Session Chambre d’agriculture : entre trop et pas assez d’eau.
Histoires d’eau à la Chambre d’agriculture de l’Eure réunie en session le 18 juin dernier. SDAGE (Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion des Eaux) et PGRI
(Plan de Gestion des Risques d’Inondation) Seine-Normandie ont arrosé le débat.
« Le SDAGE et le PGRI, deux sujets qui nous impactent directement », a souligné Gilles Lievens, président de la Chambre d’agriculture de l’Eure qui a délibéré à l’issue de sa session sur ces projets à peaufiner. En veille sur ces thématiques, Eric Chanu a pointé le danger de l’incitation à pratiquer des cultures à bas niveau d’intrant ou du bio dans les aires de captage. « Or, il y a peu de bio et peu de prairies dans notre département », a constaté le secrétaire adjoint. Dans sa délibération, la CA 27 exige donc « la suppression de la disposition 2.1.6 dans la mesure où le SDAGE n’a pas à prescrire les productions agricoles à mettre en place sur les aires d’alimentation de captage ». Autre point de friction, la création de retenues d’eau dont les volumes de pompage viendraient se substituer aux volumes forage. « Non », répond la profession. La création de retenues doit constituer un plus « notamment pour l’irrigation en fruits et légumes en circuit court ». Un plus également dans un contexte de réchauffement climatique où l’eau va sécuriser les rendements.
Sauver Paris et Rouen
Le PGRI fait également des remous tout comme « les barges de 5 000 t sur les bords de Seine sans que cela n’émeuve VNF (Voie Naviguable de France), un état dans l’état ». Si la profession agricole peut comprendre que des terres agricoles servent de délestage pour éviter à Rouen ou Paris d’être inondés, il n’en reste pas moins que ce service impose une compensation financière à sa juste valeur : de la perte de rendement aux frais de nettoyage des parcelles, en passant par la remise en état des clôtures.
La chambre consulaire souligne ainsi que « les choix en matière de champs d’expansion des crues doivent être concertés et partagés avec les acteurs du territoire, en particulier avec les acteurs économiques directement impactés par les préjudices subis ».
Elle déplore, par ailleurs, le défaut d’entretien de certains ouvrages hydrauliques qui conduit à remettre en cause la valorisation agricole des parcelles situées à l’aval. Des éléments qui la conduisent à donner un avis défavorable sur le projet PGRI 2022-2027.
Pac : on revient de loin
Cette session a également été l’occasion de réaliser un point de situation sur la réforme de la PAC. Reconnaissant que l’ex Haute-Normandie sera impactée plus négativement, Gilles Lievens considère cependant « que l’on revient de loin. On pouvait craindre une baisse drastique du budget, elle est contenue ». Reste que la ferme départementale a peur de se prendre les pieds dans le tapis, notamment vis-à-vis des écoschémas. Un système à points basé sur divers critères environnementaux. « Un écueil pour le sud du département où la diversité des assolements est faible vu la nature des sols », souligne Fabrice Moulard. Blé, orge, colza, ça fait 2 points alors qu’il en faut 4. La messe n’est pas encore totalement dite, les derniers arbitrages ne sont pas encore connus. On souhaite dans l’Eure, par exemple, que la luzerne devienne éligible au programme opérationnel des écoschémas. « Ou bien encore le lin textile qui ne figure pas dans les grilles des oléagineux de printemps, propose Gilles Lievens. C’est un point de vigilance à remonter. On veut une PAC accessible au plus grand nombre pour accompagner le maximum d’agriculteurs. On ne doit pas en laisser de côté sur le chemin. Le revenu des agriculteurs dans l’Eure, ce sont les aides PAC ».
Et d’inviter à la prudence : « sur ce dossier, on ne doit pas se diviser entre modes de production ».