10 MEUR alloués à la bio : une aide d'urgence insuffisante confiée aux régions.
Après des années de croissance, les producteurs bio voient une chute inédite de la vente de leurs produits. Faute de débouchés, des magasins spécialisés ferment et des producteurs se dirigent en masse vers la déconversion.
En réponse à la crise que traverse l'ensemble des filières bio, le ministère a annoncé le déploiement d'un fonds d'urgence doté de 10 millions d'euros, destiné aux exploitations en AB « en graves difficultés économiques et en risque de déconversion ».
La FNSEA juge cette réponse insuffisante face à l'ampleur de cette crise et des chiffres annoncés par les filières, et a rappelé sa position en appelant à un budget adapté au besoin des acteurs de la filière bio.
Ce fonds est actuellement mis en place par les préfets de région. Ainsi des concertations doivent être organisées avec les OPA dans les régions. Une note de cadrage a été envoyée aux préfets de régions et de départements. Des critères d'éligibilité ont été définis, avec un ciblage confié aux Préfets selon des critères de priorisation. D'éventuels critères supplémentaires peuvent être définis localement lors de ces consultations régionales.
Cette aide sera ainsi répartie par région, soit environ 578 kEUR pour la Normandie, en fonction du nombre d'exploitations bio et du nombre d'élevages. Pour être éligibles, les fermes devront par ailleurs être certifiées bio au titre de 2023, tirer 80 % de leurs recettes du mode de production bio, et ne pas recevoir d'aides à la conversion sur plus de 10 % de leur SAU, sauf si elle a pour but un agrandissement ou une conversion non simultanée visant à atteindre 100 % bio et concernant moins de 50 % de la SAU.
La FNSEA rappelle que cette aide n'est pas à la hauteur de la crise traversée par les 60 000 fermes engagées en bio (Focus en chiffres ci-dessous). Un courrier a récemment été envoyé au ministre de l'Agriculture pour demander la mise en place d'une aide complémentaire pour soutenir les producteurs bio.
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Pertes par filières
Filière bovine :
70 millions EUR estimé en 2022 et risque de pertes encore plus élevées en 2023 avec la forte baisse des abattages.
Filière fruits et légumes
o Déclassement en 2021 : 11,1 %
o Pertes pour la filière estimées à 62 millions EUR en 2021
o Focus pomme : pertes estimées entre 19 millions et 32 millions EUR selon les scénarios en 2021
Filière grandes cultures
Doublement des stocks entre 2021 et 2022 et gros volumes attendus en 2023 à la suite des conversions 2021 et 2022
Filière laitière
o Déclassement en 2022 : 40 %
o Pertes pour la filière : 59 millions EUR en 2022 et 71 millions EUR attendus pour 2023
o Perte moyenne/exploitation en 2022 : 10 000 EUR
Filière oeufs
o Déconversion : 10 %
o Baisse des mises en place de 6 %
Filière porcine
o 30 à 40 % de la production est sans débouchés
o Coût du déclassement estimé à 180 EUR/porc
o Perte pour la filière : 30 millions EUR/an
Filière volaille de chair
o Surproduction estimée entre 25 et 30 %
o Baisse des mises en place de 25 %