PAC 2023-2027 : pas de panique, mais de la tactique pour se positionner en amont.
De Guichainville à Bernay en passant par Tourny et Le Neubourg, les 4 réunions PAC organisées par la FNSEA 27, JA 27, Chambre d’agriculture et DDTM ont fait carton plein. Preuve que la mouture 2023-2027 nécessite une bonne dose d’explication de texte pour optimiser des choix stratégiques d’entreprise qui vont se décider en 2022.
Il vaut mieux parfois être cuisinier que passeur de plats. Les collaboratrices et collaborateurs de la FNSEA 27, Chambre d’agriculture et DDTM se sont retrouvés premier de cordée pour expliquer une réforme de la PAC, pas encore totalement aboutie, mais d’une complexité sur le papier lui valant le Bocuse d’or décerné par certains participants « de meilleure usine à gaz administrative ». Le coup de chaud passé, Anne-Laure Marteau (vice-présidente de la Chambre d’agriculture) et Amaury Levesque (secrétaire général de la FNSEA 27) ont rappelé que « nous sommes à un an de cette nouvelle PAC. A chacun de se caler pour s’approprier au mieux les changements et savoir se positionner en amont ». Pas de panique donc, mais de la tactique en s’appuyant sur de nouvelles réunions d’information au fil des évolutions réglementaires et de la calculette Chambre d’agriculture « pour faire ses propres estimations ». Sa stratégie d’entreprise agricole 2023-2027, même si elle peut évoluer d’année en année, doit se profiler en 2022, car « en 2023, on entre dans le permis à points ». Il faut cependant relativiser les risques encourus. La pression syndicale exercée en amont a permis de maintenir un budget PAC quasi identique. C’était loin d’être gagné sur la ligne de départ.
92 % déjà en niveau 2
Ce permis à points, c’est un peu le sésame pour accéder aux écorégimes qui succèdent au paiement vert. Trois voies sont possibles : les pratiques agroécologiques, la certification de l’exploitation (bio, HVE...) et la biodiversité via l’IAE (infrastructure agroécologique. Les enjeux : 60 e/ha (niveau 1) ou 82 e/ha (niveau 2) et un bonus de 7 e/ha sous conditions (haie labélisée sur a minima 6 % de la SAU et des terres arables). Si ça couine un peu en plaine et que certains condamnent une forme de retour à 3 % de jachère (le terme non productif serait plus adapté), il convient cependant de relativiser les conséquences du nouveau dispositif au niveau des assolements. Les organismes techniques avancent qu’en l’état, 92 % des exploitations atteindraient déjà le niveau 2. Pour les 8 % restants, la marche pour atteindre les minimas est plus ou moins haute.
Côté élevage, il y aura des gagnants et des perdants. Mais, face à la complexité des aides animales, la prudence appelle à la rescousse les outils de simulations élaborés par les organismes de conseils pour affiner sa future stratégie.
« On ne va pas dans le sens de la simplification. On revient à un système où on ne raisonne plus technique. C’est le dogmatisme qui l’emporte », a-t-on entendu dans l’assistance.
Souriez, vous êtes photosatellisés
Autre gros changement : la mise en application du suivi des surfaces en temps réel. Souriez, vous êtes photosatellisés. « Cela va apporter plus de souplesse aux exploitants dans la gestion du dossier PAC tout en reconnaissant le droit à l’erreur et faciliter la vérification de l’éligibilité des aides », se veut rassurante la DDTM. Concrètement, chaque parcelle est photographiée tous les 3 à 6 jours avec une précision de 10 mètres. La photo est ensuite traitée par IA (intelligence artificielle), ce qui va déclencher un feu vert, rouge ou jaune allant du RAS (rien à signaler) à une intervention de l’administration sur le terrain. L’expérimentation a démarré en 2021 pour une année blanche sur un nombre d’exploitations réduit. 2022 : encore une année blanche, mais à plus grande échelle et lancement généralisé du dispositif en 2023.