Retraites agricoles, une amélioration en marche...
Horizon électoral ou pas, qu’ils soient parlementaires ou membres du Gouvernement, on note depuis quelques temps un regain d’intérêt pour le sort des retraités de l’agriculture.
Certaines dispositions sont déjà actées tandis que d’autres font actuellement l’objet d’une étude approfondie. Retour sur ces mesures avant de retrouver Marc Vancacyzeele, président des anciens exploitants de la FNSEA 27, qui nous a fait partager son ressenti.
De belles avancées, mais encore des oubliés
Alors que se prépare la mise en œuvre de la revalorisation de la retraite des chefs d’exploitation qui passera de 75 % à 85 % du SMIC au le 1er novembre prochain, la FNSEA et sa Section Nationale des Anciens Exploitants (SNAE), pointent depuis plusieurs mois la situation défavorisée qui est réservée aux conjointes. Nous avons d’une part, des chefs d’exploitation qui pourront prétendre à un minimum d’environ 1 035 Ä, pour une carrière complète. Ce sont environ 225 000 retraités agricoles concernés par cette hausse. Elle représentera en moyenne 100 Ä par mois. D’autre part, les membres de la famille qui participent à l’exploitation : ex-conjoint participant, collaborateur et aide familial, sont oubliés. Depuis 2002, ils sont restés calés sur des minima à hauteur 555,50 Ä par mois, pour une carrière complète. Les femmes sont tout particulièrement lésées. En l’absence de réforme systémique des retraites, les perspectives d’amélioration, tant pour les actives que pour celles déjà retraitées, semblent s’éloigner.
Un soutien parlementaire appuyé
Sensibilisée à la situation des agricultrices, la députée Jacqueline Dubois (LREM–Dordogne), vient de déposer une proposition de loi visant à améliorer les retraites des femmes en agriculture. Elle reprend une grande partie des orientations défendues par la FNSEA et la SNAE. L’idée principale est d’atteindre progressivement 75 % du SMIC en procédant à des revalorisations par étapes. Elle prévoit aussi d’exclure la pension de réversion du plafond de calcul de la revalorisation. Ceci pour éviter qu’une veuve qui en serait bénéficiaire, voit recalculés et amputés ses propres droits à revalorisation et sa propre retraite. Enfin, elle souhaite que les caisses de MSA informent plus largement des publics potentiellement bénéficiaires de l’allocation de solidarité aux personnes âgées (ASPA : ex minimum vieillesse). Ce droit, pourtant ouvert aux retraités non-salariés agricoles, est très peu utilisé. Par ailleurs, le député André Chassaigne, (PC - Puy-de-Dôme), à qui l’on doit le texte sur les 85 % du SMIC, a prévu de déposer lui aussi une proposition pour étendre l’augmentation des pensions aux conjoints et aides familiaux. Enfin, au cours des prochaines semaines, les députés Lionel Causse, LREM-Landes, et Nicolas Turquois, Modem-Vienne, devraient remettre leurs conclusions sur le rapport de « la prise en compte des petites pensions » commandé par Edouard Philippe en 2020. La section des Anciens Exploitants de l’Eure ne manquera pas de suivre les résultats de ces différentes initiatives, c’est ce que nous a confié Marc Vancacyzeele son président.
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85 % du SMIC obtenus pour les retraités chefs d’exploitation
A.O : Dans le cadre de vos responsabilités vous suivez les questions liées aux retraites des agriculteurs et de leur famille. Que pensez-vous des dernières annonces et des projets en cours ?
M.V : En préambule, je voudrais rappeler que le travail réalisé autour des retraites paraîtra toujours insuffisant à certains, mais il représente beaucoup de mobilisation et d ‘investissement de la part de nos responsables syndicaux, nationaux et départementaux. A cela, j’ajouterais le soutien précieux de nos adhérents. Comme tous les sujets qui supposent un financement public, celui des retraites reste sensible. Mais ce travail de longue haleine finit par porter ses fruits. J’en veux encore pour preuve la victoire des 85 % du SMIC obtenus pour les retraités chefs d’exploitation, après des années de discussions, de manifestations et avec le soutien du député André Chassaigne. Cependant, l’agriculture ne s’est pas construite qu’avec des chefs d’exploitation. Sur les fermes il n’était et n’est encore pas rare que la famille soit largement associée au travail de l’exploitation. Lors du congrès de la SNAE, du 10 mars dernier, Hélène Baud, présidente SNAE, et Christiane Lambert, présidente FNSEA, ont plaidé pour une revalorisation des retraites des membres de la famille à carrière complète, à hauteur de 75 % du SMIC et même pourquoi ne pas aller jusqu’à 85 % du SMIC. Je le réaffirme avec elles, le temps de la reconnaissance est venu. La prise de conscience des politiques et du grand public, qui tendent à reconsidérer la place et le rôle de l’agriculture dans notre société, est porteuse d’espoir ; et plus encore en cette période de pandémie qui semble vouloir nous rappeler certaines valeurs.