Une nouvelle forme de propriété foncière.
Le Syndicat de la Propriété Privée de l'Eure organisait, le 9 avril dernier, une conférence-débat autour du thème "une agriculture sans agriculteurs". En grand témoin, Bertrand Hervieu pour qui on assiste "à une nouvelle forme de la propriété foncière. Il faut sécuriser les formes sociétaires", plaide-t-il.
D Avant d'entrer dans le vif du sujet, Damien Hyest (président du Syndicat de la Propriété Privée de l'Eure) a balayé l'actualité immédiate. Au menu notamment, le PLOA (Pacte et loi d'orientation et d'avenir agricoles), "un projet bien loin de ce que l'on pouvait attendre, rien pour les propriétaires", déplore-t-il. Autre sujet d'inquiétude : le schéma directeur régional qui est en révision et qui va définir les règles de la CDOA (Commission Départementale d'Orientation de l'Agriculture) dans les cinq départements normands. "Quatre représentants des agriculteurs face à six représentants de l'administration qui décident des règles. On se bat pour que le propriétaire ait son mot à dire", assure Damien Hyest. Il a également invité les propriétaires eurois à s'inscrire au congrès de la FNPPR (Fédération Nationale de la Propriété Privée Rurale) qui se tiendra le 14 mai prochain. Au menu de ces travaux, trois tables rondes. "Innover pour valoriser son actif" avec notamment Jean-Charles Lavigne Delville (vice-président de France Agrivoltaïsme), "statut du fermage, vers un nouvel équilibre" avec la participation de Jean Terlier (député, auteur d'une proposition de loi sur l'évolution du statut du fermage), "écologie, anticiper ou subir" avec Constance Bouquet (directrice adjointe de la Fédération nationale des Chasseurs).
Révolution sociale et démographique
La parole a ensuite été donnée à Bertrand Hervieu (ancien sociologue au CNRS et président de l'Inrae pendant 4 ans). Un habitué du ministère de l'Agriculture et spécialiste de la coopération avec les pays du pourtour de la Méditerranée et auteur, avec François Purseigle de "Une agriculture sans agriculteurs" paru aux Presses de Sciences PO (lire ci-dessous). "Comprendre comment se recompose la place de l'agriculture dans la société française", a-t-il proposé et d'insister "sur une nouvelle révolution culturelle, sociale et démographique". Côté démographie, 1/4 des chefs d'exploitations ont plus de 60 ans et les 2/3 n'ont pas de repreneur désigné. Alors qui reprendra le flambeau ? En partie des sociétés, des employeurs qui ne seront pas agriculteurs. "On connaissait la délégation de travaux intégrale en grandes cultures. Aujourd'hui, le monde des productions animales est aussi concerné à hauteur de 7 %. En certains endroits du Limousin, on délègue la période d'agnelage". Il existe donc un pôle émergent d'une agriculture de firme à côté du modèle familiale. Les propriétaires doivent rester sur leur garde.