Sorgho grain : la tête d'assolement qui manquait.
1 300 hectares chez 130 adhérents NatUp. La culture du sorgho grain se fait une place dans l'assolement d'un territoire basé sur le triptyque blé/orge/colza.
Rendez-vous « bout de champ » jeudi 5 août dernier pour Thierry Maillet (agriculteur dans les Yvelines et administrateur NatUp), Frédéric Chopart (responsable région de la coopérative), Didier Renard (agronome) et Thibaut Lamiche (chargé de commercialisation) : 4 aficionados de la culture du sorgho. Dans ce coin d'Eure-et-Loir, mais aussi dans le sud de l'Eure, le sorgho prend racine à la vitesse grand V avec 1 300 ha cette année. Thierry a osé par hasard 1 ha en 2019, 6 ha 20 l'an dernier et une dizaine cette année.
Une bonne diversification
« Si certains territoires de la coopérative permettent assez facilement d'avoir un spectre large de productions, d'autres ont vu, au fil du temps, leurs assolements se réduire au triptyque blé/orge/colza. Cela n'est pas sans poser de problèmes quant à la résilience des exploitations, justifie-t-on du côté de NatUp. Elles sont largement exposées aux volatilités des marchés sur ces trois débouchés, mais aussi aux variabilités climatiques mettant parfois à mal les trois cultures en même temps. S'y ajoutent des problèmes de résistance aux mauvaises herbes par exemple ». D'où l'impérieuse nécessité de jouer la carte de la diversification de l'assolement. Encore faut-il trouver la culture idoine... Bonne pioche, semble-t-il, avec le sorgho. Les premiers essais ont été conduits avec la Chambre d'agriculture d'Ile-de-France, et des contrats de commercialisation ont été sécurisés en productions alimentation animale. Et ce n'est peut-être qu'un début... Reconnue culture à bas niveau d'intrant, le sorgho pourrait se faire une place au soleil dans le cadre de la nouvelle PAC ou bien encore dans les aires de captage d'eau.
Et pourquoi pas moi ?
Trois bonnes raisons pour se lancer.
Des atouts agronomiques
Sur le terrain de l'agronomie, la culture s'adapte bien au changement climatique : elle a de faibles besoins en intrants et tolère bien la sécheresse. Même si ses besoins en eau sont faibles, un stress hydrique au stade épiaison-floraison peut impacter le rendement. La culture du sorgho convient bien à des parcelles hétérogènes. Il faut juste veiller à désherber correctement, respecter une certaine densité, être attentif à la fertilisation et récolter au bon stade. C'est une culture plutôt facile qui permet d'étaler le travail ; il faut cependant attendre que les sols se réchauffent pour semer. Non seulement le sorgho consomme peu d'engrais azoté, mais en plus 40 % de l'azote mobilisé par la culture est restitué au sol sous forme organique, soit 60 à 80 kg d'azote intégrés dans l'humus du sol. Sa bonne résistance face aux maladies et prédateurs limite le recours aux phytosanitaires. L'espèce a une bonne résistance face aux conditions estivales sèches : une cire couvre ses tiges, ce qui lui permet de mieux résister aux stress hydriques. Sa pollinisation n'est pas perturbée par une sécheresse : peu de risques de stérilité en cas de forte chaleur. Il a la capacité d'attendre l'eau pour poursuivre son développement lorsque les conditions sont à nouveau réunies.
Un timing et des outils de récolte compatibles avec les céréales traditionnelles
La plante est relativement facile à récolter et ne nécessite pas d'équipements spécifiques. Le semis se fait vers mai-juin : les graines de sorgho se sèment à environ 3-4 cm de profondeur en espaçant les pieds de 40 cm et les rangs de 60 cm, l'objectif de peuplement étant de 150 000 à 180 000 plantes par hectare. Les graines se récoltent à l'automne lorsqu'elles sont dures, idéalement avant les gelées. Il faut ensuite les faire sécher et les décortiquer pour enlever le son.
Une rentabilité économique
En France, son rendement moyen se situe entre 50 à 60 quintaux/hectare. Sa rentabilité est proche de celle d'un maïs grain. Pour les adhérents de la coopérative, la rentabilité est sécurisée par un Cap Duo, mode de contractualisation phare de NatUp.