Quel avenir pour l’élevage français ?
La Fédération nationale bovine (FNB) a organisé le 25 janvier, une conférence de presse à Paris, pour faire un point de situation sur l’élevage français. Son président, Bruno Dufayet, a annoncé qu’il ne se représenterait pas pour un troisième mandat.
« Quel élevage allaitant veut-on en France et en Europe à l’horizon 2050 ? ». Tel est le thème général du congrès de la FNB qui entend mettre à plat un certain nombre de dossiers, et surtout « remettre en adéquation la production et la consommation de viande bovine française », a précisé son président, Bruno Dufayet qui ne brigue pas de troisième mandat. En 2022, les Français ont en moyenne consommé 1,5 kg de viande rouge en moins que l’année précédente. Une tendance qui se retrouve dans les chiffres des abattoirs qui ont vu leur production chuter de 4 % l’an dernier. « On commence à être en pénurie de viande française », se sont inquiétés les dirigeants de la FNB. Fin octobre dernier, le quart des viandes rouges consommées en France provenaient de l’étranger, contre environ 19 % en 2019, a précisé, le secrétaire général, Cédric Mandin. Les importations de viande bovine ont augmenté de + 6 % sur un an. Pour redorer le blason de la viande française, il faudra également juguler la décapitalisation du cheptel allaitant qui a atteint - 3 % en 2022, ce qui correspond à 110 000 vaches allaitantes. « Sur la période 2016-2022, on a perdu, en tout, 837 000 vaches : 500 000 allaitantes et 337 000 laitières », s’est agacé Bruno Dufayet qui a fait état d’autres sujets de crispation. Les zones les plus touchées sont notamment la Bourgogne où la taille des exploitations conjuguée au manque de perspectives économiques dissuade les jeunes agriculteurs de s’installer. Dans l’Ouest, la capacité à s’engager dans d’autres productions (notamment les grandes cultures) accélère le processus de décapitalisation. « On choisit des alternatives qui rassurent. Les éleveurs font aussi des arbitrages », a concédé Emmanuel Bernard, vice-président de la FNB.
CONTRACTUALISATION OBLIGATOIRE
Pour remettre la filière française sur les rails, il faudra aussi s’atteler au renouvellement des générations car 46 % des bovins allaitants sont détenus par des exploitants âgés de plus de 55 ans. « Si rien n’est fait, les vaches ne reviendront pas et il sera compliqué de faire machine arrière », a soutenu le président de la FNB qui veut « donner un cap à l’élevage allaitant ». C’est d’ailleurs l’une des demandes spécifiques de la FNB pour la future loi d’orientation agricole : définir précisément ce qu’est un élevage durable. « Nous allons challenger le ministre sur ce sujet lors de notre table ronde au congrès », a-t-il assuré, précisant que pour la FNB, cette définition d’élevage durable tenait en peu de mots : « 70 vaches par actif sur 70 ha en système herbager », a-t-il résumé. Pour y parvenir, l’une des solutions pourrait venir de la contractualisation, « un système que les abattoirs commencent à comprendre pour sécuriser leurs approvisionnements », a expliqué Cédric Mandin. Encore faut-il que tout le monde joue le jeu. Or les grandes enseignes « se moquent des démarches des éleveurs tant qu’elles ont leurs marges. Elles ne sont pas rentrées dans la logique de la loi », s’est agacé Bruno Dufayet. Pis, selon Cédric Mandin : « la loi rend cette contractualisation obligatoire. Mais peu d’acteurs de l’aval respectent cette obligation ». « Parce que ce sont les éleveurs qui proposent les tarifs et que l’aval coince pour contractualiser à partir du coût de production », a précisé Patrick Bénézit, vice-président de la FNB.