Reprise en élevage : Victor Delavoipière se fait sa place.
Ancien co-président des Jeunes agriculteurs de l'Eure (JA27), Victor Delavoipière a laissé sa place pour se consacrer à la recherche de nouveaux associés en anticipation du départ à la retraite de ses parents, avec lesquels il est installé en Gaec. Une exploitation laitière qu'il modernise petit à petit.
du syndicat.
C'est au nord du département, dans la commune de Boissey-le-Châtel, qu'est installé Victor Delavoipière. Sur son exploitation, le jeune homme de 25 ans s'affaire. « J'arrive tout de suite, j'ai juste un camion à décharger », s'exclame-t-il tandis qu'il fait de grands gestes au conducteur du véhicule, le portable vissé à l'oreille.
CHEMIN TOUT TRACE
« Je me suis destiné rapidement à l'agricole », confie avec conviction le polyculteur éleveur. Installé dans le bureau au sein du bâtiment d'élevage, gardant un oeil sur ses pensionnaires, il se remémore son enfance à la ferme, à aider son père - né ici - et sa mère - originaire de Bernay. « Depuis tout petit, je suis passionné par l'agriculture. J'ai toujours baigné dedans », confie-t-il, lui qui est le seul de la fratrie de quatre enfants - il a deux soeurs et un frère - à s'être lancé dans l'aventure.
Diplômé d'un baccalauréat Stav à Tourville-sur-Pont-Audemer, cet amateur de motocross et de chasse s'est naturellement orienté vers un BTS Acse à la MFR de Coqueréaumont (76), puis une licence commerce et management agricole. Le BTS s'est fait en apprentissage. « Ça m'a permis de voir deux exploitations différentes », remarque-t-il.
UNE OPPORTUNITE A NE PAS MANQUER
« J'avais à peine fini ma licence que j'ai eu la possibilité de reprendre une exploitation sur Bourgtheroulde en septembre 2017. » C'est ainsi qu'il conclut l'affaire pour s'installer en Gaec avec ses parents et regrouper les vaches. L'exploitation totalise 250 ha : 30 ha de lin, 30 ha de betteraves, 50 ha de blé, 70 ha de pommes de terre et 70 ha de maïs. Quant aux 150 Prim'Holstein, elles sont bichonnées par trois robots et fraîchement ventilées l'été. Elles produisent 1,6 million de litres de lait par an.
AUTOSUFFISANCE
Sur sa ferme, Victor tend vers l'autosuffisance en matière de fourrages. Pour ce faire, il a recours à des dérobées de maïs et de betteraves pour compléter l'alimentation des vaches et il récupère les pulpes surpressées ; « ce qui n'empêche pas qu'à côté, on doive acheter les concentrés », reconnaît-il. En parallèle, il a commencé à développer la culture du lin afin de se diversifier et il n'exclut pas de se lancer dans la méthanisation qu'il trouve « utile ».
PREPARER LA SUITE
Très vite Victor est confronté à de grandes responsabilités : celles de préparer le départ à la retraite de ses parents d'ici quatre ans. Ils sont respectivement âgés de 59 et 60 ans. « Il faudrait que je retrouve un associé, voire deux. Tout seul, pour moi, ce n'est pas possible », juge-t-il, alors que les ateliers sont nombreux. Il aimerait dans l'idéal quelqu'un du secteur. « C'est toujours mieux de faire ça avec des gens qu'on connaît », affirme-t-il, tandis que cela fait deux ans que le Gaec ne parvient pas à recruter de vacher.
« IL FAUT FAIRE DE LA PLACE POUR LES JEUNES »
C'est lors de ses études en Seine-Maritime que Victor s'est rapproché des JA27 en devenant en 2015 secrétaire du canton du Roumois, puis président en 2017 et finalement co-président du département jusqu'à mars 2022. « Pour moi, c'est primordial de défendre l'installation des jeunes. On a énormément de potentiel sur notre secteur [...] Il ne faut pas avoir peur de monter un projet et de se lancer », insiste-t-il. Il se plaît à multiplier les opérations solidaires et locales. « Il faut prendre le temps de parler avec les gens. Même si nous sommes en plein boulot, nous sommes mieux à prendre cinq minutes, qu'à prendre cinq ans ''d'emmerdes''. » Actif, il n'exclut pas un jour de redevenir co-président. « Ça faisait longtemps que ça n'avait pas été aussi dynamique », confie-t-il.