Relever le défi de l’emploi en agriculture
PHILIPPE FAUCON, président de la commission « emploi » de la FRSEA.
L’assemblée générale de la FRSEA du 27 mai à Caen a pour thème « une terre fertile pour des emplois d’avenir ». Pourquoi avoir choisi ce thème ?
Parce que trouver un successeur ou employer du personnel est devenu un défi majeur dans les exploitations. Tout le monde connaît les chiffres : le nombre de chefs d’exploitations diminue, les exploitations s’agrandissent et se regroupent. Résultat : les exploitations manquent de main d’oeuvre.
Oui, mais ce phénomène ne date pas d’hier dans le secteur agricole…
Au cours des dernières décennie, la baisse du nombre d’exploitants était compensée par la mécanisation. Mais la machine ne fait pas tout. Certaines tâches ne peuvent être réalisées que par des personnes. Ce n’est pas une simple question arithmétique, c’est un problème qui doit être appréhendé plus finement.
Par exemple ?
Prenons une exploitation laitière, le robot de traite est une solution pour exécuter certaines tâches. Mais il ne fait pas tout. Il nécessite un travail d’analyse des résultats pour bien suivre le troupeau, de suivi des dysfonctionnements…et surtout, le robot se contente de traire tandis qu’une personne peut réaliser d’autres tâches : vêlages, soin et alimentation, affouragement, nettoyage du bâtiment…Bref, la machine ne peut pas tout. Nos exploitations ont besoin de main d’oeuvre humaine, et de la capacité de jugement de l’Homme pour prendre les décisions appropriées et de manière réactive.
Et on trouve facilement des salariés ?
Quand je dis que c’est un défi majeur, le recrutement fait partie de ce défi. Nous constatons des écarts entre la main d’oeuvre disponible et les besoins des exploitations. Nous embauchons de moins en moins du personnel peu qualifié et plus souvent des personnes diplômées à qui on confie des responsabilités. Mais le vivier n’est pas très grand.
Quelle est la raison de cette situation ?
D’abord nos métiers sont mal connus. Notre secteur d’activité souffre d’une image souvent décriée, colportée par certains leaders d’opinion. Parfois, nous contribuons nous-mêmes à décourager les jeunes de nous rejoindre par des messages catastrophistes sur notre propre métier. C’est pourquoi nous avons besoin de mener des actions de promotions des métiers de l’agriculture.
Et du côté des employeurs ?
Employeur, c’est une nouvelle facette du métier d’agriculteur. C’est un aspect du métier que nous n’apprenons pas à l’école. Nous avons besoin de formation au managementde personnel et à l’approche du travail sur les exploitations. Par exemple,trop d’agriculteurs décident d’embaucher un salarié sans savoir précisément quelles tâches ils veulent lui déléguer. Cela pose des problèmes de recrutement, puis de maintien dans l’emploi. C’est d’autant plus important qu’un certain nombre de ces salariés seront aussi des candidats à l’installation demain.
Existe-t-il des outils la mise en relation?
Nous animons de bourses de l’emploi, en lien avec Pôle Emploi et le soutien du Conseil Régional. Nous regroupons les offres d’emploi et les demandes et accompagnons employeurs comme salariés. Nous avons beaucoup plus d’offres d’emploi que de candidats. Notre secteur est bien un secteur fertile en emplois qui sont pleins d’avenir.