Aller au contenu principal

Très cher muguet.

Aujourd’hui, 1er mai, ton odeur subtile ne flotte pas sur les étals des fleuristes. Tu es à côté des paquets de cigarettes, d’une bonne bouteille ou d’une baguette tradition mais pas auprès des hortensias et autres roses qui sentent bon le printemps. Tu as été commandé en ligne et caché dans une camionnette pour ta livraison. Tu n’es pas cajolé mais pris à bout de doigt, enfin de gant. Très cher muguet, comme ce 1er mai est triste…

La vente du muguet par les grandes surfaces et les commerces dits « essentiels » est remis en cause par les fleuristes
La vente du muguet par les grandes surfaces et les commerces dits « essentiels » est remis en cause par les fleuristes
© PIXABAY

Un 1er mai surprenant. Les buralistes, cavistes et autres boulangers pourront vendre les petites clochettes blanches devant leurs pas-de-porte car ils font partie des commerces dits « essentiels » mais pas les fleuristes !

Les grandes surfaces pourront vendre des brins de muguet mais pas les fleuristes ! Ah si, en drive ou en livraison. Un véritable manque à gagner pour cette profession souffrant déjà de la fermeture des commerces depuis le 17 mars.

 

« INADMISSIBLE ET INCOMPRÉHENSIF »

Crise sanitaire du covid-19 oblige, un tas de décrets et d’interdictions ont fleuri ces dernières semaines. A l’approche du 1er mai, fête du travail et fête du muguet, il y a une interdiction qui a dû mal à passer : celle de garder les magasins de fleurs fermés. En effet, les fleuristes sont sous le coup du décret du 23 mars 2020 qui les autorisent à « exercer leur activité uniquement par livraison ou par retrait de commandes » et dans le respect de l’application des mesures barrières. « Les jardineries sont ouvertes mais pas nous », fustigent bon nombre de professionnels eurois. « Les chocolatiers ont eu le possibilité d’ouvrir à l’occasion des fêtes de Pâques. Nous, acteurs de la fleur, n’avons pas cette opportunité. C’est inadmissible. Incompréhensif », lance Sophie Amice-Lerebourg, présidente de la chambre syndicale des fleuristes de Normandie. La profession est « extrêmement en colère. Les commerces qui ont maintenu leurs activités pendant le confinement sont autorisés à vendre du muguet. Pourtant, cette vente appartient aux professionnels. D’autant plus que nous pouvons respecter les normes d’hygiène dans nos petits commerces ».

 

EN DRIVE OU EN LIVRAISON

Le système D s’organise dans l’Eure. La plupart des fleuristes propose les commandes via téléphone ou internet pour un retrait en drive ou une livraison à domicile. « Il a fallu s’adapter », notent plusieurs professionnels.« Je fonctionne beaucoup via les réseaux sociaux. Il y a 15 jours, j’ai, donc, lancé la vente de muguet sur ma page Facebook. Cela a très bien fonctionné mais ce n’est pas un 1er mai comme les autres »,soupire Aurélie Bouillault de L’atelier d’Aurélie, à Verneuilsur-Avre. Son chiffre d’affaires sur la journée chute de 50 % environ. « En une demi-journée, je réalise, d’habitude, un quart de mon chiffre d’affaires mensuel », enchérit Charlotte Vicaire des Fleurs de Charlotte, à Conches-en-Ouche. Depuis quelques jours, les artisans interrogés essaient de se réapprovisionner. En vain. « Le marché a été ouvert à tous. Les grandes surfaces ont procédé à de fortes commandes. Nous sommes, ainsi, bloqués pour en racheter. Pourtant, nous avions la demande », analyse Aurélie Bouillault. « Nous avons l’impression d’être oublié », note Charlotte Vicaire.

 

UN PEU DE SOLIDARITÉ

Certains commerçants voisins des fleuristes proposent de vendre ce « porte-bonheur ».« Nous organisons des dépôts chez des collègues qui souhaitent nous aider », rapporte Anne-Elise Heulin des Bouquets d’Anne-Elise à Bernay. « Entre commerçants, on se soutient. Ils vendent pour nous car nous ne pouvons pas nous installer devant notre devanture. Cependant, ce n’est pas normal qu’un buraliste, un boulanger ou autre puisse, cette année, acheter du muguet pour le revendre. Chacun son métier ! », ajoute Aurélie Bouillault.« Nous avons un savoir-faire. Nous ne jouons pas sur la quantité mais sur la qualité. Nous sommes des créateurs. Nos 10 doigts sont notre outil de travail », conclut Sophie Amice-Lerebourg. Cher muguet, cette année aura été difficile, même les vendeurs à la sauvette sont restés confinés.

Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout l'Eure Agricole.

Les plus lus

Il nous a quittés

Notre confrère FRANÇOIS CARBONELL, ancien rédacteur en chef et directeur délégué de l'Eure Agricole de 1989 à 2020, nous a…

Dicotylédones émergentes sur pois d'hiver.
Stratégie de désherbage des protéagineux d'hiver.
A l'approche des semis des pois et féveroles d'hiver, la préparation de sa stratégie de désherbage doit se réfléchir en…
Plus de 80 intersections sur la D 613 entre Évreux et Lisieux. Des lieux hautement accidentogènes que le Département sécurise depuis 2021 par des mesures autres que la limitation de vitesse à 90 km/h.
Le 27 repasse au 90 sur 4 197 km de routes.
Après avoir décéléré, le Département rétropédale en repassant les quelques 4 200 km de routes départementales aux 90 km/h au lieu…
Toujours moins de bovins en Normandie.
L'observatoire annuel 2023 de l'élevage bovin en Normandie vient de paraître. 
Dès l'été 2025, Enedis facturera des frais de relève aux foyers non équipés d'un compteur connecté Linky.
Les résistants au compteur Linky.
Refuser l'installation d'un compteur Linky n'est pas illégale mais devient désormais un choix couteux.
Police environnementale
Loi de 2019 sur l'OFB : entre critiques et recommandations.
À la suite des récentes mobilisations agricoles, la commission de l'aménagement du territoire et du développement durable du…
Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 175€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site l'Eure Agricole
Consultez le journal l'Eure Agricole au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters du journal de l'Eure Agricole