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Un ambassadeur de la ruralité nous a quittés trop tôt.

Maire de Vitrai-sous-L'Aigle (61) et rédacteur en chef de l'Eure Agricole de 1989 à 2020, François Carbonell nous a quittés le 4 novembre à 66 ans. C'est un ambassadeur de la ruralité et de sa principale composante, l'agriculture, que pleure aujourd'hui la campagne normande. Dans la presse locale et rurale, c'est un ami que nous perdons mais dont nous garderons un souvenir empreint d'amour et d'humour.

"Je suis né dans une exploitation ; j'ai toujours été bercé dans l'ambiance agricole avec ses difficultés, ses espoirs. Je rappelle souvent, autour de la table du conseil municipal, que ce métier est beau et qu'il faut le soutenir. À Vitrai-sous-L'Aigle, il reste six exploitations. Je suis heureux qu'une nouvelle génération d'agriculteurs ait pris la relève. Ils sont performants et travaillent avec intelligence. Cela ne suffit malheureusement pas à rassurer la population néo-rurale, pour qui l'écologie est une priorité. Mais quelle écologie ? Celle des réseaux sociaux, qui véhicule parfois n'importe quoi ? Je crois que nous avons tous une responsabilité sur ce qui arrive aujourd'hui en matière d'environnement. Fustiger les seuls agriculteurs est simpliste et destructeur. Par contre, je regrette que la profession agricole, dans son ensemble, n'ait pas su anticiper cette évolution. C'était pourtant à elle de le faire."

Des propos rapportés dans ces mêmes colonnes en février 2020. Défenseur de l'agriculture et de la ruralité, François Carbonell n'avait pas sa langue dans la poche. Il ne maniait pas non plus, bien qu'un brin politicien, la langue de bois. "Ses prises de position, fermes mais pesées, traduisaient une profonde conviction que nous partagions : la France de demain sera celle des territoires, grâce à tous leurs élus", confirme Christophe de Balorre (président du Conseil départemental de l'Orne). François a été maire de sa commune pendant cinq mandats, vice-président de la CDC des Pays de l'Aigle et président de l'association des maires ruraux de l'Orne. Philippe Van-Hoorne (président de l'Association des Maires de l'Orne et des Intercommunalités) enchaîne : "c'est toujours avec la même détermination que François Carbonell portait la voix de ses collègues et amis, dénonçant souvent, et à juste titre, le décalage grandissant entre les beaux discours, venus d'en haut, et les décisions ruralicides, durement subies en bas ! Nous garderons de lui le souvenir d'un maire présent, toujours prêt à affronter de nouveaux challenges, à relever les défis les plus singuliers, avec une liberté de parole et d'action qui ne laissait personne indifférent."

droit et à l'aise dans ses bottes

"D'abord l'humain voire le social," se rappelle Régis Chopin avant de révéler quelques confidences. Régis Chopin se souvient d'abord de François pour son sens du contact humain et sa connaissance du terrain, qui l'ont bien aidé lorsqu'il a pris la présidence de la FDSEA de l'Eure en 2010. Grâce à son talent de communicant, François était apprécié de tous, du secteur coopératif aux banques et aux organismes professionnels agricoles.

Empathique, mais parfois provocateur, il montrait son attachement à ses valeurs, comme le jour où il a fredonné L'Internationale dans les locaux de la FDSEA car nous venions de nous prononcer en faveur de Xavier Beulin dans sa quête de président de la FNSEA contre Dominique Barreau. Lors d'un conseil d'administration du Groupe Réussir, il avait même défié l'avis général en s'opposant à une politique de couplage d'abonnements toujours dans l'objectif de défendre la presse agricole.

De belles années à l'Eure agricole, au sein d'une petite équipe efficace aux côtés d'Émilie et Laetitia... Un trio de choc, uni par l'entraide et toujours guidé par la bienveillance de François. Il tenait profondément à son journal et avait souhaité ajouter au nom "L'Eure Agricole" le mot "Rurale", pour affirmer ses racines et la mission d'un véritable hebdomadaire local.

Mais je retiendrai de cet ami un homme droit et à l'aise dans ses bottes. Lui ayant succédé au poste de rédacteur en chef de l'Eure Agricole, j'ai mesuré à quel point il avait labouré le terrain de la proximité. Rares sont les administratifs ou élus d'OPA, rares sont les agricultrices ou agriculteurs qui ne me rappellent pas à son bon souvenir à l'occasion d'un reportage ou d'une interview.

Je finirai par son sens de la convivialité partagée. Rigueur au travail mais le droit à la troisième mi-temps quand l'œuvre était accomplie. Mais là, on ne peut pas tout raconter surtout de nos soirées parisiennes à l'occasion du SIA (Salon International de l'Agriculture) pour lequel nous assurions la rédaction et le montage du quotidien. Merci pour tout notre ami François.

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