Solaal Normandie : glaner n’est pas piller
L’association Solaal Normandie s’est réunie, lundi 3 juillet à Colombelles (14), à l’occasion de son assemblée générale. Un temps pour faire le bilan de l’année 2022, mais surtout pour réfléchir à l’organisation future des collectes de produits, dont la reprise des glanages dans la région.
« C’est la première assemblée générale avec autant de monde invité », s’est réjoui Jean-Michel Hamel, président de l’association Solidarité des producteurs agricoles et des filières alimentaires (Solaal) Normandie, en préambule de la rencontre organisée lundi 3 juillet à Colombelles. Depuis sa création en 2013, sous l’impulsion de Jean-Michel Lemétayer, la structure fait le lien entre les agriculteurs et les associations d’aide alimentaire. Malgré un collectif soudé et des partenariats grandissants, « je pense que nous ne sommes pas suffisamment connus. On pourrait récupérer beaucoup plus de produits », déplore Jean-Michel Hamel qui entend relancer les glanages.
237 tonnes de denrées récoltées
Si le relais Normandie a dû conjuguer en 2022 avec l’absence d’une animatrice, les « chiffres sont positifs au niveau du volume », félicite Judith Meyer, responsable des dons, de l’animation des relais et de la communication de Solaal. Au total, 237 tonnes de produits ont été collectées en Normandie en 2022 – 169 333 kg en Seine-Maritime, 61 626 kg dans le Calvados, 4 823 kg dans l’Orne, 1 590 kg dans la Manche et 18 kg dans l’Eure. C’est 102 % de plus qu’en 2021. Ce qui porte l’action de Solaal Normandie, laquelle est gratuite, à 731 tonnes en dix ans, soit l’équivalent de 1,5 million de repas depuis sa création.
Le glanage comme vertu sociale
Pour parvenir à ces résultats, des actions de récoltes de dons de produits frais, ainsi que des glanages chez les producteurs, sont organisés tout au long de l’année. « Les premiers glanages ont été créés en Normandie, notamment avec les lycées agricoles. Ça permet de faire de la pédagogie sur le gaspillage alimentaire et la solidarité », appuie Jean-Michel Hamel. « Ce ne sont pas sur les glanages que nous faisons de gros volumes. Mais ça nous permet de tisser un lien avec les collèges, les lycées, les MFR, les associations d’aide alimentaire », confirme Jean-Christophe Rufin, président de Solaal Hauts-de-France et vice-président de Solaal France. C’est également l’occasion de « rappeler la différence entre le vol et le glanage », reconnaît Sylviane Pralus, présidente de la MSA Côtes Normandes.
Outre le glanage
« Les fruits et légumes sont plus donnés par commodité. Il n’y a pas de transformation. À partir du moment où ils sont de bonne qualité, c’est facile », remarque Jean-Michel Hamel. Le don de lait est également possible, « mais il faut que quelqu’un accepte de le mettre en brique. Parfois, ça coûte plus cher que la production en elle-même ». Pour la viande, « donner un animal tout entier, ça ne marche pas. Personnellement, chaque fois que j’envoie un animal à l’abattoir, je leur demande de retenir 0,5 % du prix pour le mettre dans une cagnotte. Quand il y en a assez, on fait une opération steak haché surgelé. » Dans les départements céréaliers, « les abandons de recettes » peuvent aussi fonctionner – cela consiste à renoncer à une part du gain final, afin d’en faire don.
Stéphane Travert, parrain de l’association normande
Aux côtés de Jean-Michel Hamel se tenait un invité de marque : Stéphane Travert, député, fraîchement proclamé « parrain officiel » de l’association. Afin d’accentuer leur popularité, les équipes de Solaal Normandie ont demandé à l’ancien ministre de l’Agriculture et de l’alimentation d’endosser ce rôle. « C’est un honneur et un vrai plaisir. C’est important de promouvoir ces actions de solidarité. J’essaierai d’être un digne ambassadeur », partage l’homme politique. « Ça peut nous aider à développer la reconnaissance de Solaal », assure en retour Jean-Michel Hamel, le président de la structure.