-Bray, Hébécourt et St-Paër et de diminuer à 40 mg/l pour les captages d'Etrépagny et Bézu St-Eloi. Objectif atteint pour Laurent Vermersch qui joue sur l'assolement, la couverture des sols et le niveau de fertilisation en faveur d'une agriculture plus résiliente vis-à-vis de la ressource en eau. Avec 41 récoltes au compteur, notre agriculteur du Vexin revendique une certaine liberté dans ses pratiques culturales et se passerait bien « des dates administratives de semis des couverts végétaux qui n'arrangent rien. La problématique, c'est la disponibilité en eau. Moi, j'essaye de laisser tout le temps un couvert et de les détruire le plus tard possible ».
UNE CENTAINE D'AGRICULTEURS VOLONTAIRES
Une centaine d'agriculteurs (70 pour les reliquats entrée/sortie hiver, 14 en PSE herbe et 20 dans le groupe système) sur un potentiel de 230 (22 000 ha) sont entrés dans cette démarche volontaire. Une démarche initiée en 2017 par les collectivités locales avec également le soutien financier du Conseil départemental. L'animation a été déléguée à la CRAN (Chambre régionale d'agriculture de Normandie). « Notre objectif est de faire entrer de nouveaux exploitants dans le réseau », assure Sarah Pollet, animatrice de la ressource en eau des Bacs de Hebecourt, Etrépagny, Saint-Paer et Bezu-Saint-Eloi. Pas d'obligation de moyens mais une obligation de résultat pour une agriculture plurielle et donc des systèmes différents. « La démarche et le plan d'action mis en place sont le fruit d'une co-construction entre le groupe des agriculteurs volontaires sur BAC et les animatrices. Les agriculteurs du territoire sont, comme les citoyens, de plus en plus préoccupés par les enjeux environnementaux tout en gardant une réalité économique », insiste Anne-Laure Marteau, secrétaire de la Chambre d'agriculture de l'Eure.
« Il faut revenir aux fondamentaux de l'agronomie mais de façon pragmatique », plaide Laurent Vermersch. Ici à Nojeon-en-Vexin, on pratique l'agriculture de conservation depuis 2008. « Je ne laboure plus. Je fais faire le travail du sol par les racines et pas par la ferraille. Je ne déchaume plus ce qui me fait économiser 14 litres de carburant par hectare. Je ne travaille qu'à 2 à 5 cm de profondeur pour cacher les graines. Je favorise des méthodes de culture qui accompagnent le vivant », résume Laurent. Et ça marche. Sarah lui décerne à ce titre le point de « bon élève de la classe ». Mais ce qui fonctionne à Nojeon-en-Vexin dans un système donné n'est pas forcément duplicable quelques kilomètres plus loin. C'est pourquoi la CA 27 souhaite fédérer plus d'agriculteurs pour nourrir l'expérimentation et la réflexion. « Travailler avec le vivant, ce n'est jamais tout blanc ou tout noir et, par ailleurs, il ne faut surtout pas opposer les systèmes », conclut Anne-Laure Marteau. Un coup de booste alors que se profilent les PSE (Paiement pour Service Environnemental). Quels critères à prioriser ? Comment fixer les indicateurs ? Là aussi, il y a de la coconstruction à bâtir.